Mais dans le nombre de fois qu’elle le dit, dis-je souvent.
J’ai une variante : la force d’une femme n’est pas dans ce qu’elle dit, mais le nombre de fois qu’elle s’est contredite.
Sans vouloir entrer dans des considérations ségrégationnistes féminin/masculin, je dirais qu’un certain nombre de personnes appartenant au genre féminin ont tendance à changer souvent d’avis, d’attitude. Mais pas n’importe lesquelles. Ce phénomène auprès des femmes appartenant à la catégorie « Maman et plus si affinités ».
Voici donc un cas réel (toute ressemblance avec une personne réelle est volontaire). Mes tigresses et moi vivons entre filles. Des fois, quand on se fait une soirée dessin animé-pyjama-crakers (bio hein)-glaces, on SURKIFFE.
Mais parfois, la garde alternée avec moi-même, ça craint. Comme lorsque je dois les réveiller le matin. Qu’elles ne veulent pas s’endormir le soir et que tu ne peux dire à personne « tu peux y aller s’il te plaît? ». Tu peux essayer, mais quand tu vois que personne ne répond, c’est probablement qu’il n’y'a personne.
Donc je passe ma vie à me contredire avec moi-même, ou probablement, plusieurs moi ou aspects de moi-même. « J’ai de la chance de les embrasser tous les matins ». Sentiment de joie, de bonheur, de plénitude.
Passées les premières minutes câlines (ils ont toujours 4 minutes le matin avant de reprendre leurs réflexes, ces minutes sont précieuses, savoure…), les enfants se rebellent, s’énervent, s’agitent, désobéissent.
Après avoir annoncé 7 fois qu’il fallait se lever, puis 8 fois qu’il fallait faire sa toilette, 5 fois d’enfiler ses vêtements, nettoyé (ou pas) 1 verre de lait renversé, 2 caca nerveux (ou pas) pour la température du pain et le refus des céréales, je perds patience.
Extrait d’un dialogue interne : « Et la cuiller que j’ai en main, je la balance tout droit sur toi ou quoi? » agressivité, envie de violence injustifiée. « Mais t’es pas bien ou quoi? tu t’es crue dans Tom & Jerry peut-être? ». Auto-engueulade, raison.
« Vivement les vacances chez votre père….que je respire et ne vous entende plus!!! pitié!!! » pense-t-elle tout bas, mais très fort. Colère, lassitude.
Là, mes tigresses d’amour, en général, comprennent que ça sent le roussi, et m’assènent le coup fatal : les yeux de cocker. Le sentiment bascule à nouveau « Mes petits chatons, comme je les aime…quelle injustice…. »Amour, Amour, Compassion.
2 grands moments de solitude plus tard (manteaux non adéquats à l’humeur du jour et fixette sur des ballerines par temps de tempête) , Maman re-bascule du côté (clair ou obscur?) du ras-le-bol manifeste. Moi, Moche (les cheveux hérissés, les yeux globuleux et sortis de leurs orbites) et Méchante (JE M’EN FOUS DE TES PIEDS! ».
« je filerais bien sa garde à son père tiens » Impitoyable moi-Réfutation-Fatigue-Défaitisme
« Reprends-toi ma vieille, t’es tombée sur la tête ou quoi? » Auto-flagellation, culpabilité
« Allez, une semaine ne fera de mal à personne, tu vas bien en profiter! » Auto-assurance, goût de la vie, insoutenable légèreté de l’être.
« Maintenant qu’elles sont parties, la maison est si calme…trop rangée…trop propre…obligée de mettre le brol partout pour créer la vie » Amour, solitude, vide.
« Je surkiffe le bisou-rouge à lèvres-marque de lèvres sur la joue de ma tigresse avant l’école. » Moi, Maquillée et Mordue de mes filles.
Il parait que ce phénomène, aussi surprenant que courant, a tendance à s’estomper avec le temps et théoriquement à décroitre proportionnellement avec l’assagissement des enfants. Comme le second phénomène n’a été que très rarement observé, considéré comme une légende urbaine, je table plus sur une extinction naturelle de ce sentiment au cours du temps.
ça va aller. Dis-toi que tu as quelques années de dialogues intérieurs et de vacarme à l’intérieur de toi. Et après? Après tu t’habitueras au bruit…