Le Mont Saint Michel : Normand ou Breton?

Publié le 30 octobre 2013 par Leprocrastinateur @Le_procrastin

S’il y a bien un truc qui divise les bretons et les normands depuis des siècles et des siècles (sans parler du cidre, du kir normand/breton et de l’Alsace/Lorraine), c’est bien la question de l’appartenance du Mont Saint Michel.

3, 2, 1 … FIGHT!

Pour répondre à cette question qui déchaine les passions et les débats plus stériles les uns que les autres (oui oui, toi qui me lit là, cherche pas, t’auras tors), cet article a pour ambition de mettre tout le monde d’accord: le mont Saint Michel est NORMAND. Je sais que tu auras tors parce que si tu es Normand, tu n’auras eu aucun doutes là dessus et tu n’auras donc pas essayé de rechercher si le Mont Saint Michel était Normand ou Breton…

Ça, c’est bien un truc qu’on est d’accord avec les Bretons

Bon je sais, là tu vas me dire que c’est un peu facile de balancer ça comme ça, même si t’es Normand de base avec quelques doutes concernant l’appartenance de ton cher cailloux à ta fière patrie régionale, et que ça manque d’arguments. Très bien, je te prend aux mots et aux lèvres, et je te fais un mic mac de ce qu’est vraiment le Mont Saint Michel : un cailloux NORMAND que les Bretons nous veulent: c’est pas la première fois que ça arrive, on voit bien que ces charognards voudraient aussi nous prendre le cidre et le camembert, et comme ils ont réussi à mettre le doute mondial concernant l’origine de cette beuv – heu – boisson, peut être que ça marcherait aussi avec d’autres trucs. Un jour, un breton dira « la Normandie, c’est Breton » et tout le monde le croira aussi. Ce jour, ça sera la GUERRE!

Au pire, dites vous que le Mont Saint Michel est bien français, et que les Allemands ne pourront pas nous revendiquer!

Bon, fini de plaisanter, l’Histoire avec un grand H dira si oui ou non le Mont Saint Michel est Normand ou pas.

Le mont saint Michel est construit en 709 sur un rocher qu’on appelle à l’époque « le mont Tombe » qui pour l’époque voulait dire « haut dans le ciel, surélevé ». A cette époque, le Mont Saint Michel est donc construit en l’honneur de Saint Michel, saint protecteur désigné par Charlemagne lui même : ainsi deviendra le futur monument le plus visité au monde. Et dès 709, aucun doute possible sur l’appartenance Normande : le Mont Saint Michel était rattaché au diocèse Avranchin, zone géographique d’origine féodale situé à l’Est du Mont Saint Michel dont la ville principale est Avranche, et qui deviendra le territoire de Normandie lors du découpage régional en 1789.

Première conclusion : dès l’origine, le Mont Tombe puis le Mont Saint Michel à partir de 709 est désigné comme Avranchin, territoire qui deviendra la Normandie lors du découpage des régions en 1789.

L’Avranchin, en actuelle Normandie.

Enculé de bâtard de chauve.

Et puis un jour, il eut le traité de Compiègne de 867 : le Roi de France Charles le Chauve concède l’Avranchin et le Cotentin (territoire situé au dessus de l’Avranchin, dont la ville principale actuelle est Cherbourg) au Roi Salomon de Bretagne. C’est en effet à partir de là que le Mont Saint Michel pourrait avoir eu une note bretonne, MAIS, et oui il y a un MAIS, le diocèse d’Avranchin à qui appartient le Mont Saint Michel, ainsi que le diocèse du Cotentin, restent attachés à l’Archidiocèse de Rouen, capitale régionale de l’actuelle Normandie.

Deuxième conclusion : l’Avranchin est « donnée » si ce n’est « extorquée » par le Roi de Bretagne qui n’était même pas Français par notre adoré Charles le Chauve, ce traitre à la pilosité manquante. De ce fait, le Mont Saint Michel est géographiquement situé dans le Royaume de Bretagne, mais l’appartenance religieuse reste néanmoins en Avranchin et plus précisément à Rouen.

En 933, Guillaume Ier de Normandie, récupéra de droit l’Avranchin et le Cotentin au Royaume Breton, et la frontière de l’époque était située à Sélune, petit fleuve situé à l’Est du Mont Saint Michel. Le Mont Saint Michel reste à cette époque dans le Royaume Breton. Des années plus tard en 1009, la frontière entre l’actuelle Bretagne et l’actuelle Normandie (qui je vous le rappelle n’existent pas avant 1789) est déplacée au Couesnon, fleuve dont l’embouchure marque la présence du Mont Saint Michel. A l’époque, l’irrégularité du Couesnon déversait tantôt à l’Est du Mont, tantôt à l’Ouest, et provoquait l’actuelle question que les Bretons se posent : « Lusket eo ar raktres camembert troer emgefre gant Ofis ar Brezhoneg gant sikour Skol-veur Alacantha Prompsit Emañ e-barzh ar raktres Apertium Mont Saint Michel en deus diazezet ur savenn kuit a cidre et calvados wirioù evit reiñ lañs d’an treiñ emgefre etre yezhoù div-ha-div? » ou littéralement en français donnerait : « c’est à nous ou c’est à eux? Toujours est-il que le Couesnon est alors canalisé, à l’Ouest du Mont Saint Michel : géographiquement, le MontSaint Michel est Normand (en plus de l’être Historiquement).

Troisième conclusion : y’a un Guillaume Ier de Normandie qui arrive, qui reprend sa terre d’origine, dont l’Avranchin. Il fait déplacer la frontière au Couesnon, fleuve dont l’embouchure marque le Mont Saint Michel. Comme la frontière entre la Normandie et la Bretagne est régie par ce fleuve qui change sans arrêt de position, le fleuve est canalisé à l’Ouest du Mont Saint Michel, le rendant définitivement Normand.

Salomon de Bretagne, je te conchie sur la tête aussi!

Et lors du découpage des régions, la frontière Normandie / Bretagne n’est plus liée à ce cours d’eau mais devient une frontière typologique fixe : la frontière entre la Bretagne et la Normandie est située à 4km à l’Ouest du fleuve Couesnon, rendant impossible le changement de région du Mont Saint Michel. Ce qui était décidé à l’époque de façon arbitraire (la canalisation du Couesnon à l’ouest du Mont Saint Michel, même si je pense, avait été fait ainsi parce c’était la position la plus naturelle et durable du Couesnon) est maintenant complètement appuyée par l’actuelle frontière décidée 4km plus loin. Le Mont Saint Michel est définitivement Normand.

Quatrième conclusion : la frontière, choisie plutôt arbitrairement à l’époque, marque en fait le début de l’ère Normande sur le Mont Saint Michel et le découpage régional de 1789 fortifie ce fait par la décision d’une frontière typographique (et non géographique) située 4km à l’Ouest de ce fleuve.

Passons maintenant à l’étape finale de cet argumentaire historique basé sur des faits réels et non sur ma capacité infinie à haïr les bretons* qui cherchent systématiquement à nous voler nos ressources. Voici un rappel des différentes conclusions d’un point de vue chronologique pour restituer l’Histoire de l’appartenance du Mont Saint Michel.

Première conclusion : dès l’origine, le Mont Tombe puis le Mont Saint Michel à partir de 709 est désigné comme Avranchin, territoire qui deviendra la Normandie lors du découpage des régions en 1789.

Deuxième conclusion : l’Avranchin est « donnée » si ce n’est « extorquée » par le Roi de Bretagne qui n’était même pas Français par notre adoré Charles le Chauve, ce traitre à la pilosité manquante. De ce fait, le Mont Saint Michel est géographiquement situé dans le Royaume de Bretagne, mais l’appartenance religieuse reste néanmoins en Avranchin et plus précisément à Rouen.

Troisième conclusion : y’a un Guillaume Ier de Normandie qui arrive, qui reprend sa terre d’origine, dont l’Avranchin. Il fait déplacer la frontière au Couesnon, fleuve dont l’embouchure marque le Mont Saint Michel. Comme la frontière entre la Normandie et la Bretagne est régie par ce fleuve qui change sans arrêt de position, le fleuve est canalisé à l’Ouest du Mont Saint Michel, le rendant définitivement Normand.

Quatrième conclusion : la frontière, choisie plutôt arbitrairement à l’époque, marque en fait le début de l’ère Normande sur le Mont Saint Michel et le découpage régional de 1789 fortifie ce fait par la décision d’une frontière typographique (et non géographique) située 4km à l’Ouest de ce fleuve.

Conclusion générale: le Mont Saint Michel construit en 709 est attribué historiquement à l’Avranchin, territoire futur de Normandie. Le diocèse gérant le lieu est attaché à l’archidiocèse de Rouen pendant un millier d’année. L’Avranchin donnée au Roi de Bretagne est reprit par Guillaume Ier de Normandie. La frontière naturelle décide de l’emplacement du Mont Saint Michel, conforté par l’actuelle découpage des régions. Le Mont Saint Michel est historiquement et géographiquement un lieu Normand, n’en déplaisent aux Bretons.

Et de vous a moi : dit-on que l’Alsace Lorraine sont des territoires Allemandes parce que les Allemands sont venus nous les prendre pendant quelques années? C’est pas Nimra qui irait me contredire.

Et pour aller encore plus loin, voici un extrait de Wikipedia, relatant une possible « légende » concernant la divagation du fleuve, qui aurait toujours été en fait à l’Ouest du Mont Saint Michel sans jamais passer à l’Est. Mais bon, je suis joueur et j’ai quand même essayé de vous justifier, sales bretons.

Quoi qu’il en soit, le mont Saint-Michel aura été breton de 867 à 1009 (ou dans le cas où la légende du basculement du Couesnon serait exacte, de 867 aux environs de 1050) de manière politique, sans jamais avoir été intégrée à l’archidiocèse de Dol, de même, la fondation d’un collège de chanoine par l’évêque d’Avranches dès le VIIe siècle, le choix de saint Michel comme saint protecteur de l’empire par Charlemagne, puis les donations de Rollon pour restaurer la collégiale et enfin sa conversion en abbaye bénédictine au XIe siècle par une communauté de moines issue des abbaye de Saint-Wandrille, de Jumièges et de Saint-Taurin d’Évreux, toutes situées en Normandie, indiquent clairement l’appartenance permanente du Mont à la sphère d’influence de l’église franque puis normande, distinctes de l’église bretonne, ce qui rend la question de la localisation géographique exacte plutôt secondaire. La limite officielle entre la Bretagne et la Normandie est désormais fixée indépendamment de la localisation d’un cours d’eau – et précisément à 4 km à l’ouest, au pied du massif de Saint-Broladre. Il n’est donc plus possible pour le Mont de changer de région administrative, ni de département.

Il faut noter que l’hypothèse d’une divagation importante du Couesnon est parfaitement cohérente et vraisemblable, tant les lits des cours d’eau pouvaient varier, en l’absence de toute canalisation. En revanche, aucun texte n’atteste qu’il ait basculé d’un côté du mont Saint-Michel à l’autre.

* En fait, j’adore les bretons. Je suis mi-Normand, mi-Breton et j’aime tout ce qu’ils font. Comme les cochons. Tout est bon dans l’breton.

Bakenji (290 Posts)

Je suis un rédacteur et administrateur à mi-temps pour le procrastinateur: j'ai décidé de vous offrir un article chaque mercredi entre 18h et 20h. Le reste de mon mi-temps est consacré à mes études dans les neurosciences et la recherche de thérapies révolutionnaires anti-cancéreuses. Moi, je procrastine surtout quand il s'agit d'aller dormir!