D'elle, j'avais jusqu'à présent lu deux ouvrages, "A présent", le récit touchant et sincère de la mort de son compagnon, père de son fils, (décédé soudainement dans un accident de moto) et surtout son recueil de nouvelles, "L'amour est très surestimé", en 2007, qui m'avait beaucoup charmé. Dans ses onze nouvelles, l'auteur nous racontait l’amour qui finit de toutes les manières : dans le déni, dans l’indifférence, dans la violence, dans l’abandon, dans la mort, l''écriture de Brigitte Giraud frappait par sa délicatesse et sa pudeur.
Bref, j'avais très envie de retrouver la plume de cette si sensible auteur, et ce que j'ai pu faire grâce à deux éditeurs, J'ai lu et Stock pour les deux chroniques suivantes :
Même si j'ai donc quelques réserves à formuler sur son précédent roman, il y a une chose qu'on ne peut que louer chez cette romancière, c'est sa capacité à se renouveler, et sur la forme et sur le fond, et à tenter des projets pour le moins audacieux et aventureux sur le papier.
Témoin sa dernière oeuvre en date, "Avoir un corps", qui est sortie pour cette rentrée littéraire 2013 et qui n'est ni vraiment un essai, ni vraiment un roman, mais un récit né de rencontres avec la chorégraphe Bernadette Gaillard un récit vu le prisme de l'évolution d'un corps de femmes, sur une vie de sa naissance jusqu'à maintenant ( lorsqu'elle a la quarantaine, après une maternité)
Les rapports que l'on entretient avec son enveloppe charnelle, Brigitte Giraud nous en parle dans son touchant dernier livre autobiographique, puisqu'elle part de sa propre histoire qui arrive à devenir universel, grâce à l'écriture de Giraud, sensible et sèche à la fois.
La belle idée de départ est ici exploitée de bien belle façon, et jusqu'au bout du récit.
La romancière lyonnaise arrive à nous narrer toute une vie de femme (un peu comme le faisait d'une autre façon, Sylvie germain, dans son dernier roman) sauf que là, la vie de cette femme est aussi celle de l'auteur et qu'on reste sous la sphère de l'intime, et jamais de l'extérieur. Par le biais de courts paragraphes décrivant toutes les sensations diverses que traverse le corps au fil du temps, on vit à travers cette femme qui va traverser des épreuves, et à chaque fois les traduire par des émotions corporelles.
" Avoir un corps" nous raconte donc une enfance, la naissance du frère, les jeux, les premiers cycles menstruels, les premiers émois amoureux, et l'envie d'enfanter contre lequel on lutte d'abord puis se soumet plus ou moins délibèrement. Rarement on nous avait montré ce que c'était d'avoir un corps d'enfant, qui se mue progressivement pour devenir celui d'une femme puis d'une mère, en gardant toujours la conscience des différentes transformations de celui ci.
Un projet littéraire original et parfaitement maitrisé qui démontre que ma seconde rencontre d'afilée avec l'univers de Brigitte Giraud m'a plus convaincu que la prémière..