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Sauvons le musée d'Ennery !

Publié le 27 octobre 2013 par Delanopolis
Au 59 de l'avenue Foch, Paris possède, dans l'indifférence et même l'ignorance quasi-générales, un musée unique au monde qui abrite une collection exceptionnelle d'objets d'art asiatique. Comme il s'agit en grande partie de pièces des dix-huit et dix-neuvième siècles figurant des chimères, monstres, personnages de légende et autres bizarreries du règne animal et que cet art a été longtemps méprisé sous le nom de "chinoiseries", ce musée a été négligé au point qu'il fut fermé de 1998 à 2012. Quand je le visitai pour la première fois, en 1992, l'eau ruisselait du plafond et tombait sur les merveilleuses vitrines de Gabriel Viardot, grand maître du style dit japonisant. Une restauration de sauvetage a permis récemment la réouverture des galeries d'exposition. Mais le bâtiment en lui-même reste très dégradé. Les visites sont guidées, ne durent qu'une heure et se font uniquement sur rendez-vous, deux fois par semaine. On ne peut acheter les billets que par téléphone ou à la Fnac et au musée Guimet. Au guichet de ce dernier, les employés ne savent pas trop bien vous les vendre. Résultat : il n'y a presque pas de visiteurs et les conférenciers craignent que l'ouverture au public soit à nouveau supprimée. Sauvons le musée d'Ennery ! Pourtant, ces fameuses "chinoiseries" recèlent des trésors incroyables. Une collection de netsukés - sans doute la plus belle hors du Japon, des merveilles de l'art chinois, des pièces rarissimes comme un poisson en verre unique en son genre. Des amateurs et érudits nippons font le voyage de France uniquement pour admirer ces collections constituées par une cocotte du 19ème siècle, Clémence d'Ennery, qui engloutit une part de la fortune considérable de son mari, dramaturge à la mode, dans des achats compulsifs.

Mais elle avait l'oeil, ne se souciait en aucune manière des goûts officiels et des conventions et accumula 7 000 pièces dont la plupart sont dignes d'intérêt. Laques, jades, buis, ivoires, toutes les matières se prêtaient à la virtuosité des sculpteurs orientaux.

Depuis une dizaine d'années, sous l'impulsion d'une nouvelle génération de collectionneurs asiatiques, le regard a changé : l'intérêt majeur de cet ensemble est de nouveau perçu, sa valeur patrimoniale est considérable.

De plus, le décor des galeries est époustouflant. Clémence d'Ennery commanda toutes les vitrines et meubles d'exposition à Gabriel Viardot, l'auteur du fameux bureau de Clémenceau, ébéniste de génie. Les tentures de velours de soie, restaurées, valent à elles seules le déplacement.

Bref, réservez vos billets, dites le autour de vous, il faut absolument qu'un regain d'affluence empêche ce lieu magique de retomber dans l'oubli dont il peine à sortir.

Pour y aller, réservez au 01 56 52 53 45.

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