C’est une question que l’on ne pose pas au voyageur. A part pour quelques irréductibles, la métropole est une évidence, une valeur sûre. On la fantasme. On en a des images et des symboles plein la tête : l’Empire State Building, la Statue de la Liberté, Central Park, Times Square, Harlem, le Pont de Brooklyn, les taxis jaunes… New York, c’est bien ça mais, à la limite, on s’en fout car c’est tellement plus. Ces incontournables ne lui rendent pas hommage.
New York est la ville la plus énergique, créative, audacieuse, insatiable et paradoxale qui soit. Aucun cliché ne lui résiste. D’un quartier à l’autre, d’une tribu à l’autre, on expérimente tout et son contraire. Si Manhattan s’est embourgeoisée et assagie, le bouillon créatif et subversif a traversé l’East River pour Brooklyn. Si la ville s’apparente à une jungle où la loi du marché domine, elle refuse les préjugés, laisse confiant et libre. Monstre urbain, Big Apple n’en est pas moins humaine avec des vies de quartier, une intimité et une entraide que l’on ne trouve difficilement dans une Amérique qui enferme dans des voitures, des banlieues et des centres commerciaux.
Seule certitude : New York avance à un rythme indécent, brûle les étapes et brasse toujours plus d’immigrés. La vie y est plus stimulante qu’ailleurs, parfois plus grisante. On vient s’y réinventer, réaliser ses rêves et écrire sa propre légende. Pour le voyageur, elle n’en finit pas d’être le terrain des modes de demain et une mosaïque culturelle passionnante.
Elle a pour religion la réussite professionnelle et financière. Elle a pour symbole le fruit du péché originel. Capitale du monde, en tout cas point de départ ou passage obligé, New York s’offre généreusement et laisse une impression indélébile : celle que tout est encore possible.