Beaucoup d'hommes semblent très occupés à tenter de définir leur place dans le féminisme. C'est pour moi un phénomène assez curieux que de voir des hommes, qui ont déjà une place immense dans la société, venir encore en réclamer une dans le féminisme, perdre du temps à débattre de ce sujet alors qu'il y a d'autres urgences. Discuter de sa place c'est toujours un temps qui ne sera pas passé à discuter des inégalités subies par les femmes.
Alors puisque certains cherchent leur place dans le féminisme, que même là il faut se préoccuper d'eux sinon ils passent leur temps à solliciter notre attention pour en réclamer une, attribuons leur en une.
Qu'est ce que la virilité ? C'est le genre : les caractéristiques pour devenir un homme dans une société donnée à une époque donnée.
Dans son livre, Stoltenberg dit qu'il faut détruire la virilité. Il ne dit pas qu'il faut la déconstruire, il ne dit pas qu'il faut la repenser ; il dit qu'il faut refuser d'être un homme.
Le début du parcours du futur homme commence souvent par la phrase suivante "pleure pas t'es pas une fille". "joue pas à ca t'es pas une fille". "ne fais pas seules les filles le font". Cela deviendra "tu n'es pas une gonzesse et il ne faut pas être une gonzesse car c'est humiliant de l'être".
Les hommes sont très tôt élevés dans l'idée que ce qui est féminin est mauvais, médiocre, inférieur et que la virilité passe par la négation de ce qui est considéré comme féminin. Comme les femmes sont strictement élevées de la même façon, on arrive mieux à comprendre qu'elles veulent adopter des rôles masculins ; oh, on essaie bien sûr de les renvoyer à leurs fourneaux mais on arrive à comprendre cette ambition-là. Après tout qui a envie d'être une femme ?
Très tôt, les futurs hommes sont éduqués à être violents ; c'est un signe de bonne santé virile. On encourage le petit enfant mâle à donner de vigoureux coups de pieds ; "que voulez-vous c'est un garçon il est plein de vitalité". Les mâles ne correspondant pas à ce schéma vivent un calvaire ; moqués, tapés. des études montrent que dés la maternelle, un petit garçon ne répondant pas aux stéréotypes traditionnels de la virilité sera impitoyablement humilié jusqu'à ce qu'il y parvienne. Gare à lui s'il n'y parvient pas, il sera "un homme efféminé".
Soit on part du principe que 90% de détenus masculins c'est une coïncidence. 98% de violeurs c'est une coïncidence. 99% agresseurs sexuels c'est une coïncidence. Soit on se dit vaguement que c'est "le patriarcat" sorte de forme évanescence qui contient des ectoplasmes très méchants". Soit on se dit que la virilité nous pose une sérieux problème.
On a coutume de dire que seuls les vrais hommes ne violent pas. C'est faux. Seuls les vrais hommes violent. seuls les vrais hommes se battent et battent. Ceux qui ne violent pas sont ceux qui ont justement renoncé à la virilité (ou qui essaient car y renoncer implique beaucoup de renoncements, de l'isolement et du courage).
La virilité se fonde sur des valeurs oppressives envers les valeurs inculquées aux femmes. Elle implique d'être violent, de mépriser les femmes, de s'estimer supérieur. Elle implique l'apprentissage de la violence qui est valorisé partout ; jusque dans les 12 études quotidiennes sur la testostérone.
Vous voulez votre place dans le féminisme ? Détruisez la virilité.
Apprenez à vos enfants qu'un garçon peut pleurer.
Imposez que vous n'avez pas à mal parler des femmes pour être un homme.
Vous n'aimez pas le porn ? Ne faites pas "comme les autres" ; à dire que vous adorez ca pour ne pas vous sentir isolé.
Ne sifflez pas les femmes dans la rue.
Refusez de moquer les hommes qui ne correspondent pas à des schémas traditionnels.
Laissez vos fils jouer à des jeux féminins.
Ne lui enseignez pas à frapper ; il n'y gagnera rien.
Réfléchissez. On ne peut passer notre temps à vous tenir la main pour que vous condescendiez à nous aider ; débrouillez-vous.
Je rajoute un exemple précis qui vous permettra de mieux comprendre.
J'avais un pote qui travaillait dans un environnement ultra viril. Il ne s'était jamais reconnu là dedans. Mais il avait envie d'être bien, de se sentir un homme ; on lui avait tellement vendu que c'était mal de ne pas être viril. Alors il s'est mis à faire des blagues sur les femmes qui passaient dans la rue et à les siffler. Il se sentait complètement minable de faire cela mais il le faisait.
Un autre raccompagnait les femmes chez elle quand elles lui demandaient. et lui.. il avait peur de rentrer ensuite mais on ne dit pas cela n'est ce pas.
Vous vivez ces exemples, vous voyez ces exemples. Battez vous contre.