Titre : L'extravagante croisière de Lady Rozenbilt
Scénariste : Pierre Gabus
Dessinateur : Romuald Reutimann
Parution : Octobre 2013
« Cité 14 » est selon moi l’une des meilleures séries de bande-dessinée sorties ces dernières années. Et visiblement, je ne suis pas le seul puisque les auteurs, Pierre Gabus et Romuald Reutimann ont obtenu le prix de la meilleure série au festival d’Angoulême. Cependant, ça n’a pas été facile. Après une première mouture parue chez Paquet, « Cité 14 » a redémarré aux Humanoïdes Associés, permettant aux lecteurs de (re)découvrir la première saison et de profiter d’une suite. Cette dernière terminée, ils ont annoncé arrêter la série. Il faut dire que les auteurs sortaient pas moins d’un bouquin tous les deux mois pendant une année ! C’est donc avec un grand plaisir que j’ai découvert « L’extravagante croisière de Lady Rozenbilt », un one shot qui se passe dans l’univers de « Cité 14 ». De près de 120 pages, la bête est vendue à 16€.
D’abord, je tiens à préciser qu’il est nécessaire d’avoir lu « Cité 14 » pour lire ce one-shot. Il n’est pas totalement indépendant et je suis un peu dubitatif sur la possibilité de s’immerger dans cet opus dans connaître l’univers créé par les auteurs. Et c’est là que cet ouvrage est ambigu : à aucun moment il n’est question de « Cité 14 » sur la couverture. Certes, la quatrième de couverture y fait mention mais en précisant que c’est une « histoire complète ».
Cet ouvrage nous permet donc de découvrir un pan de l’histoire d’Alfred Bigoodee, le chat aux pouvoirs paranormaux qui deviendra plus tard le commandant Bigoodee découvert dans la série originelle. A l’époque, il doit devenir mécanicien et officie sur l’hydravion de Lady Rozenbilt. Cette dernière, bien qu’étant la star du titre du bouquin, restera un personnage peu mis en avant. Là encore, le choix est étonnant.
Un univers d'une richesse incroyable
Force est de constater que la mayonnaise prend immédiatement. L’univers d’une richesse incroyable de « Cité 14 » fait mouche encore une fois. Les 120 pages de l’ouvrage permettent de bien développer les personnages (nouveaux ou pas) et d’enrichir encore le monde créé par Gabus et Reutimann. Petit changement toutefois : le tout se situe sur une île et pas dans la cité bien connue. Ce changement permet de bien séparer la série de ce one shot.
Les qualités de narration sont encore une fois à l’honneur ici. D’un côté, on trouve des passages calmes servant à asseoir l’univers, de l’autre des scènes d’actions d’un grand dynamisme et de l’autre quelques flashbacks histoire de bien comprendre les tenants et les aboutissants de tout cela. Le tout est construit en chapitres, comme pour la série originelle.
Concernant le dessin, je suis toujours aussi fan. Le trait au pinceau de Romuald Reutimann est un véritable délice, tant dans l’action que dans sa façon de traiter les personnages. Le passage à la couleur choquera les fans les plus réactionnaires, mais force est de constater que le choix est payant. Alors certes, c’est déconcertant dans les premières pages. Cependant, l’histoire se passant majoritairement sur une île luxuriante, il aurait été dommage de se priver des couleurs qui vont avec. Le gris était cohérent avec l’univers urbain de la cité, ici la couleur paraît un choix judicieux.
Au final, ce one shot se révèle riche et prolonge parfaitement l’univers de « Cité 14 ». Il ravira les adeptes de la série qui avaient peur de ne pas retrouver ce monde si particulier. Alors certes, il y a moins de personnages, moins de surprises et moins d’intrigues. Mais en focalisant sur un personnage, les auteurs ont accouché d’un ouvrage différent. Qui plus est, pour le prix où il est vendu, l’objet est de très belle qualité. Bref, si vous aimez « Cité 14 », jetez-vous dessus.
par Belzaran
Note : 17/20