Quel rapport me direz-vous ? Au-delà d’une unité de lieu, l’établissement scolaire, d’une vague unité d’action (un décès accidentel par pendaison contre un suicide au fusil de chasse), deux questions saisissantes : où sont les adultes dans les écoles ? pourquoi la justice ne condamne pas l’école ?
Quelle obligation de surveillance pour les enseignants ?
Dans l’affaire d’Arles, faut-il blâmer l’enseignante ? Dépassée par l’impétuosité de son élève, elle l’exclut temporairement de sa classe et finit par l’oublier. Mais que peut-il arriver dans un couloir après-tout ? D’ailleurs, aucune peine n’avait été requise par le Parquet.
Après-tout, ce n’est pas de sa faute caractérisée si ce jeune garçon a joué à se pendre au porte-manteau et qu’il en est mort, d’un arrêt cardiaque. Ne devait-elle pas pourtant le surveiller ? Comment un enfant peut-il rester ainsi, seul, sans surveillance, pendant près d’une heure, dans une école ?
Si vous transférez la situation dans un accueil collectif de mineurs, sachez qu’il pèse sur le personnel pédagogique une obligation de surveillance très lourde, définie par les mêmes juges que ceux qui ont relaxé l’enseignante d’Arles. Cette surveillance dépend de l’âge des enfants, des activités qui sont proposées et leur caractère. Ainsi, pour un enfant de l’âge de Khoren, la justice aurait exigé de rapporter la preuve d’une surveillance constante, active et vigilante. Bref, d’une présence auprès de l’enfant. Pas de son abandon pendant près d’une heure. Je vous laisse conclure... à quand une responsabilité de l'école pour défaut de surveillance ?
Ce n'est pas la faute de l'école !
Dans le cadre du harcèlement scolaire tel qu’il est décrit dans le documentaire de France 5, et s’il convient comme le fit en 2011 l’Instit’humeurs, de rappeler que la majorité des élèves vivent une scolarité paisible, comment ne pas se demander quel rôle jouent les adultes, enseignants, cadres éducatifs, surveillants, dans ces établissements où de telles violences entre enfants se déroulent ?
Cela étant, dans un système où, quel que soit le nom qu’on lui donne, la violence est devenue un moyen de se préserver soi-même, ou la simple reproduction de gestes subis par tradition, on doit au moins en parler. Sans accuser. Sans rejeter systématiquement le problème à l’extérieur de l’établissement. Dans les situations montrées par le reportage, malgré des dizaines de témoignages, les plaintes ont été classées sans suite.
On peut saluer les initiatives qui permettent de se saisir du sujet, que l’on soit parent face à un enfant qui souffre ou qui fait souffrir, enseignant ou cadre éducatif (le site du ministère de l’Education nationale).
Mais on doit aussi se demander comment il est possible que dans notre pays, dans lequel on fait des lois pour tout autoriser, tout justifier… mais aussi pour « sanctuariser l'école », aucun parti politique, aucun média, ne s’est encore saisi de ces 2 situations dans lesquelles l’absence de règle de droit provoque cette parodie de justice et fait accepter comme normales des situations dans lesquelles nos enfants, notre avenir, ne sont pas en sécurité dans l’école.