Des gendarmes protègent un portique écotaxe des manifestants samedi dernier à Pont de Buis (Finistère)
Crédits photo : Fred Tanneau/AFP
La fronde bretonne vue par les ex-RG prend des allures de soulèvement généralisé. Les derniers éléments de synthèse alarmants envoyés par la sous-direction de l'information générale de Rennes (SDIG) au ministère de l'Intérieur, et dont Matignon aurait reçu copie, inquiète l’exécutif. Rien d’étonnant qu’une libération massive d’otages tente de calmer l’opinion publique.
Pour les "grandes oreilles", la colère des Bretons contre l'écotaxe, sur fond de crise des filières agricoles et agroalimentaires, serait attisée notamment par deux groupes identitaires, l'un d'extrême gauche, en marge du mouvement Breizhsistance, l'autre d'extrême droite, sous la bannière de Jeune Bretagne.Mais, il n'y a pas que les partis ultras. Outre "les syndicats traditionnels, comme la FNSEA, mais aussi les organisations représentatives des secteurs du transport, du BTP et de l'agroalimentaire, la population commence à adhérer au mouvement", constatent les ex-RG.
L'un des foyers les plus vivaces est la ville de Carhaix, qui anima, il y a cinq ans déjà, un combat très dur pour le maintien de sa maternité. Son maire, Christian Troadec, est le "cauchemar" des autorités régaliennes sur place. Très apprécié par les anticapitalistes du NPA, et résolument impliqué dans le mouvement breton, l’ homme-électron libre de la gauche alternative appelle ouvertement les "salariés de l'agroalimentaire, agriculteurs, marins, élus, syndicats, commerçants, artisans, transporteurs, toutes les populations touchées d'une manière ou d'une autre par la crise, (…) à se rassembler pour dire non au déclin de la Bretagne" et par la même occasion à l'écotaxe.
"Jusqu'alors, estiment les analystes du SDIG, les syndicats se sont toujours refusés à réunir agriculteurs et pêcheurs, tant le cocktail peut se révéler explosif." Or, s'inquiètent-ils, des représentants de deux corporations se sont entendus "le week-end dernier" pour agir de front.
Chacun se prépare donc pour le grand jour, le 2 novembre prochain, avec une nouvelle manifestation à Quimper. Les "bonnets rouges" et leur symbolique antijacobine, en souvenir de la révolte des Bretons de 1675 contre une nouvelle taxe, sont attendus en nombre, la police craignant violences et débordements.
La SDIG de Rennes a prévenu Paris que le mouvement pourrait faire tache d'huile dans des régions de France à forte identité, "l'Alsace, le Pays basque et même la région niçoise", où quelques irréductibles s'interrogeraient sur la façon de passer à l'action. Ils auraient pris des contacts entre eux.
Pour la Bretagne, les ex-RG retiennent que "les mouvements identitaires ont lancé un appel à tous les Bretons pour qu'ils accrochent à leurs fenêtres le drapeau breton Gwenn ha Du, jusqu'au 11 novembre prochain". Ce jour-là, en signe de protestation contre l'État centralisé, les plus déterminés sont invités à perturber les commémorations de l'armistice.
Depuis hier soir, après plus de mille jours de détention, Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand ont subitement retrouvé la liberté. Cet heureux dénouement met fin à leur enlèvement et au calvaire de leurs proches qui, durant trois ans, ont tout imaginé, tout redouté. Que ne ferait-on pas au gouvernement pour éteindre la vive étincelle bretonne…F/G