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La sous-filière ovins-lait bientôt dans l’ambulance ?

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

par Marc Laffont

La sous-filière ovins-lait bientôt dans l’ambulance, c’est ce que suggère la publication de l’Institut de l’Élevage intitulée « Bergers demain : la filière ovine laitière française s’interroge sur son avenir » (*)

Brebis-laitieres

Résumé : « L’élevage de brebis laitières concerne en France un peu plus de 5.000 exploitations, dont 90% sont localisées dans les trois bassins traditionnels de production de fromages AOP : le Rayon de Roquefort, les Pyrénées-Atlantiques (AOP Ossau-Iraty) et la Corse (AOP Brocciu). Pour chacune de ces zones de montagne, la production de lait de brebis constitue une activité majeure, tant au niveau économique par les emplois qu’elle génère, qu’environnemental, notamment par la valorisation et l’entretien de surfaces pastorales.

Jusqu’à récemment, la filière lait de brebis avait la réputation d’être une production solide, voire une filière riche. Elle s’est en effet construite autour de produits sous signes de qualité, qui par le passé ont permis aux éleveurs d’avoir un prix du lait satisfaisant. Cette filière a su évoluer techniquement, en développant des schémas de sélection efficaces pour améliorer les races locales, ainsi qu’un dispositif d’appui technique performant pour accompagner un grand nombre d’éleveurs. Mais la filière se trouve à présent face à de nouvelles difficultés qui engagent son avenir. En effet, après avoir progressé au rythme de 2 à 3% par an au cours des années 1990 et de la première moitié des années 2000, la collecte française de lait de brebis a fortement diminué en 2008. Elle n’a rejoint qu’en 2010 ses niveaux antérieurs, autour de 255 millions de litres, et a plafonné depuis lors.

L’installation est aujourd’hui devenu un problème majeur, avec trop peu de jeunes qui s’installent par rapport aux éleveurs qui partent à la retraite ou parfois même abandonnent la production. Si jusqu’au début des années 2000 la filière ovine laitière pouvait s’enorgueillir d’avoir des éleveurs jeunes, ce n’est désormais plus le cas : entre les deux derniers recensements agricoles (2000 et 2010), la proportion de chefs d’exploitation de plus de 50 ans est passée de 26 à 37%. Compte tenu de cette évolution démographique, on peut s’attendre à avoir dans les années qui viennent une forte diminution du nombre d’exploitations détenant des brebis laitières : elle devrait être deux fois plus rapide qu’au cours des deux dernières décennies. Cela pourrait conduire à avoir moins de 4000 exploitations ovines laitières à l’horizon 2020. Et parmi les trois bassins, c’est la Corse, où plus d’un éleveur sur deux a plus de 50 ans, qui paierait le plus lourd tribut…

L’augmentation de la charge de travail liée à l’agrandissement des exploitations et à la diminution de la main-d’œuvre familiale, les problèmes d’accès au foncier ou de transmission du capital d’exploitation sont des raisons fréquemment évoquées pour expliquer la chute des installations. Mais la dégradation de la rémunération du travail apparaît de plus en plus comme étant un élément déterminant de la baisse d’attractivité du métier d’éleveur.

Comme pour l’ensemble des secteurs d’élevage, les éleveurs de brebis laitières sont confrontés à une forte progression du coût des matières premières: aliments achetés, engrais, carburants… Entre 2005 et 2012, l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa) pour la filière ovine laitière a bondi de plus de 30% alors que dans le même temps, le prix du lait a progressé de seulement 5 à 10% selon les bassins.

Le plafonnement de la consommation de fromages au lait de brebis, tant en France qu’en Europe du Sud et aux États-Unis, a en effet fortement pesé sur les prix. D’autant plus que les crises connues par les filières espagnoles et italiennes ont laissé d’importants excédents et ont contribué à modifier la carte des échanges européens.

Dans ce contexte, les éleveurs ont enregistré au cours de ces dernières années une baisse importante de leur revenu : en 2011, malgré la revalorisation des aides PAC, la rémunération moyenne des éleveurs suivis dans les Réseaux d’élevage n’a pas dépassé 0,8 SMIC par unité de main-d’œuvre dans les Pyrénées-Atlantiques et de 1,1 SMIC dans le bassin de Roquefort. »

Source : Idele.fr : La filière ovine laitière s'interroge sur son avenir

Ovins lait vs ovins viande

Pour se faire une idée du différentiel de vigueur économique, le plus parlant est probablement la comparaison des résultats économiques des deux sous–filières ovines dans la seule région où leur poids est suffisamment important pour justifier leur individualisation, à savoir Midi-Pyrénées.
Les dernières données comptables disponibles portent sur l’année 2011. Elles sont lisibles à l’adresse suivante : Résultats RICA Midi-Pyrénées - Analyse financière

Donees-comptables-2011-par-exploitation

En sous-filière laitière, le montant des subventions est à peu près équivalent au résultat courant avant impôts (RCAI). En sous-filière viande, les subventions publiques représentent plus du double de ce même résultat courant et viennent titiller la valeur de la production de l’exercice. Cette publication ne détaille pas les performances économiques en fonction de la zone (herbagère, fourragère, pastorale) pour les exploitations spécialisées. Une autre étude l’a fait, mais sur la France entière : resultats-2010-et-estimations-2011-pour-les-exploitations-ovins-viande.

On y « découvre » qu’en zone pastorale en 2011, en moyenne, le montant des subventions (52 200 €/exploitation/an) dépassait assez significativement la valeur de la production ovine (41 300 €).
Retour en 2013, dans la série « tout va mieux depuis que le ministère de l’écologie a été absorbé par le ministère de l’agriculture », voici également un bref aperçu de la conjoncture actuelle en viande ovine sur les huit premiers mois de l’année 2013.

Viande-ovine-2013

« Depuis le mois de janvier 2013, le déficit dans les abattages d’agneaux atteint près de 100.000 têtes [- 3 % de janvier à août]. Les abattages de brebis sont par contre depuis le début de l’année supérieurs de 10 000 têtes (2 %) aux abattages réalisés en 2012. Cela pourrait être le signe d’une éventuelle décapitalisation du cheptel ovin français. »
Source : Agreste conjoncture - octobre 2013

La bonne nouvelle, c’est que la part relative de la production française est passée de 42 à 43 % de la consommation indigène entre 2012 et 2013.

La mauvaise, c’est que ce nouveau repli de la production d'agneaux (-4,2 % en tonnage) s’inscrit dans la continuité d’une baisse régulière depuis 20 ans de la consommation de viande ovine, et certainement pas dans un contexte de reconquête de parts de marché. La baisse des importations (-5,5 %) est juste un tout petit peu plus accentuée que la baisse de la consommation (-4,3 %). C’est tout, et cela n’offre en principe pas beaucoup de perspectives aux producteurs hexagonaux.
Mais tout ceci n’est que provisoire : nul doute que, dès que le plafond de 24 loups à abattre sera atteint, et dès que le sous-ministre de l’écologie au seul service de l’agriculture aura définitivement acté l’arrêt de toute tentative de restauration de l’ours dans les Pyrénées, la consommation repartira en flèche…

(*) Résumé de la publication (payante) par ses rédacteurs, dossier N°438 d'Économie de l’Élevage,


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