RCe soir, mon auberge n'est pas tres poétique. Pas à la Grande Ourse, pas au creux d'une vallée comme hier soir, pas au coeur d'une belle ville. Non, face à un gare et dans un décor purement ferroviaire. Ça s'appelle l'Auberge de
La Gare. Les chambres ressemblent un peu à celles d'une garnison. Seule la salle de restaurant, en pierre de taille apparentes et au plafond croisé belles poutres, sauve un peu l'affaire. On y mange bien d'ailleurs et la salle est comble.
Mais je ne suis pas là pour vous faire l'enquêteur Michelin, plutôt pour raconter le chemin qui m'a amené jusqu'ici, à Chalindrey aujourd'hui. Il est vrai que je suis arrivé assez tôt et que du coup mon lieu de repos (cela m'a permis aussi de terminer et d'avancer quelques articles car je dois tout de même travailler un peu pendant ce beau voyage! ) compte un peu dans cette journée. Entre Langres et Champlitte, trop près et trop loin respectivement, les choix de points d'arrêt étaient limités. Mais ça me convient, comme cette journée m'a aussi globalement convenu.
Tout a commencé par un petit déjeuner partagé avec les hôtes de l'hôtel/gîte de Viriez sur Suize et notamment de Frans, qui s'apprête à marcher sa dernière étape de l'année sur la Via francigena.
Je le rattrape un peu plus tard, sur la petite route qui nous conduit, dans le petit matin lumineux d'une calme campagne, vers le prochain village (qui nous permet de retrouver le parcours). Nous discutons encore quelques pas avant de reprendre chacun son rythme.
Le mien, ce matin, est plutôt bon. J'avance bien. Le ciel s'est beaucoup calmé par rapport à ces deux derniers jours. Le soleil brille, environné de seulement quelques nuages. Pas de vent ni de pluie à l'horizon. La température, un peu plus fraîche, reste agréable.
Le paysage reste campagnard, et sans retomber dans les platitudes des champs de la Somme ou de la Marne, un peu plus quelquonque qu'hier. Un beau passage tout de même, au creux d'une autre vallée, aux beaux villages et cours d'eau, avant d'apercevoir Langres.
Un peu comme Laon, dont elle partage plus que la première syllabe, la ville est construite en hauteur, et reste en partie fortifiée. La dernière montée y est certes moins longue, mais jolie tout de même. Par ce côté on accède presque directement à l'enceinte de la vieille ville depuis la campagne.
Je m'offre une pause, déjeune d'un sandwich devant la statue du grand homme natif de la commune, Denis Diderot. Après avoir un peu parcouru le centre, je rentre dans un café pour achever ma pause. Les conversations y sont loins d'être du niveau de l'encyclopédie. Socialement, ça a l'air assez compliqué.
Après m'être assuré qu'à Chalindrey, il reste des chambres à l'auberge (c'est devenu tellement facile de trouver un moyen de réserver, un numéro de téléphone. Je me souviens dans mon enfance quand mes parents- qui aimaient s'organiser à l'avance mais par leurs propres moyens- écrivaient aux différents hôtels des semaines à l'avance, notamment en Italie, pour préparer nos voyages. J'ai appris à voyager avec eux et c'était sans doute un peu plus compliqué sans Internet et téléphones portables), je reprends ma marche.
La sortie de la ville n'est en revanche pas agréable. Elle me plonge sur des routes trop passantes, vers une de ces horribles zones commerciales où le piéton est un intrus et que mon parcours a heureusement presque toujours évité jusque là.
Après avoir laissé sur la droite, un peu plus loin, un panneau indiquant les sources de la Marne, je retrouve une campagne plus calme. Un petit ruisseau qui coule à bon débit: c'est la Marne. Quelques villages. C'est valloné.
Pour distraire mes pensées, qui parfois errent dans de mauvaises directions et reviennent sur des evenements mal vécu en 2012, j'ai mis un peu de musique. Des chansons que j'aime et qui m'inspirent. "Je ne me souviens plus, non, ne me souviens plus, pourquoi battait mon coeur...", si seulement. ..
Comme l'hôtel ferme à 16h, j'ai accéléré l'allure à la sortie de Langres mais je le paye un peu. J'arrive avec les jambes un peu douloureuses à Chalindrey et je maudis l'auberge d'être si éloignée du centre ville. La gare est en effet tout à fait à la sortie. Mais j'y arrive pour l'heure dite et peut ainsi me reposer pas mal.
Même si la forme est plutôt revenue, que le moral est bon, je pense en avoir besoin. Ce voyage est tout de même un peu plus long que celui que j'avais entrepris vers Saint Jacques et je dois me ménager un peu pour tenir les cinq ou six jours de plus qui m ammeneront vers Rome, prendre en compte aussi la saison qui s'avance et ne facilite pas la marche. Mais pour l'instant, tout se passe bien!