Les expulsés de La Noue, quartier du Haut Montreuil, n’en finissent plus de subir les décisions iniques du préfet de Seine-Saint-Denis et de la maire de la ville, Dominique Voynet. Après avoir été jetées à la rue une première fois il y a une semaine, suite à l’expulsion d’un immeuble qu’elles occupaient illégalement, ces 29 familles ont été aujourd’hui évacuées du gymnase municipal mis à leur disposition depuis, sans que des solutions de relogement décentes ne leur aient été proposées.
Une première expulsion sans proposition de relogement
Le 22 octobre dernier, à l’aube, les CRS ont évacué un immeuble de la rue Joliot-Curie à Montreuil. Occupé sans autorisation par une soixantaine de personnes depuis plusieurs mois, ce bâtiment jugé vétuste, appartient à un bailleur social privé. La société ayant décidé de le démolir afin de le reconstruire, ses habitants sont expulsés à la demande du préfet de Seine-Saint-Denis.
Pour les familles, c’est le choc. Femmes enceintes, bébés, enfants, parents, en quelques minutes tout le monde se retrouve à la rue, sans même avoir pu prendre le temps de récupérer quelques affaires. En effet, aucune solution de relogement n’est alors proposée à ces habitants d’origine ivoirienne, sénégalaise ou encore malienne. Mis à la porte, ils se retrouvent désemparés dans l’attente d’une éventuelle solution.
Il faut attendre la pression de militants associatifs (DAL), d’élus de l’opposition (Front de gauche…) ou encore de « simples » citoyens pour que dans l’urgence une alternative soit trouvée. Si jusque-là la municipalité n’a pas jugé nécessaire de réagir, elle finit par accepter dans la soirée de mettre un gymnase à disposition des familles. Ce sera cependant son seul geste en direction des sans logement.
Un gymnase municipal comme seule alternative
Ainsi, pendant une semaine et dans l’attente d’une solution viable et durable, les expulsés ont occupé le bâtiment municipal. Illustration de l’incapacité actuelle des pouvoirs publics à répondre aux besoins des populations, ce sont des habitants du quartier et de l’ensemble de la ville qui ont été à leur côté durant ce moment particulièrement difficile pour eux.
Par solidarité, montreuillois et militants associatifs ont ainsi mis à leur disposition des matelas, des draps, des couvertures ou encore de la nourriture. Cependant nombreux sont ceux qui pendant plusieurs jours ont du dormir à même le sol dans ce gymnase non chauffé ou les conditions de vie sont particulièrement sommaires. Sans confort, ni intimité, les expulsés se rassurent cependant en se disant qu’ils ont encore un toit pour quelques jours.
Malgré sa dénonciation de l’expulsion et ses déclarations dans les médias, Dominique Voynet n’est intervenue à aucun moment pour permettre à ces hommes, ces femmes, ces enfants, de pouvoir vivre dans des conditions humaines et répondre à leurs besoins. L’indignation est malheureusement aujourd’hui le seul signe de vie d’une grande partie des politiques. Elle est pour eux un moyen de se dédouaner, de se renvoyer la balle et au final de ne rien faire.
Que l’humain devienne la priorité dans chacune des décisions politiques
Ce mardi matin, à la surprise générale, le gymnase est bouclé par les CRS. Déclarant contre toute attente l’occupation des locaux illégale, la municipalité décide de déloger les familles. Une semaine après la première expulsion celles-ci sont une nouvelle fois contraintes de subir une intervention des forces de l’ordre. Psychologiquement, moralement, le choc est rude là encore.
Cette fois-ci, la mairie propose des solutions à court terme. Cependant, celles-ci sont en grande partie inadaptées aux besoins des familles. Des relogements sont par exemple proposés dans les départements voisins (75, 77, 94). Ni la scolarisation des enfants (dans le quartier de La Noue), ni les besoins des femmes enceintes suivies au CHU de Montreuil, ne sont ainsi pris en compte. De nouveau à la rue, les expulsés n’ont cependant plus le choix.
Comble de l’inhumanité, la ville ne met aucun transport à leur disposition, uniquement un itinéraire afin qu’ils puissent se rendre sur place. Ainsi c’est par leurs propres moyens (RER, bus…) et leurs affaires à la main que les familles sont contraintes de quitter Montreuil vers leur nouveau lieu de résidence. Là-bas cependant, seules, elles ne pourront plus se soutenir, ni bénéficier de la solidarité des habitants montreuillois.
Au cours, de l’intervention des forces de l’ordre, neuf adultes sans-papiers ont par ailleurs été arrêtés et placés en détention. Nul ne peut aujourd’hui présager de ce que l’avenir leur réserve ? Cependant la situation actuelle ne joue évidemment pas en leur faveur.
Par son acharnement envers les familles expulsées, Dominique Voynet a ainsi démontré toute son incapacité à faire preuve d’empathie et à prendre en compte les besoins humains. Expulsions, intervention des CRS, mise devant le fait accompli, sont visiblement les seules réponses qu’elle semble pouvoir apporter aux habitants qui subissent le drame du mal logement.
A Montreuil comme ailleurs, il est temps que l’humain devienne la priorité dans chacune des décisions politiques !