Il y a quelques semaines, je relevais la banalisation de l'idéologie de l'extrême droite par l'UMP et les médias dominants après une interview de Copé au JT de TF1 dans laquelle il reprenait une vieille proposition du FN sur la suppression de l'AME pour les étrangers.
Ce matin, sur Europe 1, c'est la candidate de l'UMP à la mairie de Paris qui a versé dans le lepénisme :
« A Paris, il y avait, dans le temps, des arrêtés anti-mendicité agressive. Cela ne résout pas tous les problèmes mais cela permet de servir de base légale à la police pour faire des contrôles d‘identité. Il faut les rétablir ».
Petit aparté: pour quelqu'un qui essaie d'incarner la modernité et le changement, cette saillie du genre "c'était mieux avant" ne manque pas de sel, surtout pour verser dans la nostalgie du bilan parisien des Chirac et Tibéri avec les emplois fictifs, les valises et les enveloppes d'argent liquide, les HLM attribués aux copains et les travaux luxueux desdits logements au frais du contribuable...
Mais revenons à la "mendicité agressive".
Avant d'aller plus loin, je remarque que la pauvreté, voire la misère, ne dérange pas NKM. En bonne néo-libérale sensible au darwinisme social, elle considère que la misère est dans l'ordre des choses, n'est-ce pas ? L'héritière - encore une - doit penser que chacun est responsable de sa propre situation, en d'autres termes, chacun selon ses mérites, vive l'égalité des chances et que les meilleurs gagnent ! Quant aux mauvais perdants, prière de ne pas déranger les nantis !
Parce que ce qui dérange cette grande bourgeoise, c'est seulement l'agressivité des mendiant-e-s !
Vu l’aréopage qui protège la candidate de l'UMP, ça m'étonnerait qu'elle ait déjà croisé des mendiants du métro, du RER et de la rue. J'apporte cette distinction parce qu'au gouvernement et sur les bans de l'Assemblée nationale, elle s'est toujours montrée encline à écouter et à satisfaire les mendiants très agressifs du MEDEF et de l'oligarchie ! Mais, en campagne électorale, NKM doit faire peuple ou s'efforcer d'apparaître proche des préoccupations du peuple. Un de ses conseillers ou militant-e-s a dû la briffer et lui raconter combien les parisien-ne-s étaient agressés par les mendiant-e-s !
Tenez ce matin, en trente minutes de trajet, pas moins de deux SDF sont venus dans ma rame exposer leur situation et mendier quelques sous, un ticket restaurant, une cigarette... Chaque matin à toute saison, je croise pas moins de quatre ou cinq SDF sur les quais, à même le sol sur un bout de carton, et pour les mieux lotis dans un sac de couchage crasseux. Et autant, quand je sors du métro !
C'est vrai que je me sens agressé, mais exclusivement par la pauvreté dont sont victimes les mendiant-e-s. Ces femmes et ces hommes sont des victimes des politiques menées par Sarkozy puis par Hollande. Victimes du démantèlement de l'Etat providence et de pans entiers de l'industrie, des choix de la mondialisation, du libre-échange forcené, de la concurrence libre et non faussée, du dumping social de l'Union européenne, du remboursement criminel des dettes publiques imposé par des politiciens comme NKM qui fut ministre de 2007 à 2012.
Des victimes qui incarnent une sorte de spectre épouvantable pour de potentielles victimes qui se sentent quasiment privilégiées d'avoir encore un boulot mal payé... dans cette France qui n'a jamais autant produit de richesses, ni compté autant de millionnaires, ni vu les revenus de l'oligarchie croître aussi rapidement.
Mais, cette saillie contre les pauvres ne suffisait pas à NKM.
Encore fallait-il enfoncer le clou, diviser les pauvres, diviser les miséreux, sous-entendre qu'il y a de bons et de mauvais pauvres, les miséreux légitimes (de souche ?) et les autres... parce que dans l'esprit de cette politicienne née avec une cuillère en argent dans la bouche, les étrangers pauvres sont forcément mendiants, agressifs et expulsables !
« Ce n’est pas seulement une impression (...) Je crois à l’état de droit, il faut faire appliquer les décisions de justice. Il y a aujourd’hui un certain nombre de décisions d’expulsions qui ne sont pas appliquées ».
Des propos qui font écho à ce qu'elle affirmait le mois dernier en jetant l'anathème sur les Roms :
« les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens »
Après de tels propos qui stigmatisent les victimes et non les choix politiques responsables de la pauvreté endémique, j'en conclus que NKM est sur la même ligne politique que le Front National, à l'instar du président de l'UMP. Ce n'est pas avec elle que la pauvreté et les inégalités sociales seront éliminées. Aussi,l'opposition entre Marine Le Pen et elle n'est pas idéologique mais seulement une façade politicienne que les deux entretiennent sciemment.
Il ressort de ces déclarations que l'UMP est tombée dans le giron idéologique du FN. Cela me rappelle cette formule de Napoléon :
« de la merde dans un bas de soie. »