Non, ce n’est pas parce qu’un auteur jouit d’une certaine notoriété, ou même d’une notoriété certaine, une notoriété reconnue et récompensée qu’il faut absolument encenser tout ce qu’il publie.
Pourtant, la critique a été unanime pour louer le premier recueil de nouvelles du romancier Jean-Christophe RUFIN publié en 2011 chez GALLIMARD sous le titre ”SEPT HISTOIRES QUI REVIENNENT DE LOIN”.
Du Journal du Dimanche qui n’hésite à écrire n’importe quoi pour justifier son admiration (Oui, ces sept histoires reviennent de loin. Et, comme tous les récits de voyage, elles nous parlent surtout d’ici.) au Nouvel Observateur qui exprime une admiration béate (Intrigues saisissantes, au dénouement chaque fois inouï. Du bel ouvrage, ciselé au scalpel.), en passant par L’Express (Intrigues saisissantes, au dénouement chaque fois inouï. Du bel ouvrage, ciselé au scalpel.) , les journalistes ne trouvent assez de mots pour tresser des lauriers au romancier “multifonction” (médecin, humanitaire, diplomate rallié à Sarkozy puis renié par ce dernier, académicien enfin).
Habitué à ses romans-pavés, avec de l’action, des personnages taillés à la serpe, des intrigues bien ficelées, je n’ai pu retrouver dans ce petit recueil le J.-C. Rufin que je connaissais.
Normal, le genre est différend : il passe des romans à la nouvelle!
Je crois qu’on découvre ici un nouveau Rufin, “un autre, qui aurait échappé à notre vigilance” comme l’écrit le critique du FIGARO.
Et j’ai l’impression que ce Rufin là cache un Rufin que nous ignorions.
A travers ces sept “histoires” – l’auteur ne qualifie pas sa prose de “nouvelles ” bien que tous les ingrédients du genre s’y retrouvent – Jean-Christoffe Rufin nous ballade d’un grand palace parisien à l’Ile Maurice, d’un train Corail français au Sri Lanka, du modeste hôpital aux Alpes Italiennes ou au Mozambique, avec le sentiment qu’il ne se départit jamais d’une espèce de condescendance envers ses personnages, leurs origines et leurs pays.
Un des personnages semble trahir d’ailleurs les intentions non avouées de l’auteur en affirmant :”Je me laissais porter par un cortège de stéréotypes”.
C’est exactement le sentiment en particulier qui se dégage de ce recueil de nouvelles qui apparait comme dominé par la problématique de l’homme blanc en rupture avec le colonialisme.
Jean-Christophe Rufin a signé là son travail le plus personnel : chaque récit sera pour lui l’occasion d’aborder une question importante (francophonie, racisme, intégration sociale, mort) en essayant de la présenter sous un point de vue original et une vision délibérément humaine et même individualiste.
A lire, parce que le tout est très bien écrit et pour découvrir, sans pour autant apprécier forcément, un nouvelle facette de Jean-Christophe Rupin.