Le père en congé parental, ce héro !

Publié le 25 juin 2013 par Scharpentier

Je parle en connaissance de cause. Mon mari a pris un congé parental à la naissance de mes jumeaux. Jeune entrepreneuse, il m’a en effet fallu faire le choix de pérenniser mon entreprise, pour donner un avenir plus sûr à ma famille. Certes, choisir, c’est renoncer. Renoncer de passer ce temps précieux du congé parental aux côté de mes enfants. Renoncer de profiter pleinement d’eux. J’ai laissé à mon mari la libre décision d’opter pour ce congé et aujourd’hui, tout va bien ; mes enfants (ainsi que mon mari qui s’en est remis!), qui comptent plus que tout pour moi et mon entreprise, dans laquelle je m’épanouie pleinement et qui me permet d’envisager l’avenir sereinement. Malgré les concessions que cela implique.

C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité consacrer mon billet du jour à une étude publiée le 24/06/2013 par l’Insee qui montre toute l’étendue du chemin à parcourir. Après une naissance, plus d’une mère sur deux (55 % précisément) a réduit ou interrompu son activité professionnelle au moins un mois (au-delà du congé maternité). Seul un homme sur neuf (12 %) va au-delà de son congé de paternité.

Etre père en congé parental, c’est encore aujourd’hui être considéré comme un héros. Par la gente féminine en tout état de cause. L’illustration peut en être faite avec la présence de Ian Zakrocki au Women’s Forum Brazil. Cet heureux papa en congé parental a marqué de sa présence et insufflé une énergie toute positive à la manifestation. Ian Zakrocki a fait le voyage pour Sao Paulo avec son bébé et sa femme, Krista J. Pilot, directrice en charge de la stratégie de la communication du groupe Pepsi. Le couple revendique le droit à une parentalité assumée et moderne !

Congé parental, partager pour favoriser l’emploi des femmes

Aujourd’hui, 96,5% des bénéficiaires actuels du congé parental sont des femmes. A l’aube d’une réforme à l’étude (3 juillet 2014) avec pour objectif  d’accroitre le niveau d’emploi des femmes et d’assurer une meilleure répartition des responsabilités parentales, la discussion se fait vive dans les médias et au sein des groupements liés aux politiques familiales. Pour que le père en congé parental passe du statut de héro à celui d’un père « normal », il faudra encore quelques efforts, consentis par la société dans toute sa globalité, hommes et femmes confondus. En effet, deux grandes questions restent à poser : les femmes sont-elles vraiment prêtes à lâcher leur congé parental ? Et celles qui le souhaitent ont-elles le choix ? C’est bien là qu’est placé tout le débat !

C’est en partie ce que révèle l’étude récente de l’INSEE. «De nombreuses raison conduisent les mères à prendre un congé parental mais les plus fréquentes – citées par environ 90 % des mères – sont le bien de l’enfant et le souhait de se consacrer à son éducation», explique l’Insee.

Pourquoi une telle différence entre hommes et femmes ? L’étude avance plusieurs explications, au-delà du manque d’intérêt qu’exprime près d’un papa sur deux pour le congé parental. Si la moitié des hommes ne pensent tout simplement pas à prendre un congé parental, un tiers des papas avouent avoir peur pour leur carrière. 30% des hommes interrogés confient en effet que leur travail est le principal obstacle à leur envie de pouponner : ils sont 9% à avoir peur que leurs relations avec leur employeur se dégradent et que leur congé soit incompatible avec leur travail. 6% ont peur de voir leur promotion hiérarchique freinée voire de perdre leur emploi. Autre obstacle : l’aspect financier. 15% des papas estiment que « ce congé n’est pas assez bien payé » : les femmes sont plus nombreuses d’ailleurs à critiquer son faible montant (39%). Certains papas par ailleurs pensent ne pas avoir droit à ce congé parental : tous les papas ne sont pas salariés et beaucoup ne remplissent pas les conditions requises pour bénéficier d’une réduction de leur activité professionnelle.
Enfin, certains papas interrogés expliquent qu’ « ils auraient pu s’arrêter mais sont parvenus à s’arranger autrement ». Et souvent cet arrangement n’est autre que le congé parental pris par leur conjointe…

Les pères sont donc peu enclins au congé parental à temps plein : 98% de ceux ayant au moins un enfant de huit ans n’en ont pas pris (contre 72%). Et parmi ces derniers près de la moitié (46% d’entre eux) ne l’ont même pas envisagé a priori, contre un quart des femmes.

Selon l’étude toujours, plus les familles s’agrandissent plus les femmes sont nombreuses à s’arrêter, pendant au moins un mois, au-delà du congé maternité. De 28% au premier enfant à 55% au troisième. Elles s’arrêtent d’ailleurs davantage qu’elles ne réduisent leur activité (37% après le troisième). Inversement, les pères réduisent leur activité prioritairement, via un temps partiel, mais dans des proportions très faibles (9% de réduction contre 5% de cessation d’activité).

Les modalités sur le congé parental aujourd’hui ?

A la naissance d’un enfant, les parents bénéficient de leurs congés maternité ou paternité. Ils peuvent par la suite interrompre leur activité ou réduire leur temps de travail dans le cadre d’un congé parental d’éducation (à temps plein ou partiel), sans perdre leur travail. 33% des parents ont ainsi eu recours en 2010 à cet avantage légal. Les parents renoncent à leur salaire mais perçoivent le complément de libre choix d’activité, qui peut atteindre jusqu’à 566 euros par mois. Au premier enfant ce congé peut durer 6 mois maximum et jusqu’à trois ans à partir du deuxième.

75% des mères s’étant arrêtées en 2010 ont pris leur congé parental à temps plein. 8% n’ont utilisé que des jours de congé (RTT, congés payés) et 17% ont préféré prendre des congés sans solde, ou bien encore démissionner.

Que dit la réforme à l’étude ?

La réforme proposée vise à identifier, au sein des droits actuels, une période de partage de 6 mois du congé parental pour le couple. Pour la naissance d’un premier enfant, le conjoint pourra lui aussi bénéficier d’un congé de 6 mois. Le couple bénéficiant d’un congé d’un an au total.

«Le congé parental ce n’est pas toujours la mère qui doit en être bénéficiaire (97% à ce jour, ndlr). Le couple n’en sera totalement bénéficiaire, que quand le père prendra aussi une part du congé parental», affirmait François Hollande en mars dernier.

Certes, cela n’est pas simple. Parce qu’aujourd’hui encore, les femmes gagnent moins que leur mari (25% en moyenne) et parce qu’il faut bien l’avouer, encore peu d’hommes ont envie de profiter de cette réforme, avec la crainte de l’interruption de carrière, qui reste préjudiciable, autant pour une femme que pour un homme !

Sources :

Les Echos

20Minutes.fr

Terra Femina