De la gauche à la droite tous les politiques veulent la renationalisation des sociétés d'autoroute, sauf... le gouvernement !

Publié le 29 octobre 2013 par Leunamme

C'était en 2006, le gouvernement de Dominique de Villepin avait décidé la privation de la totalité des sociétés d'autoroutes nationales. Il s'agissait déjà de combler le déficit public. Les sociétés d'autoroutes ont été bradées à des prix défiant toute concurrence, notamment à des poids lourds du BTP. A l'époque, seul François Bayrou s'était opposé avec virulence à cette décision, lui qui est pourtant le premier apôtre de la réduction des déficits publics, démontrant au passage qu'il s'agit bien là plus d'une posture, d'une idéologie, que d'un véritable avenir pour notre pays. Depuis, les tarifs autoroutiers ont explosé, l'état des routes s'est dégradé, contrairement aux engagements qu'avaient pris les nouveaux concessionnaires. Dans le même temps, évidemment, les bénéfices n'ont fait qu'augmenter pour les actionnaires.

Aujourd'hui, un rapport de la Cour des comptes, dont les positions actuelles sont de plus en plus libérales, vient rappeler que l'Etat et les utilisateurs des autoroutes se font gruger en permanence par les concessionnaires. Aujourd'hui, des hommes et des femmes politiques de tous bords, du Front de gauche à Debout la République (le parti de Nicolas Dupont-Aignan) en passant par les verts,  l'aile gauche du PS et l'UMP, réclament que la gestion des autoroutes nationales repassent dans le giron public. Sur ce sujet, il y a donc consensus.

Complet ? Non, bien sûr puisque seul le gouvernement y est opposé. Il s'apprête même à proroger pour trois nouvelles années le bail aux sociétés concessionnaires. Cette situation est d'autant plus incompréhensible que durant la campagne électorale, François Hollande avait été très clair (si, si), se posant ouvertement "la question du contrôle de l'Etat sur ces sociétés en situation de monopole" (Ce sont ses mots).

Il ne s'agit pas là d'une nouvelle démonstration de l'incapacité de ce pouvoir et de ce président de la République à trancher, à prendre des décisions. Bien au contraire ! Les décisions sont prises, seulement elles sont systématiquement inverses aux promesses de campagne. Il ne s'agit pas là de faiblesse, mais bien d'une politique réfléchie et voulue. Le problème vient du fait qu'elle ressemble étrangement à celle du gouvernement précédent, et surtout qu'elle n'est pas assumée.

Cet épisode, pourtant peu médiatisé, est hautement symbolique de ce qui se passe dans le pays depuis 18 mois et qui entraîne un désarroi profond dans le pays. Parce qu'il ne fait pas la politique pour laquelle il a eu un mandat, le pouvoir de François Hollande est devenu illégitime. Parce qu'ils manqueraient à leur nécessaire devoir de cohérence, tous ceux qui à gauche aujourd'hui reprochent au gouvernement sa politique de droite, ne peuvent faire d'alliance électorale avec lui, sous peine de devenir eux aussi illégitime.

PS : Pour en savoir plus, on trouve l'intégralité du dossier sur le site de Marianne, avec une excellente analyse de la situation (ici), et surtout le texte de la pétition signée par les élus et la lettre de François Hollande où il donne sa position sur le sujet (là)