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Manuel Valls, candidat« par défaut » de la Gauche en 2017 ?

Publié le 29 octobre 2013 par Delits

Si l’élection présidentielle de 2017 peut apparaître encore lointaine, les supputations sur les futurs candidats vont déjà bon train. Et l’hypothèse d’une candidature de Manuel Valls gagne du terrain.Plusieurs sondages sont venus la semaine dernière renforcer cette éventualité. Mais derrière la tendance générale, ils démontrent que pour le moment, Manuel Valls n’est pas nécessairement le mieux placé au sein du peuple de Gauche et plus encore auprès des sympathisants socialistes pour briguer le droit de représenter le parti à l’élection majeure de la vie politique française.

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Une marche de plus vers le poste de Premier ministre ?

Dans un sondage Ifop pour le site Atlantico, les Français indiquent qu’ils préféreraient en premier lieu Manuel Valls pour succéder à Jean-Marc Ayrault au poste de Premier ministre en cas de remaniement (30%, loin devant Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault). Ce sondage confirme la bonne image de Manuel Valls dans l’opinion et la volonté des Français de lui voir jouer un rôle plus important à l’avenir dans la vie politique française. Alors qu’un remaniement gouvernemental pourrait avoir lieu après les élections municipales et européennes de 2014 qui risquent d’être sévères pour la majorité en place, Manuel Valls apparaît donc bien placé aux yeux des Français pour monter encore une marche en direction de la fonction présidentielle.

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Une cote d’avenir qui monte, qui monte…

Autre signe du désir des Français de voir Manuel Valls occuper de hautes fonctions, sa cote d’avenir mesurée notamment dans le baromètre politique Figaro Magazine réalisé par TNS Sofres. En effet, dans la dernière vague d’octobre, Manuel Valls arrive de nouveau en tête des personnalités politiques que les Français souhaitent voir jouer un rôle important dans les mois et années à venir. Avec 43% de réponses positives, il devance Nicolas Sarkozy, mais surtout tous les autres représentants socialistes : Martine Aubry (31%), Bertrand Delanoë (31%), Ségolène Royal (26%), Christiane Taubira (24%), Laurent Fabius (23%) ou encore Arnaud Montebourg (23%). La courbe ci-dessous montre clairement qu’en dépit de quelques creux, les Français déclarent de plus en plus depuis 2009, et plus encore depuis son entrée au gouvernement en mai 2012, vouloir que Manuel Valls joue un  rôle important dans l’avenir du pays. Certes, on peut s’interroger sur le fait qu’il soit aujourd’hui arrivé à un palier, mais la courbe dessine très nettement une dynamique positive.

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Evolution de la cote d'avenir de Manuel Valls

Évolution de la cote d’avenir de Manuel Valls – TNS Sofres

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Une image de présidentiable qui s’affine…

De plus, Manuel Valls dispose d’une image de plus en plus en affinité avec la fonction de Président de la République, comme le démontre le sondage Harris Interactive pour Figaro Magazine et LCP. Non seulement ce sondage place Manuel Valls en première position des personnalités que les Français souhaiteraient voir représenter le PS en 2017 (33% contre 9% pour l’actuel Président et 8% pour Martine Aubry), mais il démontre que le locataire de la place Beauvau possède aujourd’hui une bien meilleure image que François Hollande dans l’opinion. Non seulement les Français le jugent beaucoup plus dynamique, courageux et compétent, mais ils estiment en plus grand nombre qu’il  comprend bien les préoccupations des Français, qu’il a de bonnes idées pour la France, qu’il sait où il va et qu’il dirigerait bien la France s’il était Président de la République (51% contre 21% pour François Hollande sur ce dernier point).

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Comparaisons des traits d'image de François Hollande et de Manuel Valls auprès des Français - Harris Interactive

Comparaisons des traits d’image de François Hollande et de Manuel Valls auprès des Français – Harris Interactive

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… Mais un soutien à Gauche moindre que dans l’ensemble de la population

Toutefois, ces résultats sont dans tous les cas à nuancer par une lecture plus fine des résultats selon la sympathie partisane des répondants. En effet, une élection présidentielle se gagne en général avant tout dans son propre camp et sur ce point, Manuel Valls n’est pas assuré d’ici 2017 de faire le plein de soutiens à Gauche :

-   Dans le sondage Ifop pour Atlantico, les sympathisants socialistes apparaissent beaucoup plus partagés que l’ensemble des Français sur la personne qu’ils aimeraient voir remplacer Jean-Marc Ayrault : si 25% désignent Manuel Valls, autant choisissent Martine Aubry qui incarne une ligne différente à Gauche. C’est donc les sympathisants de l’UMP qui font pencher au total la balance en faveur du Ministre de l’Intérieur, avec 50% de citations.

-   Dans « l’affaire Leonarda », selon le baromètre Harris Interactive / Délits d’opinion, ce sont également surtout les sympathisants de Droite et d’Extrême-Droite qui ont soutenu l’attitude ferme de Manuel Valls, davantage que les sympathisants de Gauche (respectivement 77% et 71% contre 62%). Cette affaire a semble-t-il renforcé la cote de confiance de Manuel Valls (59%, +9 points) alors qu’elle n’a pas permis à François Hollande de rebondir (29%, stable). Mais notons que le taux de confiance envers Manuel Valls baisse auprès des sympathisants socialistes (71%, -7 points).

-   Dans le sondage Harris Interactive pour le Figaro Magazine et LCP, François Hollande devance Manuel Valls comme candidat préféré du Parti Socialiste à l’élection présidentielle de 2017 au sein des sympathisants de Gauche (27% contre 23%) mais surtout parmi les sympathisants socialistes (37% contre 24%). De plus, Manuel Valls reste moins bien perçu que François Hollande sur  des dimensions humaines, importantes aux yeux de l’électorat de Gauche : sa capacité à être honnête (70% contre 86% pour l’actuel Président) et sympathique (50% contre 84%). Et il apparaît également quelques points derrière François Hollande sur le fait d’avoir de bonnes idées pour la France (64% contre 67%) ou de pouvoir réformer le pays dans le bon sens (63% contre 67%).

Rappelons qu’en 2011, Manuel Valls n’avait recueilli que 5,7% des voix des sympathisants socialistes qui s’étaient exprimés lors des primaires socialistes. Si sa stature présidentiable s’est depuis étoffée, il n’est aujourd’hui, au vu de ces chiffres, pas assuré de sortir gagnant de nouvelles primaires. Toutefois, soulignons que le soutien de la Droite ne le prive pas d’une image majoritairement positive dans son camp et qu’il semble en mesure d’incarner une partie de la Gauche.

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Une capacité à gagner face à la Droite qui pourrait bien faire la différence

Si Manuel Valls n’apparaît pas aujourd’hui comme le plus « désirable »  à  Gauche, plusieurs dimensions jouent en sa faveur :

-   Les dynamiques opposées en vue de l’échéance électorale de 2017 : si les courbes (confiance, cote d’avenir…) de Manuel Valls progressent de manière quasi-continue, celles de François Hollande ne cessent de décroître depuis son élection. Et si les élections intermédiaires vont sans doute continuer à « abîmer » François Hollande, elles devraient épargner Manuel Valls : celui-ci apparaît davantage comme une source d’inspiration pour plusieurs candidats aux élections municipales et est appelé comme soutien anti-FN dans la campagne.

-   La capacité perçue à battre la Droite : en effet, il est intéressant de noter que dans le sondage Harris Interactive, Manuel Valls est surtout présenté comme le seul candidat à pouvoir battre la Droite en 2017 selon une majorité de répondants. 54% estiment en effet qu’il pourrait certainement ou probablement l’emporter. Seuls 16% des Français sont du même avis en cas de nouvelle candidature de François Hollande. Même les sympathisants de Gauche, qui déclaraient davantage souhaiter une candidature de Hollande, estiment que Manuel Valls a plus de chance d’être élu face à un candidat de Droite : 66% contre 36% pour l’actuel Président. Dans un sondage Harris Interactive pour Marianne réalisé en juillet dernier, Manuel Valls apparaissait déjà comme le seul candidat – par rapport à Arnaud Montebourg ou à Jean-Luc Mélenchon –  que les Français indiquaient souhaiter voir élu Président de la République face à Nicolas Sarkozy.

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Or, rappelons que c’est en partie sur cet argument de capacité de victoire que François Hollande avait pu remporter les primaires socialistes de 2011. En effet, ses soutiens justifiaient assez largement leur préférence par la capacité perçue de François Hollande à battre Nicolas Sarkozy, ce qui ne semblait pas être le cas pour Martine Aubry.

Termes les plus employés pour justifier le choix de François Hollande à la primaire socialiste de 2011

Termes les plus employés pour justifier le choix de François Hollande à la primaire socialiste de 2011 – Harris Interactive

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Manuel Valls pourrait donc bénéficier en 2016 de sa stature de présidentiable et de sa capacité perçue à s’opposer avec succès au candidat de la Droite pour être désigné représentant du Parti Socialiste à l’élection présidentielle. Toutefois, s’il souhaite effectivementêtre le candidat du PS en 2017, il devra rééquilibrer son image et être plus attractif au sein de son propre parti et pour les électeurs de Gauche avant de chercher à convaincre les électorats centristes et de Droite. 


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