Nos héros sont morts ce soir de David Perrault

Publié le 29 octobre 2013 par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

 

France, 2013 , 1h37, N&B
Avec Denis Ménochet, Jean-Pierre Martins, Constance Dollé
Philippe Nahon, Pascal Demolon, Alice Barnole, Yann Collette
Date de sortie : 23 octobre 2013

Synopsis

France, début des années 60. Simon, catcheur, porte le masque blanc, sur le ring il est « Le Spectre ». Il propose à son ami Victor, de retour de la guerre, d’être son adversaire au masque noir : « L’Équarrisseur de Belleville ».

Mais pour Victor, encore fragile, le rôle paraît bientôt trop lourd à porter : pour une fois dans sa vie, il aimerait être dans la peau de celui qu’on applaudit. Simon suggère alors à son ami d’échanger les masques. Mais on ne trompe pas ce milieu là impunément…

« Ce film en forme de fantasme aiguise la curiosité. Atypique, audacieux et modeste, David Perrault mérite, au minimum, un deuxième round. » Positif.

A propos du film

Nos héros sont morts ce soir est le premier long-métrage du réalisateur David Perrault

Une photo de l’Ange Blanc à l’origine du film
C’est une photo qui est à l’origine de Nos héros sont morts ce soir. Elle représentait un homme masqué, un verre de vin rouge à la main accoudé à un bar de bistrot pendant les années 1960. Pour le metteur en scène David Perrault, cette photo a fait office de déclic : « Après quelques recherches, je me suis rendu compte qu’il s’agissait là de l’Ange Blanc, catcheur extrêmement populaire à l’époque. Je découvrais alors tout un univers avec ses héros, ses méchants. Tous ces catcheurs ont été oubliés depuis. Et c’est là quelque chose qui me fascine : les mondes qui s’effacent, disparaissent et n’existent plus. Les années 60 et le catch me permettaient aussi de rêver autour de certains motifs qui m’obsèdent comme la frontière entre la vie et le spectacle, les masques, les troubles de l’identité… le tout porté par une forme de mythologie française. »

Le titre
Ce titre mélancolique, « Nos héros sont morts ce soir« , est inspiré par l’un des films favoris du réalisateur, Nous avons gagné ce soir de Robert Wise : « Un des meilleurs films de la RKO, d’ailleurs. Ce titre sonne effectivement comme un adieu, comme dans cette scène où la statue de James Cagney se met à fondre. Mais pour autant, la fin du film est suffisamment flamboyante pour qu’on dépasse la nostalgie. »

Le film se passe dans les années 60
La transposition du film dans les années 60 paraissait comme une évidence pour le réalisateur. Il apprécie notamment la société de cette époque capable d’accepter des spectacles aussi naïfs – les gentils catcheurs contre les méchants – que des choses plus modernes : « La France d’après-guerre laisse place à une France plus pop. Cette dualité s’incarne parfaitement dans les deux personnages féminins. C’est aussi une période charnière entre le « cinéma de papa » et la Nouvelle Vague. Mais je fais comme si cette « guerre » entre ces deux cinémas n’avait jamais eu lieu. Je voulais prendre le réalisme fantastique, la Nouvelle Vague ou même les films noirs de série B américaine et faire ma propre histoire parallèle du cinéma. »

David Perrault a été attentif aux choix des costumes et des coiffures pour qu’ils ne sonnent pas faux à l’écran : « Je n’aime pas quand dans les films d’époque, les personnages ont l’air de sortir tout droit du pressing ou d’un catalogue de mode. Il fallait éviter le côté reconstitution ostentatoire. »

La bande-son
Pour éviter le pastiche ou le côté vieux Paris pittoresque de l’époque, le réalisateur a dirigé Julien Gester et Olivier Gonord à la bande-originale pour qu’ils insufflent un vent nouveau à cette œuvre transposée dans les années 60 : « La musique de Julien et Olivier mélange des sons qui se rapprochent de la voix humaine et d’autres plus électroniques. Elle ajoute à la dimension onirique du film. Elle accompagne les décrochages stylistiques dont est ponctué le récit : scènes de rêve, ralentis… Je voulais justement qu’elle sonne comme dans une église, qu’elle apporte une dimension quasi-mystique à l’ensemble. Sons électroniques, musique religieuse, toujours l’idée de faire le grand écart entre tradition et modernité. »

Festivals

Le film a été sélectionné à la Semaine de la Critique 2013.

Charles Tesson, le délégué général à la Semaine de la Critique de Cannes 2013, a défini Nos héros sont morts ce soir comme étant du « Jacques Becker filmé par Wong Kar-Wai », mettant ainsi en avant l’écart entre classicisme et modernité. Un compliment qu’a accepté volontiers David Perrault, qui déclare : « Jacques Becker, c’est très flatteur, il a réalisé les plus grands films noirs français. J’ai même parlé de Touchez pas au Grisbi à Denis Ménochet et Jean-Pierre Martins pour la relation fraternelle qui unit les deux personnages. Wong Kar-Wai, cela vient sans doute de mon attirance pour le glamour, une certaine forme de fétichisme, l’utilisation des ralentis aussi… »

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