Pia Petersen entre dans cette belle collection de lettres. Rappelons que la devise de cette collection est « Ecrivez la lettre que vous n’avez jamais écrite. » Elle se destine à une personne en particulier. Pia Petersen, ou une narratrice (on ne sait jamais très bien qui est qui dans ces lettres. Le doute persiste, et tant mieux.), s’adresse à l’homme qu’elle a aimé. Il était marié, il s’est séparé de sa femme pour elle. Il l’a demandé en mariage, elle ne voulait pas, et a fini par céder. Le jour du mariage, elle est partie. Il n’a plus jamais voulu lui adresser la parole.
Cette lettre est forte en émotion, de l’émotion d’une femme qui regrette un homme, qui regrette qu’il ne veule même pas entendre ses explications. Mais cette lettre, ce n’est pas que ça. Pia Petersen nous emmène sur les thèmes du statut de la femme, du féminisme, de la condition de vie de l’écrivain, puis des deux réunis.
Elle évoque le thème de la maternité. Elle voit dans la vision qu’on a des femmes, de simples machines à reproduire. Leur but dans la vie serait la reproduction. La narratrice, elle, n’a pas d’enfants, et est incomprise par toutes ces mères-femmes. Seraient-elles jalouses du choix de vie de la narratrice ? Elles lui cherchent des excuses et ne comprennent pas un simple choix : « Tu es stérile ? » est un des sous-entendus qui traînent régulièrement aux oreilles de la narratrice.
Je représentais pour ces femmes un autre aperçu de ce que pouvait être la vie et en cela j’étais une agression. [...] Je me dis que je dois être capable de prouver par ma propre expérience qu’une femme ne se définit pas d’après son ventre, d’après sa capacité à la reproduction, qu’elle est un être humain avant tout, qu’elle peut étendre son champ d’action, son espace, ses possibilités et je considère que ma joie de vivre est la preuve que l’on peut se vivre autrement.
Puis, elle évoque aussi le statut de l’écrivain, le fait qu’il ait besoin de temps pour écrire, qu’il ait une vie parfois un peu différente des autres, et qu’il ne soit parfois pas beaucoup mieux compris :
Mais j’étais un écrivain et non pas une femme qui écrit. Peut-être l’as-tu oublié à un moment donné ? Mon travail d’écriture me prend beaucoup de temps, me remplit tellement, plus qu’un travail, c’est un mode de vie, une manière d’être, je n’en ai pas d’autre. Je voyage beaucoup avec mes livres et rencontre des gens partout dans le monde. J’ai une vie pleine.
En conclusion, Pia dans cette lettre nous dit que nous avons toujours le choix…
Un très beau texte. À lire, que nous soyons en accord ou non avec son choix de vie !