Un nouveau 10 mai 1940 se profile à l’horizon
Publié Par Bernard Martoïa, le 29 octobre 2013 dans SocialLe monopole de la sécurité sociale est-il un bastion imprenable ?
Par Bernard Martoïa.
Débâcle de juin 1940.
La majorité des Français vivent dans l’illusion que l’État-providence dans lequel la plupart ont vécu depuis son instauration avec les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 créant la sécurité sociale est indépassable. Leur aveuglement me fait penser à une autre génération, celle de 1940 durant la « drôle de guerre » où celle-ci avait été déclarée contre l’Allemagne, le 3 septembre 1939, après l’invasion de la Pologne, attaquée des deux côtés, et que nous avions abandonné sans trop de remord à son sort tragique. Les Français avaient été entretenus dans l’illusion que les Allemands ne franchiraient jamais la ligne Maginot.
On retrouve la même attitude irresponsable aujourd’hui à propos du monopole de la sécurité sociale qui serait un bastion imprenable. À Paris c’était la fête tous les jours pendant la drôle de guerre jusqu’à un certain 10 mai 1940 quand les colonnes de blindés du général Heinz Guderian (1888-1954) contournèrent la ligne Maginot en attaquant dans le saillant des Ardennes jugé « imprenable » par l’État-major français. L’armée française fut rapidement bousculée et débordée dans un mouvement de faux conduit par ce fin stratège allemand. Le miraculeux rembarquement du corps expéditionnaire anglais à Dunkerque s’explique par une énorme bourde d’Adolph Hitler qui ordonna à Guderian de faire une pause dans sa progression fulgurante.
De même qu’il y avait des signaux tangibles pour nous préparer sérieusement à la guerre au lieu de faire la fête, de même on retrouve la même attitude suicidaire de notre nation ne voulant pas s’adapter à une mondialisation qui ne date pourtant pas d’hier. Le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989. Cela fait vingt-quatre ans. Excusez du peu ! Certains peuples l’ont compris tout de suite en s’adaptant au nouveau paradigme marqué par la fin de la bipolarité idéologique. D’autres ont été plus lents à prendre les mesures qui s’imposaient avec le démantèlement progressif de l’État-providence. L’Allemagne n’entreprit sa mue que dix ans après la chute de Berlin sous l’égide d’un chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder, dont l’histoire retiendra certainement le nom ainsi que celui de Peter Hartz, le directeur des ressources humaines de la société Wolkwagen, qui a considérablement assoupli le marché du travail trop rigide dans ce pays.
Alors que la faillite de nos voisins immédiats, le club Med pour les uns, les PIGS pour les autres, aurait dû nous inciter à engager des réformes trop retardées, les élections de 2012 ont été une occasion ratée de nous donner les moyens d’y parvenir. Les Français n’aimaient pas Nicolas Sarkozy pour un tas de raisons que nous comprenons mais ils auraient pu élire une majorité de la fausse droite à l’assemblée nationale. Ils ont préféré donner les pleins pouvoirs au parti socialiste (la vraie gauche) avec le succès que l’on connaît. Très déçus, ils se tournent à présent vers Marine Le Pen pour les sauver du désastre.
Les Français n’ont toujours pas compris que l’État-providence dans lequel ils baignent depuis trop longtemps n’est pas tenable dans un environnement hyper concurrentiel. Si les réformes avaient été menées à un rythme régulier, nous ne serions pas aujourd’hui dans une situation critique. Pour une raison qui m’échappe, les marchés financiers n’ont pas encore attaqué la France alors que sa vulnérabilité empire de jour en jour. Tant les propositions du Front National que celles de l’UMP sont pusillanimes face aux nombreux défis que notre pays doit relever. Quant au gouvernement actuel, il ne se passe pas une semaine sans qu’il sorte de sa botte une proposition inepte ou outrageante.
Certains disent que la France a besoin d’un électrochoc pour la sortir de sa torpeur. Au plus profond de la vague, elle s’est toujours raccrochée à un homme providentiel au cours de sa longue histoire mouvementée. C’est pathétique mais il faut faire avec cette incontournable donne dans notre imaginaire. Ce n’est ni un François ni une Marine qui la sauvera de la faillite programmée mais un programme cohérent de réformes libérales trop longtemps différées.
La fin du monopole de la sécurité sociale, implicitement prononcée par la Cour de Justice de l’Union européenne le 3 octobre 2013 dans le plus parfait anonymat, est une excellente nouvelle car elle redonnerait du pouvoir d’achat aux ménages français qui pourraient s’assurer à un moindre coût. Certains parlent de révolution sur internet à la lecture de mon article. Je n’ai jamais aimé ce mot car il évoque le sang coulant à flot dans les rues de Paris. Lisez les réflexions sur la révolution française de l’historien anglais Edmond Burke (1729-1797) ou Les Mémoires d’Outre-tombe de François René de Chateaubriand (1768-1848) à la place des idolâtres jacobins pour vous faire une idée des massacres perpétrés. Parlons plutôt d’une évolution différée et apaisée par le travail lent et minutieux de juges éclairés pour circonvenir une nation récalcitrante à un ordre juridique européen qui reste le meilleur gage de paix sur notre vieux continent. Amen !
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