On a longtemps cru
que le pire qui pouvait arriver à Spider-Man, c'était de se retrouver face à
face avec Venom, le symbiote éconduit, associé à Eddie Brock, ancien
journaliste qui carbure à la haine et au ressentiment. Mais que dire de
Carnage, alors? Version ultra violente de Venom (qui à peu près à la même
époque commençait à devenir plus un anti-héros qu'un vrai vilain) dont il est
un rejeton, cette créature infernale se démarque par sa couleur éloquente (le
rouge) et son hôte. Un certain Cletus Kassady, psychopathe notoire et
probablement irrécupérable. Dans sa cellule capitonnée, il va faire la
rencontre d'une certaine Shriek, tout aussi dérangée du ciboulot. Un couple qui
joue avec la démence, et va vite trouver une progéniture à adopter, en la
personne du double maléfique de Spider-Man, le Doppleganger conçu à l'occasion
de Infinity War. Ajoutez à cela la présence du Demogoblin qui tourne au dessus
des toits de New-York, et vous comprendrez facilement pourquoi Venom lui même
reçoit une jolie correction, qui l'amène à pénétrer au domicile des Parker,
pour solliciter l'aide de Peter. Dehors, c'est la folie ambiante qui règne, les
habitants de New-York s'abandonnent à leurs plus sombres penchants, et d'autres
personnages participent à la sarabande, comme la Cape et l'Epée, Morbius, la
Chatte Noire, ou encore Carrion et Captain America.
Maximum Carnage fut
présenté à l'époque dans une série d'albums appartenant à la collection
Spider-Man Version Intégrale, de chez Semic. Il s'agit d'une longue saga qui
implique plusieurs titres comme Amazing Spider-Man, Spectacular Spider-Man,
Spider-Man, Web of Spider-Man, mais aussi Spider-Man Unlimited, pour être
complet. Beaucoup d'artistes se relaient, comme de coutume, et on appréciera
notamment la présence de Mark Bagley, qui a longtemps été la référence en
matière arachnéenne, avant de filer sur la version Ultimate. Sal Buscema, au
trait anguleux et vif, est l'artiste qui opère sur Spectacular, tandis que Tom
Lyle et Alex Saviuk, d'autres dessinateurs au menu, sont plus brouillons et
quelconques, et manquent de personnalité. La folie, la violence, servent de
maître étalon pour voir jusqu'où pourra aller Spider-Man, jusqu'à quand pourra
t-il supporter la situation sans modifier ses méthodes et toujours chercher à
compatir, comprendre, pardonner. Doit-il adopter un comportement plus
expéditif, comme le suggère et l'encourage Venom? Les comics des années 90 lorgnent
sans vergogne vers l'ultra violence et le règlement de compte, et ce Maximum
Carnage est une tentative de radicaliser Peter Parker, de le pousser dans ses
derniers retranchements. Jamais édité en format librairie, ce pourrait être une
bonne idée, pour Panini, de tenter une belle version de collection, ne
serait-ce que pour titiller les nostalgiques des nineties, l'époque où je
fréquentais les bancs de la fac, par exemple...