Salle comble. Aucun siège vacant grâce au regard scrutateur des ouvreurs. Il est plus que prudent de réserver. Mais cela vaut le coup.
D'abord parce qu'une pièce de théâtre écrite par une femme, et montée par une autre c'est rare. Ensuite parce que le sujet est formidablement traité. Enfin parce que ce n'est pas un énième spectacle sur les relations amoureuses mais une écriture résolument contemporaine, interprétée dans un décor en perpétuel remaniement, où les deux comédiens "donnent tout".
Cela commence avec Adam et Eve au paradis blanc. L'ennui s'installe. Elle éprouve un désir d'épanouissement intellectuel. il lui demande de ne plus penser. Chacun devient le ou la Camille de l'autre et c'est parti à un rythme d'enfer. L'amour occupe un espace pavé de bonnes intentions mais qui tourne au règlement de comptes au premier malentendu.
Ce n'est pas l'effet comique qui est recherché, mais on rit beaucoup, surtout par connivence avec l'un ou l'autre. Ils n'ont pas la même idée de la sexualité. De toutes façons hommes et femmes en prennent pour leur grade, un peu comme dans la vraie vie ... un peu plus on dira ... jusqu'à la fin, très poétique : Ecoute le présent, comme il est beau, et comme il a manqué à notre amour.
Entre temps nous aurons assisté à des scènes d'anthologie, comme l'échange de promesses (jure-moi, je te jure), la soirée en boite où je n'ai pas compté le nombre de gin tonic qu'ils auront avalés, un petit jeu de la vérité, et sans doute le baiser le plus long de l'histoire du théâtre.
Le tout chorégraphié sans leur laisser plus de quelques secondes de répit entre deux morceaux. Le niveau physique du jeu des comédiens empêche la caricature. Le traitement est original mais juste et on se demande au final pourquoi les hommes et les femmes continuent à être obsédés par le désir de vivre en couple alors qu'on vient de nous démontrer que l'amour est un sport de combat, ce que l'on savait d'ailleurs en arrivant puisque la chance de passer le cap d'un an de vie commune n'excède par 50%.
Catherine Schaub rêvait d'acteurs polymorphes, imprévisibles, sanguins et généreux. Audrey Dana et Sami Bouajila le sont au-delà de ce qu'il était raisonnable d'espérer.
Ring, avec Audrey Dana, Sami Bouajila. Décors Élodie Monet. Lumières Jean-Marie Prouvèze. Costumes Julia Allègre. Musique Bastien Burger. Image vidéo Mathias Deflau. Chorégraphies Magali B.Du mardi au vendredi à 21 heures, le samedi à 16 et 21 heuresThéâtre du Petit Saint Martin17 rue René Boulanger - 75010 Paris 01 42 08 00 32