Présentation par le Dr Maxime Sodji de "Dame Obésité"
Le projet d'écriture d'une pièce de théâtre avec des personnes obèses opérées a démarré en 2009 avec plusieurs phases. Plusieurs groupes et plusieurs projets de scénario se sont succédés. Le projet initial patients-auteurs-acteurs est abandonné en raison des contraintes professionnelles des uns et des autres. L'évidence s'est imposée en 2012 : avec un recul de plus de 10 ans de chirurgie de l'obésité, la prise en charge de l'obésité demeure complexe ; l'avant et l'après chirurgie, riches en questionnements et en émotions, sont des « sujets de théâtre » ; le corps médical doit devenir modeste vis-à-vis de l'obésité et le patient lui, devenir co-auteur du traitement ; enfin l'art et l'obésité peuvent faire alliance. J'ai compris que je ne serai pas qu'un chirurgien de l'obésité mais un chirurgien aux côtés de la personne obèse. En janvier 2013, j'ai pu réinsuffler un nouvel élan, constituer une nouvelle commission, animer deux ateliers d'écriture par mois sans oublier tout le travail de recueil et de transmission de données par le biais du forum du site obesite-87.
Ces ateliers ont été des lieux privilégiés de rencontre soignant-soigné. Pas de médecine, ni de blouse, ni de balance. Un lieu de découverte de l'autre, de proximité qui a permis de délivrer les soignés de leur « maladie » et de libérer leur créativité. Nous avons pu ainsi partager des expériences de vie différentes sur un pied d'égalité.
Ces ateliers d'écriture ont été ouverts à tous les opérés. Il y avait plus de récents opérés que d'anciens, le taux de perdus de vue en chirurgie de l'obésité est élevé. L'ambiance de travail a fait coexister les déçus et les euphoriques de la chirurgie, ce qui est un exploit. La verbalisation de leurs histoires de vie, le respect des uns et des autres, l'écoute ont favorisé les échanges et canalisé toutes les énergies vers la création de cette œuvre artistique commune qui doit refléter l'expérience de chacun. L'excitation du début n'a pas faibli, c'est le pouvoir de la création artistique. Tout le monde sera co-auteur de cette pièce de théâtre, les assidus comme les participants d'un jour ou les collaborateurs à distance.
Il faut saluer le courage de ceux qui se disaient en échec, qui se sont isolés et qui ont accepté de revenir parler de leur expérience, et l'humeur joyeuse des opérés récents qui ont égayé ces ateliers. De nouveaux réseaux sociaux ont vu le jour. Ce fut une belle aventure extra-médicale. En pratiquant cette activité artistique, ils sont redevenus actifs en oubliant leur maladie.
Sans chercher à avoir une prétention d'art-thérapie, ces ateliers ont été pour certains une occasion de verbaliser leur mal-être, leurs affects douloureux et beaucoup de non-dits. Tout le monde est devenu ainsi « art-thérapeute » en accompagnant toutes ces personnes vers un « aller-mieux ». Oubliée la traditionnelle relation paternaliste soignant-soigné et place à la parole qui soulage et à l'art qui modifie la manière dont les patients perçoivent l'hôpital, leur maladie et leur vie.
L'évaluation de l'efficacité de l'art-thérapie est encore imprécise. En attendant, nous nous contentons des témoignages de certains sur ces ateliers : « Ce fut la plus belle thérapie qu'aucun psy ne leur ait proposée. »
L'obésité est avant tout un état de mal-être dans un environnement hostile. Je suis persuadé que les exploits de la médecine et de la chirurgie seront vains si la société ne change pas son regard sur la personne obèse. Face à l'épidémie grandissante de l'obésité, nous avons opté pour une prise en charge pluridisciplinaire, médicale et non médicale, de la chirurgie bariatrique au service de l'individu.
Que DAME OBESITE œuvre pour un nouveau regard sur ces belles personnes dites « obèses » qui ont du talent.
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