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Ne pas revendiquer la mairie du Grand-Paris, ou de l’art de souhaiter un anniversaire…

Publié le 06 mai 2008 par Jean-Paul Chapon

Je n’avais pas vue la une de Libération avec la photo de Bertrand Delanoë au moment où j’ai écrit cette note. Je n’avais pas non plus lu les autres articles, juste survolés en diagonale, pour ne pas influencer ma lecture de l’interview du maire de Paris. Je n’aime pas cette photo, et je n’aime pas cette mise ne scène. J’ai écris que Bertrand Delanoë, en tant que maire de Paris, et initiateur de la Conférence Métropolitaine devait “prendre sa part et sa responsabilité” dans la construction du Grand-Paris. Si j’avais vu cette mise en page/scène plus tôt, j’aurais écris que, quelques soient les légitimes aspirations de Bertrand Delanoë, vis à vis du PS ou d’une candidature à la présidentielle, le maire de Paris devait prendre et ne pas fuir sa part et sa responsabilité dans la construction du Grand-Paris.

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Amusant, Bertrand Delanoë choisit le jour anniversaire de l’élection de Nicolas Sarkozy pour enfin sortir de son mutisme sur le Grand-Paris, et annoncer au passage dans un entretien à Libération qu’il « ne revendique pas de devenir le dirigeant » de ce futur Grand-Paris, pardon de Paris-Métropole. D’où on peut déjà conclure deux choses.

Premièrement même si au cours de l’entretien le maire de Paris déclare que le rapport de Philippe Dallier « n’a aucune chance d’aboutir à court terme » et que l’existence d’un maire d’un futur Grand-Paris « n’est pas pour demain, ni même après-demain », la vision de Bertrand Delanoë a au moins en commun avec le sénateur des Pavillons-sous-bois le fait qu’il n’exclut pas que ce futur Grand-Paris-Métropole ait un dirigeant, sauf que ce ne sera pas lui.

Deuxièmement le choix de la date que l’on n’oserait croire être le fruit du hasard, ou une idée saugrenue de Sibylle Vincendon, la journaliste de Libé qui l’interviewe ;-) En s’exprimant de la sorte sur le Grand-Paris le 6 mai, le maire de Paris semble envoyer un message, non dit et national, à vocation présidentielle, le jour où le premier anniversaire de la présidence sarkozienne ressemble plus à un pénible et laborieux travail d’inventaire qu’à des réjouissances festives. Etonnant par exemple d’entendre sur France-Info, des responsables UMP commenter à l’avance la possible non-présence de Nicolas Sarkozy ce soir salle Gaveau pour leur petite commémoration. Et donc derrière le message local et rassurant envers les futurs participants des Assises de la métropole qui doivent se tenir dans un peu plus d’un mois, le 25 juin prochain : «je souhaite que Paris donne de l’énergie, du savoir-faire, des moyens, mais je pense totalement inopportun que son maire en soit l’animateur principal. Disant cela, je veux évacuer la crainte selon laquelle Paris voudrait dominer » semble se cacher un autre message sur le futur de Bertrand Delanoë qu’il verrait bien ailleurs qu’à la mairie du Grand-Paris.

Je pourrais conclure cette note en disant que la question n’est pas de savoir si Bertrand Delanoë veut ou non être le dirigeant du futur Grand-Paris-Métropole. Ce sera en effet aux électeurs, aux citoyens, ou même à l’ensemble de ses habitants, d’en décider pourvu que la nouvelle entité soit dotée d’institutions démocratiques et d’une élection au suffrage universel direct. Ou encore que la question n’est pas de savoir si Bertrand Delanoë veut ou non avoir une position de dirigeant du futur Grand-Paris-Métropole, mais qu’il prenne sa part et sa responsabilité en tant que maire de Paris dans sa construction. Le reste le regarde. Mais ne rentrons pas dans une analyse uniquement politique voire « politicienne » de cette courte interview, qui contient finalement pas mal d’informations à prendre en compte pour les prochains épisodes de la difficile gestation du Grand-Paris-Métropole.

Tout d’abord, un Roger Karoutchi, chef de file de l’UMP régional, renvoyé dans ses buts : « j’observe surtout que Roger Karoutchi a beaucoup fluctué », le contestant sur le fait que seule la Taxe Professionnelle serait mise au pot commun de la solidarité financière et non pas par exemple les droits de mutation, « nous n’avons pas précisé sous quelle forme et à partir de quelle source s’exprimerait cette solidarité ». Ensuite un Christian Blanc, nouveau secrétaire d’Etat au développement de la Région-Capitale à travers lequel l’Etat est mis devant ses responsabilités : « le gouvernement auquel il appartient réussit le tour de force d’organiser un Grenelle de l’environnement sans mobiliser de moyens budgétaires pour les transports en Ile-de-France. Ou encore que le président de la RATP, entreprise publique, promeut à juste titre une liaison inter-banlieue par métro [le projet Métrophérique, ndlr] sans le début d’un financement de l’Etat. Et cela alors que les collectivités locales, dont Paris, se sont déjà engagées à y contribuer. »

La question du Grand-Paris vue par le Président de la République ? « l’intuition d’une question pertinente » répond Bertrand Delanoë se référant certainement plus au discours de Roissy qu’à ses autres prises de positions, puisqu’il ajoute que Nicolas Sarkozy « donne lui aussi l’impression de varier dans son approche du problème et de ne pas toujours déconnecter notre recherche commune de considérations tactiques ou électoralistes. » C’est le moins que l’on puisse dire…

Un petit coup de baume obligé à la région, saluant au passage le rapport de Jean-Paul Planchou, « un travail d’analyse remarquable » dans lequel ce dernier « distingue plusieurs scénarios » et du coup l’occasion pour Bertrand Delanoë de critiquer l’approche dite de la « marguerite » prônée notamment par les Verts et le PC, exit les grosses intercommunalités, parce que ce scénario « conduit à isoler Paris ». Et un petit rappel en direction de la Grande-Couronne, les « oubliés du Grand-Paris » d’Yves Jégo (autre candidat UMP à la région qui lui voit un petit Grand-Paris), le maire de Paris précisant que « la dynamique de la zone dense doit profiter aussi à celle de territoires plus éloignés, notamment l’Essonne, la Seine-et-Marne et les Yvelines. »

Enfin, Paris est sa banlieue accorde une mention spéciale au commentaire d’une rare ambiguïté de Bertrand Delanoë sur le rapport Dallier. « C’est assez créatif », mais pour résumer pas réalisable « à court terme ». Rappelant que Philippe Dallier, lui, ne boude pas la Conférence Métropolitaine à laquelle il a présenté son analyse, le maire de Paris ajoute « je ne dis pas que ses propositions sont vaines, mais encore une fois, elles ne sont absolument pas opérationnelles à brève échéance. »

à suivre…

Jean-Paul Chapon


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