Camille, lycéenne en terminal, est une ado sans histoire, une famille aimante et équilibrée et surtout toute sa bande d’amis réunis pour la première fois dans la même classe. Une année de transition, avant le saut vers l’inconnu. A plusieurs, on se sent plus fort. Sauf que la vie ne nous épargne pas toujours jusqu’à l’âge adulte. Face à l’adversité, chacun va réagir comme il peut, avec son lot de colère, de tristesse, mais aussi beaucoup d’espoir, de rires et de délires.
Je l’ai dé-vo-ré ! Il faut être clair, j’ai la trentaine et la plupart des ados que je croise actuellement m’ennuient ou me laissent penser qu’ils sont d’une bêtise incroyable. Je me trompe sûrement pour certains, mais en soi, je ne m’y intéresse pas. Ceux de ce roman sont beaucoup plus proches de celle que j’ai été. Et cela s’explique peut-être par le fait que l’auteur s’est replongé lui-même dans son adolescence, tout en écrivant une histoire d’aujourd’hui. Bref ses personnages sont plus qu’intéressants et attachants. Je pense que beaucoup de parents aimeraient avoir les mêmes à la maison.
Et l’histoire de capter notre attention autant que la personnalité des personnages. De l’intrigue principale que l’on suit en retenant son souffle avec des suspens bien ménagés aux « petites » histoires secondaires qui font tout le sel de cette période pas souvent aimée de notre vie, je n’ai pas lâché un seul instant leurs pas. Il y avait bien longtemps que je ne m’étais pas autant enfermé dans ma bulle de bien-être pour lire. Avec une écriture fluide et une vision assez juste de nos comportements face à nos premiers émois, prises de têtes, flirts ou grands amours. Une fois de plus, Gilles Legardinier se place principalement d’un point de vue féminin où l’on se retrouve totalement dans les réactions, les doutes, les exagérations de Camille, 17 ans, le cœur et la tête plein de rêves. Et du côté des adultes, il n’est pas en reste avec des profils de profs et de parents du quotidien, guides de ces vies en construction. Très réaliste.
Entre réalité assez sombre pour la trame de fond et légèreté que la jeunesse s’autorise même en cas de crise grave, c’est un bonheur, teinté de nostalgie qui nous enveloppe tout au long de ces pages.
Roseline
Et soudain tout change, de Gilles Legardinier, aux éditions Fleuve Noir, septembre 2013.