Jean-Claude Guillebaud est interrogé dans La Nef :
"Pour dire la vérité, je trouve ces commémorations un peu assommantes. Je garde un bon souvenir de Mai 68 (surtout à cause de Maurice Clavel et de Michel de Certeau) et un moins bon des années qui ont suivi, années durant lesquelles s’est affirmé un gauchisme ou un maoïsme assez niais. Nous sommes en 2008. La distance qui nous sépare de Mai 68 – quarante ans – est la même que celle qui, en 1958, nous séparait de la Guerre de 14-18. À l’époque, j’avais quatorze ans. Je ne garde aucun souvenir d’une commémoration de ce genre. Mai 68 serait-il historiquement plus important que la Grande Guerre ? En fait, je crois que la manie commémorative – qui est devenue extravagante – dissimule une réalité préoccupante : nous n’osons plus nous tourner vers l’avenir. Nous sommes sans espérance et, du coup, seul le passé nous fait rêver. À bien réfléchir, c’est tout simplement médiocre."