Je compte vous en parler très prochainement, mais ceux qui me suivent sur Facebook sont déjà au courant : depuis une quinzaine de jours, j'ai franchi le clan des irréductibles cinéphiles, depuis exactement le jour où ma compagne m'a fait la surprise de m'offrir un lecteur Blu Ray sur lequel je commençais à sérieusement loucher dessus.
Et comme Nico de Cinétrafic, qui gère l'opération Un DVD contre une chronique sur Cinétrafic, suit régulièrement ma page Facebook, il a très sympathiquement transformé mes demandes de DVD en Blu Ray (du coup l'opération devrait s'appeller un Blu Ray contre une chronique, non?)...
Et c'est ainsi que le tout premier Blu Ray que je puis mettre dans mon lecteur fut le film que j'avais placé en première position dans ma liste de souhaits, à savoir le dernier film de l'immense Terence Malick, A La Merveille,édité en DVD et donc également en Blu-Ray depuis le 2 octobre dernier par la mythique Metropolitan Filmexport.
C'est un film que je voulais absolument voir à sa sortie, et que j'avais d'ailleurs mis en très bonne place dans une nouvelle liste, celle des 10 films les plus attendus de 2013 (je m'aperçois d'ailleurs que je les ai tous vus, à part "The Immigrant",LE James Gray, pas encore sorti, et l'Ecume des Jours qui me branche finalement pas beaucoup).
Comme je le disais dans ce billet prévisionnel, j'ai toujours trouvé que les films de Terence Malick valaient bien plus par la beauté des images et de sa mise en scène que par le scénario et les thèmes qu'il abordait et qui n'étaient pas forcément ceux qui me sont proches. Et d'ailleurs, bien que celui ci ait eu la Palme D'or et qu'en général, je ne rate pas les films palmés de l'année, j'avais boudé Tree Of live, un peu craintif devant le délire mystico philosophique que certains déploraient.
Mais je fondais énormément d'espoir sur ce "A La merveille", parce que je me disais qu'en filmant avec sa virtuosité légendaire une histoire d'amour passionnée et déchirante, ce qui est le premier film d'amour de Malick pourrait bien être ce qu'a a été pour moi Two Lovers de 2008 ( petit exercice, citons le plus possible James Gray par mois :o), un film incontestable et déchirant sur ce sujet oh combien eternel qu'est la passion amoureuse.
Et puis je me disais aussi avant vision du film que la puissance esthétique du maitre Malick était idéale afin de me convaincre de définitivement de la supériorité des qualités visuelles du Blu Ray sur le DVD...Bref, tout était fait pour que ce "A La Merveille" soit placée tout en haut de mes e mes merveilles de 2013...
Alors, pour ceux qui me connaissent un peu, vous vous doutez qu'en présentant ainsi le contexte, les choses ne se sont pas exactement présentées ainsi.
Ben Afleck et Rachel Mac Adams font front commun
De ce fait, commençons, si vous le voulez bien par les choses positives, et notamment sur le dernier argument que j'ai pu développer en faveur du film. Je n'ai bien sur pas pu comparer avec le DVD ( Cinétrafic ne me l'a pas envoyé, et euh, de toute facon pas sur du tout que j'ai le courage de revoir le film à la suite en DVD cette fois ci) mais il est incontestable que l'image du Blu Ray de "To The Wonder" ( A La merveille en vo) est une pure merveille. Que ce soit par la qualité du moindre détail, la parfaite restitution des couleurs ou des contrastes, l'ensemble est un ravissement de chaque instant, et évidemment met parfaitement en valeur la mise en scène de Malick ,et encore plus particulèrement la perfection de la photographie, A la merveille ( qui fait aussi allusion au surnom du Mont Saint-Michel où les deux héros ont vécu l'acmée de leur passion) est donc un plaisir visuel de tous les instants.
Si je veux rester sur un plan purement technique, je dirais qu'en revanche, j'ai été déçu par les potentialités sonores du Blu Ray, avec visiblement un gros problème de mixage : alors même si je ne peux mettre le son trop fort, parce qu'ai des marmots, qui pioncentjuste dans la pièce d'à coté, j'ai eu beaucoup de mal à entendre les voix et si je montais un peu trop fort le son, c'était les pistes musicales qui hurlaient, donc la balance n'était vraiment pas ça...
Est ce du à ce Blu Ray précisemment ou bien à mon lecteur? Trop tôt pour le dire... Ce qui est certain, c'est que je me suis dit que ce que j'aurais du faire, c'est finalement de voir le film sans le son, En effet, A la Merveille, comme les autres films de Malick se veut être entre le poème et la prière, et du coup, le fond ne présente pas énormément d'importance, seule importent les qualités formelles et les émotions qu'elle nous fassent ressentir en nous.
Sauf que je suis peut-être chiant (si si, vous pouvez le penser), mais personnellement, j'ai vraiment besoin que l'oeuvre, aussi belle soit elle, fasse sens, car si j'ai l'impression que tout ce qui se déroule devant mes yeux n'a pas de réelle signification, le procédé va vite me lasser. Et c'est ce qui m'est rapidement arrivé avec ce "A La merveille"...
Passées disons les 20 premières minutes où j'ai été envouté et emporté par la beauté des images, j'ai commencé à m'agacer devant cette absence cruelle de fond, car cette très vague réflexion sur l'amour, avec en toile de fond un questionnement mystique assez incompréhensible, représenté par l'excellent Javier Bardem qu'on a jamais vu aussi perdu, m'a paru très vite insignifiante, pour ne pas dire complètement ridicule et consternante.
Car le film nous noie très vite sous une overdose de voix off ( j'adore généralement les voix off au cinéma, mais là, Malick m'en a presque dégouté à jamais), égrenant une litanie de questions opaques et prétentieuses, demeurées jusqu' au bout du film sans réponse. La voix off ânonnée et récitée de la magnifique mais pas très bonne actrice Olga Kurylenko empêche de croire ne serait ce qu'un moment à ses déchirement et tourments intérieurs.
L'autre problème du film est que la caméra de Malick nous place toujours dans un rapport très particulier aux personnages, qui nous rend complètement détachés et extérieur à ce qu'ils traversent.. Or, comme ils sont déjà décrits de façon très elliptique, on finit par s’en désintéresser totalement.
Encore une fois, le lyrisme de Malick ,qui pourrait me séduire de prime abord car je suis plutôt client au départ, vire bien trop vite à de l'esbrouffe et de la grandiloquence, et surtout, le film donne le terrible sentiment de tourner complètement à vide, de virer à l'artifice, et pire d'enfoncer des portes ouvertes avec ces questionnements qui, lorsqu'on les comprend, frappent par leur inanité et leur mievrerie ( et pourtant je suis cucul comme garçon).
Les acteurs dans les bonus du film nous racontent qu'ils ne connaissaient rien au scénario en tournant le film et que le cinéaste a choisi au montage uniquement les centaines d'heure de rush qu'il allait tourner, et cela se ressent énormément dans le jeu des acteurs (le pauvre Ben Affleck semble se demander ce qu'il fait là pendant tout le film) et dans la dramaturgie du film, totalement absente du reste.
Manquant de chair et de souffle épique, "À la merveille" vire bien trop vite au pensum indigeste et non pas au magnifique film romantique que j'aurais aimé qu'il soit.
Pour résumer, disons que le film m'a subjugué dans les 20 premières minutes, contrarié les 25 suivantes, bien ennuyé la demi heure d'après puis fait souffler d'exaspération la dernière demi heure ( le film dure 1h55, le compte devrait y être:o))... .
Pas sur que Malick, qui a prévu désormais d'accélerer ses rythmes de tournage ( lui qui a mis 20 ans entre Les Moissons du Ciel et la Ligne Rouge) me donne envie de retenter l'éxperience de son cinéma, avec ou sans mon nouvel ami, j'ai nommé le lecteur Blu Ray!!
Côté bonus, le meilleur est certainement l''entretien avec Olga Kurylenko qui s'exprime dans un français parfait et qui du coup nous donne des indications sur son personnage qu'on aurait bien aimé voir à l'écran. A noter que dans le making off, l'absence totale du cinéaste qui continue d'entretenir le mythe!!