Trail world tour, Via Francigena, étape 13: un pèlerin dans la tourmente!

Publié le 27 octobre 2013 par Sylvainbazin

C'est un bon coup de vent qui m'a accueilli ce matin lorsque je suis reparti de Brienne le Château. Dès que j'ai quitté les petites rues tranquilles pour m'enfoncer dans la jolie campagne environnante, d'ailleurs classée en Parc Naturel régional,  j'ai dû composer avec les caprices d'Eole.
De bonnes rafales et un peu de pluie m'ont d'abord accompagné. Heureusement,  le chemin est bien tracé dans les bois et même balisé. Je retrouve même une pancarte Via Francigena,  ce qui n'est pas bien courant finalement!  (j'en verrai cependant d'autres aujourd'hui). Ma forme est à nouveau presque bonne et je vais à bonne allure. Je suis aussi bien content de retrouver un décor plus agréable que ces derniers jours.
Même les villages, souvent au bord de l'Aube (qui déborde d'ailleurs un peu), sont plus coquets. De jolies maisons à collombages, des près ou paissent des moutons.
Je rate cependant un embranchement, pas trop visible,  et me résout à longer une départementale un peu empruntée pour les 8 derniers kilomètres avant Bar sur Aube.
À peu près au moment où j'entame cette route, le vent se met à souffler plus fort, vraiment violemment,  et une pluie tout aussi vindicative se met à bombarder mon sac à dos. Je me couvre et protège mon sac à dos, mais ne tarde pas à être transpercé. Le vent est latéral et m'oblige parfois à bien me recaler sur mes appuis pour me tenir droit!
J'hésite à m'arrêter dans un premier village,  où un petit restaurant me fait de l'oeil,  mais n'étant qu'à six kilomètres de Bar sur Aube, je décide tout de même de continuer. Mauvaise inspiration car la pluie redouble et les rafales sonr se plus en plus fortes. Je croise quelques camions qui m'eclaboussent fortement.
Un peu plus loin, je dois même me réfugier au plus fort de la trombe dans un abris bus posé au milieu des vignes. Je suis à nouveau en plein vignoble, d'appellation contrôlée Champagne. Stephen me l'avait dit, j'avoue que je ne connaissais pas bien le champagne de l'Aube.
Je finis par rejoindre Bar, un peu transi. Ma première idée esr de trouver refuge dans un petit restaurant pour manger un peu et surtout me sécher et me réchauffer un peu. Le "jardin des délices" fait tout à fait mon affaire. J'y avale une bonne pizza et un café, bien servis, et reprends mon chemin. La pluie s'est calmée et je prends un peu le temps de regarder le centre ville.
Mes pas m'ammenent vite dans une belle campagne,  entre bois et vignes. Avec les couleurs de l'automne,  un peu olus marquées qu'elles ne l'étaient à Reims,  c'est vraiment magnifique.  Le ciel encore tourmenté n' hôte rien au spectacle.
Je rejoins ensuite une belle piste, nommée la aux moines, et nouvellement balisé GR 145,  qui me conduit jusqu'à l'abbaye de Clairvaux.
C'est là que je dors ce soir. Non pas à l'abbaye même,  il vaut mieux car c'est une prison de haute sécurité maintenant (autrefois, Clairvaux était une des principales abbaye cistercienne de France, mais ce haut lieu de spiritualité fut fermé à la révolution, ce qui se comprend, et Napoléon lui attribua en 1814 son rôle de pénitencier, ce que je comprends moins bien), mais en face,  chez les soeurs de la fraternité St Bernard.
Elles m'accueillent très gentiment et je dine en leur compagnie,  d'une bonne raclette qui fait du bien! Je leur explique que je ne marche certes pas pour des raisons purement religieuses, mais cela n'a pas l'air de les déranger du tout. Je leur parle aussi de mon intérêt pour les chemins historiques et de pèlerinage, pour les traces spirituelles et historiques laissées dans les pas des pèlerins.
Nous discutons agréablement. Je suis le 87e pèlerin,  et sans doute le dernier,  qu'elles reçoivent cette année. Il fait dire que Clairvaux se trouve aussi sur le chemin de St Jacques pour certains allemands, ce qui fournit un contingent supérieur à celui de la Via francigena.
Le reste,  et l'immense majorité, de leurs hôtes est composée deq familles deq détenus qui viennent voir leurs proches incarcérés en face. Comme le dis une des soeurs "Ici on n'a pas des voleurs de poules!  C'est plutôt du lourd...". Quelques basques, iraniens et autres prisonniers "sensibles" dorment donc en face de moi ce soir. Les soeurs voient aussi de nombreuses familles brisées par ces terribles affaires. Je croise d'ailleurs des enfants, dont les pères doivent être en prison, pour longtemps. Et pourtant le lieu, si calme, ne devait au départ qu'inspirait la sérénité.