L’art contemporain en dialogue avec les machines à dessiner de Tinguely
Jusqu'au 26 janvier 2014 au musée Tinguely de Bâle
L’exposition METAMATIC Reloaded est le fruit d’un appel international à projets lancé en 2009 par la Métamatic Research Initiative (MRI ) néerlandaise et invitant des artistes à reprendre, dans une perspective actuelle, le thème et l’idée des Méta-Matics, les machines à dessiner de Jean Tinguely qui comptent parmi les principaux cycles et inventions de l’artiste. L’exposition présente pour la première fois ensemble à Bâle dix nouvelles oeuvres conçues par des artistes, dont certains sont mondialement connus et d’autres en pleine émergence :signées Marina Abramović, Ranjit Bhatnagar, John Bock, Olaf Breuning, Thomas Hirschhorn, Aleksandra Hirszfeld, Jon Kessler, Pors & Rao, João Simões et Brigitte Zieger.
Marina Abramović, MAI – Prototype, 2012
L’artiste serbe Marina Abramović a créé avec son « Marina Abramović Institute » une machine à performance qui fait sienne, à sa façon, la devise formulée par Jean Tinguely « Soyez dans le temps » dans son manifeste « Pour une Statique ».
En cinq étapes, les participants traversent les espaces dans lesquelles ils sont confrontés chaque fois à des forces et émotions différentes. L’artiste performeuse est ici celle qui rend possible, qui suscite des choses vécues, sans seulement les transmettre, mais en y conduisant directement. Une sorte de démarche spirituelle, et physique, yogiste , où vous êtes en compagnie de 3 autres personnes. Le côté zen étant malheureusement perturbé par le bruit de la route. L’installation de Marina Abramovic étant située dans le parc du musée.
Ranjit Bhatnagar - Singing Room a Shy Person, 2012
Ranjit Bhatnagar, Singing Room for a Shy Person, 2012
Ranjit Bhatnagar est originaire de la région de la baie de San Francisco. Après des études à la University of California à Berkeley et à la University of Pennsylvania, il vit désormais à Brooklyn/New York. Son « espace de chant pour personne timide » offre au visiteur la possibilité de s’exprimer musicalement sans être paralysé par la timidité. Ce sont ensuite les instruments de Bhatnagar qui transposent le chant à un autre niveau musical. Le résultat de l’interaction avec l’oeuvre d’art dépend donc aussi bien des paramètres de celle-ci que de la performance de la personne qui chante.
Concerto Grosso "Lecker Puste" by John Bock
John Bock, Concerto Grosso „Lecker Puste“, 2012
John Bock est né en 1965 dans le Nord de l’Allemagne ; il vit et travaille à Berlin. Son concert performance Lecker Puste, qui a eu lieu en mars 2012 au Watermill Centre à New York, est montré ici sous forme de vidéo avec une installation faite de restes de décors du premier concert. Des digressions complexes y expliquent l’interaction entre l’homme et la machine. John Bock s’intéresse ici aux questions fondamentales de notre époque tout en les ramenant à un niveau plus intuitif et spontané.
Olaf_Breuning, Home 3, 2012
Olaf Breuning, Home 3, 2012
Olaf Breuning est né en 1970 à Schaffhausen ; il vit et travaille aujourd’hui à New York. Home 3 est la troisième séquence de sa série de films. Par le biais d’une personne vivant à New York, il s’intéresse au rapport étroit que l’homme moderne entretient avec la technique et le surmenage constant qui en découle, du fait des permanentes sollicitations auxquelles il est soumis. Breuning dépeint sur un mode pessimiste l’impasse une des questions de fond abordées par Jean Tinguely quant à l’interaction entre l’homme et la machine.
Thomas Hirschhorn, Diachronic-Pool, 2012
Thomas Hirschhorn, Diachronic-Pool, 2012
La grande installation Diachronic-Pool de Thomas Hirschhorn traite de l’opposition entre diachronie et synchronie que cet artiste suisse – vivant et travaillant depuis des années à Paris – perçoit comme particulièrement forte dans le monde technique. Dans un bassin il montre les antinomies qui naissent des différents modes de transmission de l’information et, ce faisant, illustre la position par rapport à cela de l’humain et consommateur dans le monde actuel.
Alexandra Hirszfeld, Information Absorber, 2012
Aleksandra Hirszfeld, Information Absorber, 2012
Avec son Information Absorber, l’artiste et critique polonaise Aleksandra Hirszfeld pose la même question dans plus de vingt langues : qu’est-ce qui ne va pas dans notre monde ? Les réponses que donnent les passants, à l’intérieur du cube noir installé dans l’espace public, sont enregistrées et se fondent dans un entrelacs de langage numérique et babélien ; il devient impossible de reconnaître le moindre mot, mais un bruit d’ensemble se crée en fonction des réponses.
Jon Kessler, Thz Web, 2012
Jon Kessler, The Web, 2012
Jon Kessler vit et travaille à New York. C’est là qu’il a créé l’installation The Web qui étudie le rôle d’Internet, des téléphones mobiles et smartphones dans notre vie. L’être humain ne fait plus qu’un avec les supports technologiques de communication. La vie se déroule via la technique. Kessler analyse cette interdépendance et joue avec l’incessant surmenage que cause l’omniprésence de l’information et des moyens de communication.
L'on voit même un clochard surfer sur sa tablette ...
Pors & Rao, Nisse TV, 2012
Pors & Rao, Nisse TV, 2012
Aparna Rao (1978, Inde) et Søren Pors (1974, Danemark) travaillent en commun à des projets qu’ils développent avec des techniciens de Bangalore. Leur idée est d’influencer la programmation télévisuelle en mixant différents programmes (par des moyens techniques très raffinés), par exemple en mettant la bande-son d’une émission sur les images d’une autre émission. Le résultat, à la fois troublant et plausible, offre de nouvelles interprétations possibles qui entraînent dans des sphères inédites.
Joao Simones NTSC, 2012
João Simões, NTSC, 2012
Né en Angola, l’artiste João Simões vit et travaille aujourd’hui à Lisbonne et Brooklyn. L’idée à l’origine de son oeuvre est que les différents formats TV – PAL et NTSC –, du fait de leur incompatibilité, donnent des résultats déroutants, comme fragmentés, lorsqu’il y a inadéquation avec le lecteur. Les films deviennent alors des signes abstraits et se transforment en messages d’erreur ; leur dégradation donne une nouvelle oeuvre qui n’a plus rien à voir avec le produit initial.
Brigitte Zieger, Shooting Wallpaper, 2012
Artiste allemande vivant à Paris, Brigitte Zieger a créé avec son Shooting Wallpaper une installation interactive qui joue sur la confusion du spectateur. Ainsi, des silhouettes féminines comme dessinées sur une toile de Jouy deviennent soudain vivantes et tirent des coups de feu. Ces personnages sont d’autant plus troublants qu’ils sont de style baroque, placés dans une idylle champêtre et font feu avec évidence, comme si de rien n’était. La machine en forme d’animation, de commande et projecteur, produit un environnement qui s’empare immédiatement du monde sensible de la personne impliquée.
Tous ces projets ont en commun des motifs ayant trait à l’interaction homme-machine, au surmenage causé par l’ultra-sollicitation des moyens de communication ou les liens qui rattachent l’homme au monde tout en l’éloignant de son environnement proche. Les Méta-Matics de Tinguely portent l’empreinte d’un univers technique, dans lequel la mécanique et l’électrique sont déterminantes, tandis que ce sont aujourd’hui l’électronique, l’informatique et des éléments insaisissables – cloud ou World Wide Web – qui interviennent aujourd’hui dans le rapport homme-machine.
Une fois de plus le musée Tinguely présente une exposition originale en parfaite adéquation avec les réalisations de Jean Tinguely.
Les dix artistes seront à Bâle pendant l’exposition pour une conférence (Artist Talk). Veuillez consulter la brochure ou le site internet afin de voir les dates et détails précis des évènements.
À l’occasion de l’exposition METAMATIC Reloaded paraît un ouvrage édité par le Kehrer Verlag avec des contributions d’Andres Pardey, de Ben Valentine, Andreas Schlaegel, Brian Kerstetter, Pamela M. Lee, Michał Herer, Gianni Jetzer, Jitish Kallat, Julia Robinson, Bénédicte Ramade et une préface de Roland Wetzel.
Édition anglaise-allemande:
Horaires d’ouverture :
tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 18h
Le MAI-Prototype de Marina Abramović peut être visité uniquement sur inscription préalable Réservation en ligne : www.tinguely.ch
Tarif: 15 CHF par personne A partir de 16 ans
Tarifs :
Adultes : 15 CHF Scolaires, étudiants, apprentis, AHV, IV : 10 CHF Groupes (20 personnes au moins) : 10 CHF (par personne) Enfants de moins de 16 ans : gratuit
Passmusée gratuit
photos de l'auteur et courtoisie musée Tinguely