Le Retour de la dissolution ?

Publié le 27 octobre 2013 par Leunamme

C'est une rumeur qui devient persistante dans le landerneau politique et médiatique (lire là, ici, ou encore ) : François Hollande pourrait avoir recourt à l'arme de la dissolution. Logiquement très courue à droite, la rumeur est également en train de se développer à gauche, jusqu'à la présidence de la République où François Hollande paraît-il y penserait.

La manœuvre n'aurait au fond rien de bien surprenant de la part de François Hollande : son mentor en politique n'est autre que François Hollande, et il est proche intellectuellement de Jacques Chirac, deux maîtres dans l'art de la manipulation et de la politique politicienne. Le premier avait favorisé l'éclosion médiatique de Jean-Marie Le Pen (lire ici), et instauré le scrutin proportionnel aux législatives de 1986, pour affaiblir la droite de retour au pouvoir. Jacques Chirac avait très bien su imposer le thème de la sécurité pour la campagne de 2002.

Il se murmure donc que François Hollande pourrait céder à ses jeux politiciens et dissoudre l'Assemblée Nationale après les municipales et les européennes, deux scrutins qui s'annoncent périlleux pour le PS. On s'en doute, l'objectif ne serait pas de gagner de nouveau l'Assemblée Nationale, mais bien de laisser une droite divisée, sans programme, sans leader diriger le pays, la laisser aller à l'échec assuré, pour mieux remporter les présidentielles de 2017. Le but serait aussi de mettre l'omniprésent Manuel Valls définitivement hors jeu.

C'est un jeu à multiples bandes qui semble bien aléatoire et surtout bien dangereux. François Hollande n'est pas François Mitterrand, il n'a pas son aura ni son ascendance intellectuelle sur son camp politique. Surtout, si les années 80, 90 le début des années 2000 pouvaient encore se prêter à de telles manœuvres, elles seraient bien plus compliquées aujourd'hui.

La classe politique est aujourd'hui discréditée comme jamais elle ne l'a été, dissoudre aujourd'hui apparaitrait comme une énième combine politicienne et renforcerait encore le dégoût des politiques. De plus, si rien ne garantit que la manigance serait bénéfique à François Hollande en 2017, elle pourrait conduire à un pays ingouvernable, sans majorité après l'éventuelle dissolution : un PS tellement affaiblit qu'il verrait le Front de gauche reconquérir certains de ses bastions, un Front National qui multiplierait les triangulaires au point d'avoir de nombreux élus et d'empêcher la droite d'avoir d'avoir la majorité. Bref, le chaos nous guette. Et quand bien même la droite aurait la majorité, la logique voudrait que le Président nomme le leader de l'opposition à Matignon : Jean-François Copé chef de gouvernement, c'est quand même ce qui pourrait arriver de pire à la France !

Tout cela n'est évidemment que supputations et rumeurs, mais elles en disent long sur le climat politique actuel. L'existence même de cette rumeur est un désaveu profond, non pas de la personnalité de François Hollande, mais de sa politique injuste, inefficace et impopulaire. Le seul service à rendre à la France et aux Français serait de changer de cap, de faire enfin  la vraie politique de gauche pour laquelle cette majorité a été élue. Ce n'est pas encore à l'ordre du jour, visiblement ils semblent préférer les rumeurs qui ne mènent à rien.