Magazine Poésie
Laisse-moi t’aimer.
J’aime le goût de ton sang épais
Je le garde longtemps dans ma bouche sans dents.
Son ardeur me brûle la gorge.
J’aime ta sueur.
J’aime caresser tes aisselles
Ruisselantes de joie.
Laisse-moi t’aimer
Laisse-moi sécher tes yeux fermés
Laisse-moi les percer avec ma langue pointue
Et remplir leur creux de ma salive triomphante.
Laisse-moi t’aveugler.
Laissez flottez vos yeux sur les vagues
Laissez le vent remplir vos corps de ses cris
Offrez vos ventres velus aux caresses du soleil
Usez de vos voix, de vos vies , de vos femmes
Mais ne regardez pas mes yeux endormis
De peur que mon regard ne s’unissent à vos pensées
………………………………………………….
Tu veux mon ventre pour te nourrir
Tu veux mes cheveux pour te rassasier
Tu veux mes reins mes seins ma tête rasée
Tu veux que je meure lentement lentement
Que je murmure en mourant des mots d’enfant.
Je frémis sous tes mains joyeuses
Je bois le sang qui tombe de ta bouche enfante
Le drap noir rampe sous nos jambes unies
Et tandis que tu mâches mon oreille détachée
Je chante ton nom et mes rêves écartés
…………………..
J’ai ouvert ta tête pour lire tes pensées
J’ai croqué tes yeux pour goûter ta vue
J’ai bu ton sang pour connaitre ton désir
Et de ton corps frissonnant , j’ai fait mon aliment
Les machinations aveugles de tes mains
Sur mes seins frissonnants
Les mouvements lents de ta langue paralysée
Dans mes oreilles pathétiques
Toute ma beauté noyée dans tes yeux sans prunelles
La mort dans ton ventre qui mange ma cervelle
Tout ceci fait de moi une étrange demoiselle.
…..
Femme assise devant une table cassée
La mort dans le ventre.
Rien dans l’armoire.
Fatiguée de tout même de ses souvenirs
Elle attend fenêtre ouverte
La lumière aux mille visages
Qu’est la folie
…..
Fièvre ton sexe est un crabe
Fièvre les chats se nourrissent à tes mamelles vertes..
Je veux me montrer nue à tes yeux chantants.
Je veux que tu me voies criant de plaisir.
Que mes membres pliés sous un poids trop lourd
Te poussent à des actes impies.
Que les cheveux lisses de ma tête offerte
S’accrochent à tes ongles courbés de fureur.
Que tu te tiennes debout aveugle et croyant
Regardant de haut mon corps déplumé.
Oui j’ai des droits sur toi
Je t’ai vue égorger le coq
Je t’ai vue laver tes cheveux dans l’eau souillée des égouts
Je t’ai vue soûle de la riche odeur des abattoirs
La bouche emplie de viande
Les yeux pleins de rêves
Marcher sous le regard des hommes épuisés.
…….
Les vices des hommes
Sont mon domaine
Leurs plaies mes doux gâteaux
J’aime mâcher leurs viles pensées
Car leur laideur fait ma beauté.
……
Lèvres acides et luxurieuses
Lèvres aux fadeurs de cire
Lobes boudeurs moiteurs sulfureuses
Rongeurs rimeurs plaies coussins rires
Je rince mon épiderme dans ces puits capitonnés
Je prête mes échancrures aux morsures et aux mimes
La mort se découvre quand tombent les mâchoires
La minuterie de l’amour est en dérangement
Seul un baiser peut m’empêcher de vivre
Seul ton pénis peut empêcher mon départ
Loin des fentes closes et des fermetures à glissière
Loin des frémissements de l’ovaire
La mort parle un tout autre langage
Oublie-moi
Que mes entrailles respirent l’air frais de ton absence
Que mes jambes puissent marcher sans chercher ton ombre
Que ma vue devienne vision
Que ma vie reprenne haleine
Oublie-moi mon Dieu que je souvienne.