Genre: drame, guerre (interdit aux - 16 ans)
Durée: 2h15
Année: 1990
l'histoire: 1967. Trois amis d’enfance, Paul, Ben et Frank, sont obligés de fuir Hong Kong, car l’un d’entre eux a tué accidentellement le chef d’une bande de malfrats. Ils se réfugient au Vietnam, alors en pleine guerre, auprès d’un parrain local. Mais un homme du parrain leur propose de faire un casse et de s’approprier le contenu d’une cache d’or. Attiré par l’or qu’ils arrivent à détourner, Paul commet l’irréparable et fige une balle dans la tête d’un de ses amis, faisant voler en éclat une longue amitié.
La critique d'Alice In Oliver:
A l'origine, Une Balle dans la Tête, sorti en 1990, devait être réalisé à la fois par John Woo et Tsui Hark. Hélas, les deux cinéastes se brouillent et travaillent chacun de leur côté. Au moment de sa sortie, Une Balle dans la Tête ne rencontre pas le succès escompté.
Toutefois, ce drame de guerre gagnera sa réputation au fil des années. Les fans de John Woo le considèrent également comme le film le plus violent du réalisateur. Il existe aussi un débat pour savoir si Une Balle dans la Tête est supérieur ou non à The Killer (un autre film de John Woo), et inversement.
Indéniablement, Une Balle dans la Tête pourrait s'apparenter à un remake assez libre de Voyage au bout de l'Enfer, de Michael Cimino. Le film de John Woo suit plus ou moins la même trame scénaristique. Néanmoins, Une balle dans la Tête se différencie par son traitement, sa réalisation et sa mise en scène. Au niveau de la distribution, ce film de guerre réunit Tony Leung, Jacky Cheung, Waise Lee et Simon Yam. Jusque-là, John Woo a surtout réalisé des films avec des tueurs quasi invincibles et invulnérables via des séquences de gun fight particulièrement impressionnantes.
C'était par ailleurs le cas avec Le Syndicat du Crime et The Killer (que j'ai déjà cité). En ce sens, Une balle dans la Tête constitue une oeuvre à part dans la filmographie de John Woo. Cette fois-ci, les protagonistes en place ne sont pas des guerriers dégommant tout sur leur passage, mais trois personnages ordinaires. Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario.
Attention, SPOILERS ! Hong Kong, 1967. Paul, Ben et Frank sont amis d'enfance. Le jour du mariage de Ben, Frank est agressé par une bande de malfrats.
Pour venger son ami, Ben attaque le chef de cette bande... et le tue accidentellement. Forcés de fuir Hong Kong, ils partent au Vietnam travailler pour un parrain local. Ils y rencontrent Luke, un tueur eurasien travaillant pour ce dernier, qui leur propose d'organiser le casse d'une réserve d'or que possède son patron... C'est ainsi que débute la descente aux enfers des trois amis plongés dans les horreurs du crime et de la guerre du Vietnam.
Avec Une Balle dans la Tête, John Woo aborde des thématiques passionnantes comme l'amitié, la trahison et la folie.
En ce sens, Une Balle dans la Tête est probablement le film le plus personnel et le plus jusqu'au-boutiste du réalisateur. Encore une fois, John Woo propose plusieurs séquences à couper le souffle. C'est par exemple le cas lorsque le cinéaste propose une variation de la fameuse scène de la roulette russe dans Voyage au Bout de l'Enfer.
C'est une séquence très violente qui poursuit le spectateur longtemps après le visionnage du film. C'est aussi une reprise (et je me répète) du film original de Michael Cimino. Sur ce dernier point, Une Balle dans la Tête ne souffre pas de la comparaison avec son modèle, loin de là.
Mieux encore, le film de John Woo joue plus ou moins à égalité avec Voyage au bout de l'Enfer. C'est dire sa qualité. Avec Une Balle dans la Tête, le cinéaste ramène ses protagonistes à un état primitif et animal. Clairement, l'amitié entre Paul, Ben et Frank sera mise à rude épreuve.
Leurs divers traumatismes vécus durant la Guerre du Vietnam vont laisser des traces indélébiles. Sur ce dernier point, John Woo en nous épargne rien: Une Balle dans la Tête va probablement encore plus loin que le chef d'oeuvre de Michael Cimino. Le cinéaste peut également s'appuyer sur d'excellents acteurs, totalement investis dans leur rôle.
Certes, j'ai beaucoup cité Voyage au bout de l'Enfer comme référence principale du film. Toutefois, par son style ultra-violent et sans concession, Une Balle dans la Tête n'est pas sans rappeler les films de Sam Peckinpah. On pense parfois (pour ne pas dire souvent) à La Horde Sauvage ou encore à Croix de Fer. Là aussi, les personnages évoluent dans un univers violent et n'ont d'autre choix que de répondre par les armes pour s'en sortir.
Via ces références, John Woo brosse le portrait d'une humanité cruelle, noire et qui court à sa propre perte. Bref, même si je lui préfère le long-métrage de Michael Cimino, Une Balle dans la Tête reste une oeuvre essentielle dans la filmographie de John Woo.
Note: 17.5/20