Ridiculous Girl aux Hunger Games de l’emploi

Publié le 27 octobre 2013 par Biancat @biancatsroom

Vendredi, je me rendais à ma fameuse réunion de recrutement, souvenez-vous, les Hunger Games de l’emploi. Dans cette optique, je m’étais préparée comme jamais, itinéraire béton (45 km de chez moi quand même), CV, annonce, lettre, le tout bien rangé dans une pochette, tenue confortable mais classe, discours de présentation. Bref, j’avais mis tous les atouts de mon côté. Mais c’était sans compter ce qui pouvait se passer de l’autre côté.

13h55 : j’arrive avec 35 mn d’avance, ce qui n’est pas plus mal pour repérer les lieux et ne pas arriver à bout de souffle.  J’en profite pour réviser un peu dans ma voiture, mais mon parcours professionnel je le connais bien, alors je mets Uprising de Muse sur l’autoradio pour me donner du courage, parce que celle-là, elle colle la frite.

14h10 : je vois un jeune homme qui fait les cent pas avec une pochette rose sous le bras, il vient forcément pour la même chose que moi, un premier concurrent donc. Je me dis ‘quand il rentre je rentre’.

14h15 : le jeune homme à la pochette rose rentre, alors je sors de ma voiture d’un air détaché et je me dirige aussi vers la porte. Je pousse la porte… fermée ! Je vois un clavier numérique et là, panique, je n’ai pas de code. Mais ça, c’est juste deux secondes avant de voir qu’il y a un petit mot ‘Appuyer sur le bouton pour ouvrir’. Heureusement, il n’y a personne autour. Je rentre et prends l’ascenseur. Au passage, je me vois dans le miroir : j’avais un côté au soleil quand j’attendais dans la voiture et j’ai une joue cramoisie. Fichu soleil du Sud qui fait encore bronzer même fin octobre. Ce n’est pas grave, ça me donnera bonne mine.

14h20 : j’arrive devant la porte de la société. Personne dans le couloir, je passe une tête dans une salle où se tient une jeune femme qui m’indique que la réunion se tient un peu plus loin au fond. J’entre dans la salle, il y a déjà deux jeunes hommes installés : celui de la pochette rose et un autre avec le regard un peu effaré de celui qui se demande ce qu’il fait là. Je tente un sourire auquel il ne répond pas. L’ambiance est tellement étrange que je plonge dans mes papiers pour tenter de contenir le fou rire qui est en train de monter en moi.

14h22 : une jeune femme arrive avec des formulaires à remplir. Les questions me semblent un peu étranges – quels sont mes horaires de disponibilité ? – mais je me dis que ça doit être un questionnaire standard.

14h30 : après l’arrivée d’une autre jeune femme, une autre candidate, la personne qui doit mener la réunion arrive, un monsieur replet qui nous tutoie d’emblée.

Bienvenue à tous, je vais vous présenter l’entreprise et le poste : on est bien d’accord qu’on parle bien d’un poste de télévendeur, n’est-ce pas ? Vous êtes bien tous là pour ça ? Parce que parfois les candidats se rendent compte qu’ils ne sont finalement pas intéressés’. Et là, je me décompose intérieurement, j’entends un bruit de verre brisé comme dans les dessins animés et je bredouille un mot inintelligible. Parce que moi je suis venue pour un poste de commercial sédentaire, gestion de portefeuille clients, marketing direct, ce que je sais faire quoi, pas pour un poste de télévendeur.

Nous le laissons parler une dizaine de minutes, où je réalise avec désarroi que je n’ai rien à faire là, puis arrive le moment des présentations. La jeune femme entame le tour de table, pendant lequel mon cerveau tourne à cent à l’heure et où je dois décider comment je vais bien pouvoir aborder mon portrait. Finalement, je décide que la seule chose à faire, c’est de dire la vérité : raconter très brièvement mon parcours, dire que l’annonce portait à confusion, que je n’ai pas bien compris la teneur du poste, et à la lecture de mon CV, le monsieur replet ne peut qu’acquiescer.

Dix minutes plus tard, le jeune homme à la pochette rose se présente également, et tient à peu près le même discours que moi sur l’ambiguïté de l’annonce, ce dont je le remercie du regard. Ridiculous Girl n’était donc pas totalement à coté de la plaque.

A la fin de l’entretien, le monsieur replet nous demande qui reste intéressé par le poste, je lui dis que compte tenu de ce qu’on s’est dit précédemment, j’abandonne les Hunger Games.

Et donc, à 15h04, me revoilà dans ma voiture sur le chemin du retour, sans trop savoir ce que je dois penser de tout ça ni quoi ressentir, entre énervement et stupéfaction. En fin de compte, je décide : Katniss a rangé son arc et malgré l’expérience rageante qu’elle vient de vivre, elle se sent curieusement remise en selle pour la suite et plutôt confiante en ses propres compétences.