Les statistiques et l’économie nous dressent un sombre tableau. Les Français achètent moins et essaient d’acheter le moins cher. Les fins de mois deviennent difficiles, la hausse du carburant et des denrées alimentaires réduisent le budget des loisirs et des vacances. Le joli mois de mai est celui de la fastidieuse déclaration et aussi du deuxième tiers, bonjour les grincements de dent. Moins d’argent pour les loisirs signifie moins de green-fee, privation de vacances signifie adieu au tourisme golfique, carburant trop cher, la voiture reste au garage, heureux qui comme le golfeur a le golf à sa porte. Crise alimentaire nous mène à la solution du sandwich et la peur du ballon nous prive du 19ème trou. Le marasme économique impose-t-il à notre série de prendre la poussière dans le coin où il végète ? J’ai beau chercher, je ne trouve pas de lueur d’espoir dans ce pessimisme. Je crains que le golf ne reste que l’activité des classes supérieures échappant à la sévérité fiscale des tranches moyennes. Le pauvre golfeur sera dépité de mettre sa balle dans l’étang, balle chérie de la valeur de la baguette de pain. Les classes enfants et jeunesse ne seront que l’excuse des parents de se débarrasser des crises et des caprices du mercredi et n’auront aucun espoir de motivation adolescente pour des sélections nationales. Un reportage sur mai 68 m’a « amusé » en dressant le portrait d’une France plan-plan qui s’ennuyait. Ni les sucettes à l’anis, ni les Tanguy et Laverdure ne suscitaient l’entrain, mais il y a eu un déclic. Comme dit les « anciens », les jeunes ont eu marre des cols blancs et du moule social. Alors est-ce que mai 2008, ère du bling-bling, verra Paris se réveiller ? Les années de confort sont peut-être finies pour la majorité de la population mais n’a pas l’air de réveiller la bête sociale. Pourtant le fils Dutronc chante qu’il n’aime pas Paris, les lycéens sèchent leur cours car il fait beau, les profs tournent au prozac et compatissent avec les plans sociaux à travers les contrées. Mais cela sera-t-il suffisant pour que les pavés s’envolent, pour que les vacances se passent au green, sans délit de fortune ? La France tousse mais ne se réveille pas. Les Fairways resteront à ceux qui font siège, mais les places sont chères, trop chères pour le commun des Français. Voici venue l’ère des greens de salon et des balles en caoutchouc mou de jardins. Retour à l'esprit début du siècle où le golf était le lieu où il fallait être...