Véritable spécialiste de la Banque de France, Didier Bruneel explore dans Médailles et jetons de la banque de France un aspect à la fois numismatique et historique de l’établissement.
Par Charles Sannat.
Jeton, médaille ou méreau ?
Quelles sont les origines des médailles… et surtout, quels sont les objets qui peuvent être véritablement désignés sous ce terme ? C’est cette première définition qui introduit l’ouvrage de Didier Bruneel. « La médaille est avant tout associée aux notions de récompense et de commémoration, estime-t-il. Les médailles qui font l’objet du présent ouvrage relèvent bien évidemment de cette catégorie ». Tout en mettant en avant « l’attrait qu’exercent les médailles et la pratique de leur remise », Didier Bruneel revient également sur les origines étymologiques et historiques des jetons, qu’il s’agisse de méreaux, de jetons de compte ou de jetons de présence. Ce sont d’ailleurs ces jetons de compte qui sont à l’origine de l’expression « être un faux jeton ». Frappés comme des monnaies en cuivre, en plomb ou dans des métaux plus nobles, certains furent en effet utilisés frauduleusement à la place de monnaie !
De nombreuses médailles pour la Banque de France
Témoignages de reconnaissance, ou frappées à titre commémoratif… Selon l’auteur, les médailles de la Banque de France sont nombreuses : difficile d’ailleurs « de les identifier toutes » ou de connaître avec précision le nombre d’exemplaires. Cela commence d’ailleurs avec la médaille dite « de la banque » en 1804, un « long feuilleton anecdotique ». Où on apprendra que l’impératrice Eugénie, par exemple, s’est vu remettre l’une d’elles… et que l’avers comme le revers de cette médaille serviront pour les réalisations de la Banque de France dans les années qui suivirent. Un croquis détaillé reprend le dessin de cette médaille. Avec plusieurs références à l’Antiquité comme Mercure et Minerve, et d’autres tirées de l’histoire de la France, la médaille rappellera sans doute bien d’autres pièces aux numismates.
Depuis les visites des personnalités…
Jalons de l’histoire française de ces deux derniers siècles, les médailles de la Banque de France mais aussi les personnalités qui les reçurent ont fait l’objet de recherches détaillées de la part de Didier Bruneel. Une véritable plongée dans des souvenirs de leurs visites à la Banque de France : celle du maréchal Mac Mahon en 1876, ou celle du duc et la duchesse de Windsor en 1939… Les documents les plus variés illustrent les recherches de l’auteur… Jusqu’aux factures des réceptions d’avant-guerre.
… jusqu’aux médailles marquées par l’Histoire
Les médailles de la Banque de France comme récompenses, mais également commémoratives. C’est le cas notamment des médailles de la Marine nationale, frappées en 1948 par la Banque de France et remises aux commandants des bâtiments qui ont participé à l’évacuation de l’or français dès le début de la Seconde Guerre mondiale. En 1947, le croiseur Georges-Leygues transportera d’ailleurs 89 tonnes d’or vers New-York… et ce sera le dernier transport d’or de cette grande opération.
Autre guerre, autre médaille : des années plus tôt, en 1915, la Banque de France avait également frappé une médaille du souscripteur, ou « médaille du Coq gaulois », destinée à récompenser les Français ayant versé de l’or pour l’effort de guerre.
Jetons et monnaie de confiance
Les médailles ne sont pas les seules à faire l’objet d’une étude historique approfondie. C’est également le cas des jetons, sous la forme des monnerons (les monnaies de confiance) ou celle des jetons de présence. Ces derniers étaient délivrés à titre de courtoisie, pour services rendus… ou vendus au prix de la valeur du métal.
Quelques mots sur l’auteur
Après Les Secrets de l’or, paru en 2012, Didier Bruneel explore les archives et l’histoire de la Banque de France, mais surtout de ses médailles et de ses jetons. Il est d’ailleurs l’un des fondateurs de la Mission historique de la Banque de France. Il a également occupé les fonctions de directeur général adjoint des études, de secrétaire général et de directeur général des opérations. Didier Bruneel est désormais conseiller auprès du gouverneur pour les questions historiques, et directeur général honoraire de la Banque de France. Mais il est également un auteur prolifique : outre Les Secrets de l’or, il est également l’auteur de La Monnaie (2012) et Des Banques coloniales à l’Iedom (2011).
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