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On les appelle aussi cobayes - ils sont parfois utilisés dans des labos pour subir des traitements pas toujours bienveillants - ou "cui" en Amérique du Sud, en raison de la sonorité de leurs petits cris. Pour certains, ils sont les meilleurs des animaux de compagnie. Pour d'autres, ils représentent une source de contraintes et de miasmes. L'occasion m'a été donnée de me faire mon idée pendant quelques mois où j'ai gardé trois de ces petites bestioles pour rendre service à des amis partant en voyage. Voilà, a posteriori, ce que je pense des idées reçues que j'avais avant de faire leur connaissance. 1- Ça pue ! Tout dépend ce qu'on appelle puer... Ça sent le foin. Quand la cage commence à avoir quelques jours et/ou que leur litière de copeaux de bois n'est pas assez épaisse, ça peut en effet fouetter un peu. Mais rien à voir avec la pestilence d'une litière de chat ! Raison pour laquelle, après avoir subi une colocataire qui avait un sac à puces, je me suis promis de NE JAMAIS AVOIR UN CHAT EN APPARTEMENT. Un chat, c'est fait pour se soulager dehors. Les cochons d'Inde, en revanche, ne représentent pas, à mon sens, une nuisance olfactive réelle. 2- Ça fait du bruit la nuit. Faux ! Contrairement au hamster qui court dans sa roue toute la nuit, pour le plus grand plaisir de son maître qui a intérêt à avoir installé l'animal à distance de la chambre à coucher, les cobayes sont diurnes. Seule exception : si vous ne leur donnez pas assez à manger un soir et que vous passez près de leur cage au milieu de la nuit, la tête à moitié dans le *** pour faire un petit pipi. Dans ce cas, déclenchement de sirène assuré, jusqu'à satisfaction des estomacs. Votre vessie n'aura qu'à attendre ! 3- Ça coûte cher à entretenir. Faux ! Une fois qu'on a fait l'acquisition d'une cage équipée d'un biberon pour l'eau, les frais se limitent à des consommables qui ne vont pas chercher bien plus de trois ou quatre euros par semaine. Des copeaux de bois pour des petits culs bien au sec, du foin pour brouter, pourquoi pas, des petites graines pour rongeurs (environ trois euros les cinq kilos qui durent... Pouf ! Encore plus que ça!) 4- Ça ne sert à rien. A quoi sert un animal de compagnie ? A quoi sert un ami ? A la même chose : ça fait plaisir, même si ça ne "sert pas" toujours (à moins d'être un chouya manipulateur et opportuniste). Mais pour faire dans le précis, je dirai que non, le cochon d'Inde ne sert pas à rien. Ravi de consommer des légumes, il vous pousse à en avoir toujours dans votre frigo. Et si vous aimez déjà les légumes, le petit cochon vous donnera la satisfaction de réduire vos déchets en se régalant de vos pelures. Carottes, concombres, fenouil et celeri le font roucouler comme un moteur. C'est plus efficaces que les spots publicitaires sur les cinq fruits et légumes par jour ^^ 5- Ça ne comprend rien. Faux, mais alors archi-faux ! Je pensais que mes trois invitées seraient un peu bêbêtes. Au lieu de ça, j'ai découvert qu'elles ont vite fait de capter qui aime leur faire des caresses et avec qui il est inutile de réclamer de la bouffe. Elles ont une personnalité affirmée et petit langage très expressif pour l'exprimer : - je roucoule = je suis content, - je fais la sirène = j'ai faim et tu vas finir sourd si tu m'ignores. - je couine (long) comme un joujou qu'on presse = je montre ma soumission à l'un de mes congénères, - je couine (rapide et répétitif) = j'ai pas envie que tu me papouilles !! - je fais du morse (une succession de petits "pou pou pou") = je pars en exploration, attention, je vais parcourir un mètre avant de revenir sur mes pas. - je ronfle comme un moteur en allongeant le pas, ce que l'on appelle la rumba = "Je veux un hooooomme !!!" ( pour une femelle) ou "Où sont les feeeeeemmes ?" (pour un mâle). 6- Ça fait des vues sur Youtube. Vrai. Il n'y a qu'à taper cochon d'inde ou guinea pig sur le site en question pour s'en convaincre. La moindre vidéo, même la plus pourrie, fait des milliers de vues. Cela peut atteindre des centaines de milliers de vues pour certaines. C'est dire le nombre de fans de ces petits animaux. Allez, juste pour le plaisir, une que j'aime bien, parce qu'elle a rendu mes trois petites réfugiées complètement marteaux !
7- Plus c'est joli, plus c'est fragile. Vrai et faux. A l'origine, le cochon d'Inde est un animal vivant dans la nature. Sa couleur est alors nécessairement assez proche de celle de ce qui l'environne, pour éviter qu'il ne se fasse repérer par des prédateurs. Ses poils sont courts. En effet, dans la nature, un cobaye ne peut pas se permettre de porter une perruque de Claude François devant les yeux. Ceci dit, est-ce qu'un postiche à pattes ultra fragile est plus joli qu'un individu un peu plus banal ? Pas forcément. Ce qui est certain, c'est qu'à force de croisements, les éleveurs sont parvenus à des spécimens très divers, dont certains ne peuvent se reproduire entre eux sans engendrer des petits vouer ç une mort rapide. Aussi, renseignez-vous avant de laisser votre petite femelle se faire grimper dessus par un mal coiffé trop original. 8- Les mâles sont méchants. Faux, sauf si... Pour faire simple, avec les femelles, un mâle sera tellement gentil que vous risquez fort de vite vous retrouver avec des dizaines de petits, qui vers trois quatre mois, deviendront féconds, se reproduiront et vous envahiront, vous puis votre ville, votre département et votre pays, avant de recouvrir la Terre et causer la fin de l'Humanité. J'exagère un peu, mais il faut bien penser à stériliser une femelle si vous voulez la laisser en compagnie d'un monsieur. Autre cas de figure, vous voulez faire cohabiter deux mâles. Dans ce cas, il faut que dès leur sevrage, les petits mâles soient mis à distance de toute femelle. Ainsi, ils ne développeront pas leur instinct reproducteur et se satisferont sans manque ni violence de cette absence de mixité. 9- Avec les petits, on peut se faire de l'argent. Faux. Si vous vous rendez sur n'importe quel site de petites annonces, vous vous apercevrez rapidement que des quantités de gens proposent des petits cobayes à adopter, pour une somme modique excédant rarement les cinq euros. Et comme vous devrez garder les petits jusqu'à leur sevrage, ils vous coûteront sans doute plus que leur prix de vente. Quoi qu'il en soit, la priorité de tout maître qui se respecte doit être de bien traiter son animal de compagnie. Les portées à répétition fatiguent les femelles (les mâles quant à eux, ne s'en plaindront pas, pour des raisons assez évidentes). De plus, sachez que si votre femelle n'a pas eu de petits et qu'elle a passé les six à huit mois, alors les os de son bassin sont soudés et une éventuelle gravidité représente un danger pour elle, puisqu'elle risque de tout simplement ne pas pouvoir mettre bas par voie naturelle. 10- Ça mange ses crottes. Vrai ! Quoi, beurk ? Je sais bien que quand Jean-Pierre Coffe parle de "bouffer de la merde", cela ne fait rêver personne. Mais dans le cas du cui, c'est une nécessité vitale, pour finir la digestion des fibres de son alimentation. Et puis si on les regarde en détail, les crottes en question ne sont pas tellement différentes des graines que l'on peut acheter dans le commerce. Enfin, cela permet à l'animal de réensemencer son tube digestif en bactéries bénéfiques pour lui. Au passage, en cas de grosse diarrhée avec perte de poids, il est recommandé de donner à l'animal, à la seringue, une bouillie de graines et de crottes de congénères sains assouplie avec un peu d'eau. Cela permet de rétablir la flore, ça évite parfois de douloureux deuils prématurés. En conclusion... J'ai beaucoup aimé garder mes trois petites invitées, à tel point que j'ai eu du mal à les rendre. Le cochon d'Inde m'est apparu comme un compagnon joyeux et très gentil qui a enthousiasmé les enfants de mes amis. A noter qu'il vaut mieux ne pas confier un cobaye aux soins d'un mouflet de moins de six ans. La petite bête supporte mal les chutes (c'est alors la mort subite du cochon d'Inde) et craint le stress occasionné par les manières un peu brutes de tous petits. C'est sans rapport, mais elles me manquent...