Nos chaines TNT se renouvellent et changent des habituelles rediffusions pour quelques sorties du sentier. Bientôt Game of Thrones (D8); et depuis plusieurs mois, The Walking Dead (NT1). Toutefois, rares sont les fois où des chaines assurent une retransmission dans l’ordre chronologique des épisodes. On reprend tout depuis le début avec la Saison 1 et ses deux premiers épisodes : « Passé Décomposé » ainsi que « Des tripes », chaque Vendredi à 23h15 à raison de 2 épisodes quotidien. Avis, impressions … Après avoir eu l’excellente surprise à travers le portage vidéoludique, artistiquement impressionné par le Comics Original; concluons notre trilogie « découverte » avec la Série TV éponyme.
Il est à savoir que la Série TV « s’inspire » de la Bande-Dessinée Américaine. Et le terme n’est pas à prendre à la légère, car après comparaison, la format télévisé a cette fâcheuse tendance d’entreprendre des libertés discutables. Les titres, puisque Passé Décomposé fait référence à la présentation du Tome 1 du Comics, les personnages majeurs sont représentés par des interprètes au moins physiquement ressemblant … Parfait donc ? Cet avis que nous émettrons fera, à n’en point douter, suite à quelques débats. Les attentes étaient grandes, et justifiées, le résultat en est mitigé voire oubliable et non reconductible. Faute, peut-être au parcours et expérience vécue, autant dire que ce n’est pas tant le côté inspiration qui s’est avéré gênant mais bien cette sensation de, justement, ne pas avoir un ressenti indispensable au bon fonctionnement du principe The Walking Dead.
Artistique aussi frappant que l’œuvre Comics?
Dès les premières minutes, la reprise globale du contexte prend appui sur l’œuvre dessinée. A ce détail près que toute l’ambition artistique voire stylistique qui se dégage à la fois du trait très singulier de l’œuvre ou de sa retransmission Cartoon dans le portage vidéoludique … Est absente. Au mieux, ils sont filmés avec banalité et les personnages les plus remarquables ressortent indéniablement avec le lauréat des maquillages les plus vraisemblables et horrifiques à ce jour! On distingue, du moins dans ces 2 épisodes, un travail extrêmement secondaire, bien moins remarquable, se remarque sur les figurants …
La ressemblance des personnages est avant tout physique bien plus que sensiblement confondue. Il y a cette sensation que notre héros Shane, interprété par Andrew Licoln, n’est Shane que et uniquement par le costume qui lui permet d’arborer l’identité donnée. Sans quoi … Eh bien chaque personnage pourrait endosser le rôle. L’interprétation centrale laisse place à finalement peu d’éclat voire même à un certain ternissement de l’image héroïque qui pourrait se dégager de notre protagoniste. Certes, le charisme à la base n’est pas celle des plus connus des figures héroïques de l’univers Bande-Dessinée, mais on peut s’y attacher. On peut ressentir « quelque chose », s’y attacher, lire les bulles avec intérêt quitte même à faire abstraction des traits qui lui servent d’identité. Or … Dans une telle adaptation, d’autant que l’on ne parle pas d’une forme de « Roman Photos », l’acteur doit implicitement donner de sa personne. Lui, et les autres soit en somme ce que l’on nomme « un casting ». Peu de choses transparaissent, les dialogues non plus, quitte à servir un plat refroidi aux insultes 20 fois par minute.
Ressemblance est-elle qualité d’interprétation ? … La Série TV aurait-elle honte de son personnage de « Dixon »?
On aurait pu placer quelques espoirs du côté des digressions qui permettent à la Série Télévisée d’avoir le statut d’adaptation. Il y a cette sensation que la pure créativité attendue est substituée par des ralentissements de l’action (Cf. Premières minutes et scène FlashBack de Shane) des moments normalement supposés susciter le suspens (Cf. Scène de la jeune fille à la peluche) pour, en finalité, ennuyer le spectateur, l’agacer, le conforter dans ce qui était déjà attendu. Lorsque le spectateur vit l’ironie dramatique alors qu’elle était prévue comme un élément tout à fait différent … Ni une ni deux, l’effet tombe à l’eau. Ou est à enterrer dans le contexte.
Scénaristiquement, la formule avait été plutôt bien équilibrée vis-à-vis du Tome 1 du Comics Walking Dead : en un peu moins d’une centaine de pages, le lecteur en découvre bien qu’en un seul épisode. Un format d’environ 45 minutes où l’action se perd dans les détails; met du temps à se dévoiler, et doit par exemple attendre un nouvel épisode afin de dévoiler les principaux ressorts et bases de « compréhension » de ce déroutant univers Post-Apocalyptique. Pour exemple, nous pensons notamment à la fameuse scène d’explication où l’odeur des « vivants » doit impérativement se confondre à celles des Rôdeurs : il est nécessaire d’attendre l’épisode 2 et une scène mélo-dramatique où le peu de profondeur des dialogues en est presque risible …
L’univers est, il faut l’avouer, respecté à 100%. Mais l’impression qui en ressort ? Un univers qui ne sert que de support et qui se trouve, pour le moment, peu associé à nos personnages.
Toute l’originalité et la crédibilité, effacées en moins de quelques paroles qui ressembleraient très fortement à ceci : « [...] Il était comme nous. Lorsque je retrouverai ma femme, je lui parlerai de Wayne. C’était un gars bien. » (Episode 2 – Saison 1) 2 secondes plus tard, hache à la main, une bonne découpe commentée de « Beurgh », « Wharg. Je vais vomir » se dégage de l’assistance. Oui … Mais personne n’a pensé à se retourner pour ne pas voir la boucherie en action ?
- 16 ans étant la recommandation CSA imposée en France. Elle devrait l’être au moins, en grande partie pour la « force » de ces dialogues plus que par son « horreur ». Mention spéciale au caricatural Dixon : croix au poignet; sniper au chargeur illimité qui enchaine les morts-vivants à coup de cartouches … Inédit et introduit spécialement à l’œuvre télévisée, leur intérêt est parait-il incroyablement fondateur pour ce portage ! Dommage, peut être, car l’incipit est plutôt fade, plutôt « Texan » dans le jeu de dialogues racistes et l’exagération. Pire encore, à travers un personnage transparait tout le manque d’ajustements qui font toute la différence perceptible dans les autres œuvres parues à ce jour : l’apparence physique laisse place à une fonction caractéristique du personnage (Dixon, vilain par rapport au reste du groupe, sera menotté par le Policier loyal de Shane); l’aspect de la survie globalement floué au profit de dialogues aussi vides que des coquilles. N’oubliez pas que le suspens tient à … très peu de choses dans ces éléments de nouveauté. De toute évidence, dès le second épisode, le chemin narratif est réalisé de sorte à concentrer les acteurs dans une zone urbaine, visant fondamentalement à constituer une forme de dynamique, en évitant habilement de se concentrer à l’essentiel.
Une Série TV qui a l’ambition de révéler une part inédite pour omettre une forte cohérence … ?
Est-ce dû à la comparaison – inévitable – avec l’œuvre originale ? Ou l’habitude ou d’être en contact avec des séries entièrement inédites, de A à Z avec Breaking Bad récemment consulté ? On ne pourra cacher notre déception, constater ce en quoi l’entreprise dictée par l’œuvre originale et se sentant suffisamment ambitieuse pour en révéler des parts implicites et non dissimulées apparait être une des pierres angulaires … Est-ce, aussi, probablement, un effet d’attente légitime dans la manière de retranscrire avec autant de singularité l’idée centrale de Walking Dead Comics ? Quoiqu’il en soit, objectivement, les pivots qui assurent toute la spécificité ne sont pas mis en relief ou du moins ne sont pas menés avec le plus grand des brios pour susciter une forme de caractère unique à la Série TV au sein de cette Saison 1. Du côté des effets spéciaux, les quelques gros plans restent surprenants au moins aussi troublants que l’indique l’imaginaire à la lecture des pages de la bande -dessinée. Quoique, comme souligné, il ne faut pas être attentif à l’ensemble des figurants.
Hypothèse sur hypothèse, ce jugement apparait être du moins définitif en ce sens que, dès les premiers épisodes, une sorte de point d’accroche s’il n’est pas visuel se doit au moins d’être scénaristique ou musical. Or, à deux reprises … Rien n’a poussé le téléspectateur que je suis à poursuivre ni même à se rendre curieux de la suite. Car, à cette signification, aucune démarcation s’il n’a été que dans les effets spéciaux, ne s’est dégagée. Est-ce-à dire que l’univers est déjà très connu, a déjà été visité ? Sur le Blog La Maison Musée, on se partage quant à la signification effective de cette déception. Au fond, elle nous a semblé du moins autant qualitative que comparative et rapidement à oublier d’un point de vue personnel.