Magazine Culture
Christian Signol, Une si belle école, 2010.
J'avais classé Christian Signol dans la catégorie "roman du terroir", donc "ennuyeux", et je pèse mes mots... et je l'avais sagement évité. Et puis, l'âge aidant (merci, cher lecteur, je sais je sais, je ne les fais pas), on revoit ses certitudes, on abandonne ses idées préconçues et on peut alors voir s'ouvrir d'autres horizons, essayer des choses (d'autres lectures, j'entends, ne t'emballe pas non plus, ami lecteur). Besoin d'autre chose, de légèreté, trop de Yasmina Khadra sans doute (un auteur que par ailleurs je vénère). On m'a proposé Signol, j'ai dit oui. Etonnamment, on m'a proposé un Signol sur l'école, j'ai quand même dit oui. L'histoire d'une institutrice rurale du Lot, depuis ses débuts dans les années 50 jusqu'à sa retraite dans les années 90. Pour qu'un tel roman ne soit ni ennuyeux, ni dégoulinant de bons sentiments, ni fleur bleue, il faut que ce soit bien écrit. Et c'est mission accomplie. Le début ne m'a pas emballée, un peu convenu, pas vraiment renversant, mais je me suis finalement laissée entraîner et je ne l'ai pas regretté. Malgré moi, je me suis identifiée à cette jeune femme qui reçoit son premier poste d'institutrice. Je l'ai suivie avec plaisir dans son évolution et dans les différents combats qu'il lui semblaient dans son devoir de mener, pour sauver un enfant battu, pour aider des petits élèves en difficulté. Et j'ai tremblé comme elle en voyant avec angoisse les évolutions qui se profilaient à l'horizon, les différentes réformes qui chamboulaient sa manière de faire, la diminution du nombre d'élèves dans les écoles et la fermeture de plus en plus courante de petites écoles. Et puis il est vrai que les paysages décrits, ceux du Lot, ne sont pas étrangers à l'intérêt que j'ai eu pour cette histoire. Pari gagné donc pour Signol dans ma bibliothèque. On dit souvent que les romans du terroir, quand on lit un, on les a tous lus. Je vais donc en feuilleter un petit deuxième pour confirmer ou infirmer le dicton !