Mais comment certaines personnes font-elles pour résister à l’attrait de plaisirs immédiats et préférer des objectifs à long terme? Cette étude de chercheurs français de L’Institut du Cerveau et de la Moelle Épinière identifie le mécanisme cérébral qui contribue à cette capacité. Ce mécanisme, qui pourrait expliquer les différences de capacité à résister à la tentation, lorsque la récompense est là "sous le nez", tient à l’activité d’une structure cérébrale profonde, l’hippocampe. Les conclusions de cette recherche, publiées dans la revue PLoS Biology, viennent compléter celles d’une toute récente étude qui montrait que la patience, est un processus qui permet aussi de mieux évaluer ce qui est réellement important pour nous.
Les économistes se sont bien évidemment largement intéressés à cette question du conflit entre une petite récompense tout de suite et une plus importante plus tard. Comprendre ce processus de choix qui inclut la dimension temps, est crucial tout autant en marketing et en affaires, qu’en matière de Santé publique. Des études par imagerie sur des sujets volontaires devant faire des choix entre les gains monétaires à différentes échéances ont montré le rôle clé de la zone dorso-latérale du cortex préfrontal dans ce processus.
Et si la récompense est aléatoire ? Ici, les chercheurs ont souhaité aller plus loin, en intégrant la dimension imaginative dans le dilemme et regarder ce qui se passe dans notre cerveau lorsque nous mettons en balance une récompense réelle perçue par nos sens et une récompense future, aléatoire, à nous représenter par notre imagination. Dans cette expérience de laboratoire, les récompenses réelles étaient matérialisées par des produits alimentaires et les récompenses futures étaient présentées sous forme de texte. Et, dans ce cas particulier, c’est l’activité de l’hippocampe qui témoigne de la mise en « balance » des 2 types de récompense. Pour preuve, le choix des personnes souffrant de lésions de l’hippocampe en raison de la maladie d’Alzheimer, soumises à la même expérience, va s’avérer particulièrement biaisé en faveur des récompenses immédiates.
L’hippocampe pour se motiver sur le long terme : Cette zone du cerveau révèle donc son rôle clé dans le cas de décisions impliquant des récompenses futures, possibles ou qui restent à préciser, ce qui représente le type d’enjeu le plus fréquent des décisions importantes de la vie. Une conséquence clinique directe de cette découverte est que les patients atteints de lésions de l’hippocampe éprouvent une difficulté à imaginer (et se fixer) des objectifs préférables à des satisfactions immédiates, donc à se motiver sur le long terme, au-delà des déficits de la mémoire déjà associés.
Source: PLoS Biol doi:10.1371/journal.pbio.1001684 A Critical Role for the Hippocampus in the Valuation of Imagined Outcomes
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