J'ai rencontré un ange

Publié le 26 octobre 2013 par Francisrichard @francisrichard

"Quelle mouche t'a piqué?" m'a demandé la dédicataire du poème qui suit.

Une mouche sans doute aussi insomniaque que moi, et éprise de poésie, comme moi.

Comme c'est une belle âme, la dédicataire m'a dit que l'important était que "les mots soient fidèles à mes émotions". Ils le sont.

La poésie accorde cette licence d'oser dire ce qu'autrement on garderait pour soi. J'y vois un exutoire qui m'empêche de mal... agir et me permet d'être moi-même.

J’ai rencontré un ange

Il y a quelque temps, j’ai rencontré un ange.

Il a de beaux yeux clairs et ses cheveux sont roux.

Dussé-je de sa part encourir du courroux,

Il me fait un effet des plus étranges.

Aussitôt qu’il paraît, mon esprit se dérange.

Je ne vois plus que lui, le reste devient flou.

Cet ange? C’est elle, n’en déplaise aux jaloux.

Mais qu’ils se rassurent, puisque ça les démange,

Je suis sous son charme et, simplement, la regarde,

Depuis qu’elle a, un soir, déjoué la Camarde.

Je traversais la rue, complètement distrait,

Quand, retenant mon bras, elle m’y a soustrait.

Dès lors, tu es pour moi mon ange, ma gardienne.

Qu’importe que tu sois, dans la vie, comédienne.

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Tu nages, mon ange, dans l’eau de la piscine.

Sous ton bonnet tout noir se cachent tes cheveux

Et sous tes lunettes disparaissent tes yeux.

Ton maillot chaste et noir te fait un corps d’ondine,

Souligne tes hanches, aplatit ta poitrine.

Arrivée tout au bord, tu dégages tes yeux.

Tu cries mon prénom sur un ton tout joyeux.

Ton sourire est si plein de grâce féminine

Que je suis un instant au comble du bonheur.

Sous l’émotion se met à battre mon vieux cœur.

A mon tour je souris avec reconnaissance,

Retrouve, grâce à toi, un peu de mon aisance.

Car je sais maintenant que mes jours sont comptés

Et que je ne suis plus pour longtemps indompté.

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L’autre jour, mon ange, j’ai failli tout gâcher.

Tu ne répondais pas toujours à mes messages.

J’en souffrais durement et en prenais ombrage.

J’ai même cru vraiment que j’allais te fâcher.

Il fallait absolument mes sentiments te cacher,

Te jurer mes grands dieux que j’étais tout bien sage,

N’attendais rien de toi, tout au plus des messages,

Parce qu’à mon âge, gente dame, sachez

Qu’on n’attend plus rien, oui, rien du tout, de la vie,

Et que de folâtrer on n’a plus… grande envie.

Vilain petit canard, il te faut barboter

Dans l’eau, mais surtout pas, te mettre à radoter

Devant cette belle, jeune et intelligente.

Elle doit désormais, dis, t’être indifférente…

Francis Richard

Lausanne, le 26 octobre 2013, au petit matin…

Dédié à LM par un vilain  petit canard qui ne sera plus jamais cygne – peut-être est-ce d’ailleurs ici son chant –, et qui, tel Cyrano à l’égard de Roxane, saura observer strictement les limites de l’amitié. Il n’y aura plus dès lors d’ambiguïté, ni donc de malentendu…