Le Majordome ou The Butler dans sa version originale est un de ces rares films dont je me suis pris d’affection à la minute où j’ai vu sa bande-annonce. Complètement à l’opposé des productions qui associent habituellement gros budget et débâcle d’effet spéciaux, The Butler a préféré jouer la carte de l’émotion en s’offrant un casting cinq étoile, pour pas dire de rêve.
On ne va pas faire durer le suspens plus que nécessaire, j’ai adoré le film et je suis à peu près certain qu’il finira par être récompensé d’une manière ou d’une autre. Mais si je sors ce papier plus d’un mois et demi après sa sortie en salle, et par extension, un mois après que je l’ai eu visionné, c’est parce qu’il m’est bien difficile de lui trouver des défauts. Et par définition, ça ressemblerait alors plus à une éloge qu’à une critique.
Je le disais un peu plus haut, Le Majordome c’est avant tout une histoire de casting. Il prend un malin plaisir à aligner les stars les unes à la suite des autres, et pour cause, puisqu’il fait le pari de retracer toute la vie de Cecil Gaines, majordome noir ayant travaillé à la Maison Blanche et qui aura servi sous sept présidents différents.
J’en conviens, le pitch peut paraître bien peu original tant il semble surtout être un prétexte tout trouvé pour raconter une nouvelle fois l’histoire moderne des Etats-Unis. Période que nos amis d’outre-atlantique affectionne particulièrement, ce qui est bien utile pour booster le box-office. C’est peut-être l’un des rares points négatifs du film mais, vu de loin, on a quelque fois l’impression de faire face à une galerie d’art où tout les grands événements post-seconde guerre mondiale se seraient donnés rendez-vous. Que ce soit l’assassinat de Kennedy, la démission de Nixon, la propagande associée à la guerre du Vietnam ou encore la première élection d’Obama, tout y est.
La réalité est bien entendu plus nuancée que ça, puisque il s’agit avant tout d’un biopic qui s’efforce de retracer le plus justement possible la vie d’un noir d’Amérique à une époque aussi difficile que cette dernière mais aussi la lutte qu’ils ont du mener. C’est l’un de ces films qui prennent la peine de nous montrer les choses à travers cette collection de personnages, au delà de seulement nous rapporter les événements. D’autant plus dans le cas de cet homme qui se retrouve pris, d’un coté, par ses obligations et, de l’autre, par ses droits les plus élémentaires. Le tout étant formidablement interprété par un Forest Whitaker au summum de son talent et à coté de personnes tout aussi talentueuses que lui.
Je suis conscient de rester assez flou sur le sujet mais, pour le besoin du film, c’est nécessaire. Il a été écrit de sorte à ce que l’on découvre la vie de Cecil au fur et à mesure, de façon à ce que l’on s’attache à lui mais aussi à son entourage, à sa communauté et au personnes dont il va croiser le chemin. Et d’une certaine manière, je ne peux me résoudre à vous vendre la mèche. Même par petits bouts.
Sachez juste que tout y est décrit avec une grande justesse et que les figures les plus emblématiques de cette période de l’histoire sont au rendez-vous. Pour une fois, un film ne vous prend pas pour un teubé. Il n’ose même pas vous tenir par la main et vous glisser des indices facilitant la lecture et la compréhension des événements. On se contente de vous balancer les faits en pleine face, à la manière d’un documentaire. Ce qui est selon moi le plus grand compliment que l’on puisse faire à un biopic. On vous montre ce à quoi ils ont du faire face, on vous fait ressentir le sentiment d’insécurité qui régnait et on vous donne une vision de la société de l’époque, de son refus à accepter la différence et à faire évoluer la situation, malgré quelques courageuses tentatives. Et en cela, le film est déjà une réussite en soi.
En outre, c’est aussi l’un des points qui pourra fâcher certains spectateurs, puisque c’est à eux de faire l’effort de compréhension, au risque d’être complètement largué à certains moments. Au risque de comprendre, trop tard, que telle personne est en fait telle personne.
Et mine de rien, en sortant de la séance, je me suis maudit d’avoir souvent fini mes nuits en cours d’histoire.