Le cheval, lui, en dehors des moments passés avec la jeune fille, devenait de plus en plus capricieux, ruant à qui mieux mieux, mordant quiconque l’approchait. Une nuit, enfin, brisant son étrave, il s’en fut au galop. Quelques jours plus tard, il revint au bercail, caracolant avec le prisonnier sur son dos.
La jeune fille retrouva la joie de vivre, mais le cheval, curieusement était plus intraitable que jamais. Il n’était même pas question de le monter. La mère dévoila alors à son époux la promesse qu’elle avait faite : elle s’était engagée auprès du cheval à lui donner sa fille en mariage si il sauvait son mari !
Fou de rage, son époux lui dit que l’on ne pouvait marier leur fille à un cheval et qui tua l’étalon d’une flèche pour mettre fin à son agressivité. Le cheval fut écorché et sa peau mise à sécher dans la cour.
Par une belle journée de brise légère, la jeune fille voulut étendre le linge qu’elle avait lavé. Comme elle passait près de la peau du cheval, un violent tourbillon s’éleva. La peau, soulevée du sol, enveloppa le corps de la jeune fille. Emportée dans les airs, elle fut enlevée à sa famille.
Se repentant trop tard de n’avoir pas tenu leurs engagements, les parents la crurent perdue à jamais. Quelle ne fut pas leur stupeur de la découvrir un jour, métamorphosée en chenille, coiffée d’une tête de cheval et dévorant les feuilles des arbres du jardin. De sa bouche ne sortaient plus un mot, mais un fil dont elle emmaillotait son corps. Ses parents, qui lui rendaient visite chaque jour, virent son corps enfler, gonfler, se dilater, pour devenir un monstrueux abdomen. Et puis soudain la créature disparut.
Atterrés de cette monstrueuse aventure, les parents pleurèrent leur fille perdue. Mais un matin ensoleillé, elle apparut encore une fois. Radieuse, elle avait retrouvé forme humaine et montait le cheval ravisseur à qui avaient poussé des ailes, caracolant dans les nuages.
Elle conta sa métamorphose et enseigna à ses parents comment obtenir le fil qu’elle avait sécrété de sa bouche. Le fabuleux équipage s’évanouit ensuite dans les airs. C’est ainsi que les chinois apprirent le secret de l’origine de la soie.