Contre la grande supercherie mondialisée : l'empathie

Par Gerard

Quelque chose est décidément en train de se passer. Chacun sait désormais que la crise a révélé l’échec massif de trente ans de dérégulation. C’est à partir du thatchéro-reaganisme des années 80 que s’envole l’endettement. Chacun a compris le mécanisme qui a consisté depuis des années à siphonner le revenu salarial (au moment même où la productivité explosait grâce à l’informatique et aux nouveaux outils d’optimisation organisationnelle, et que chacun s'apprêtait légitimement à en recueillir les fruits) pour l’affecter à la finance-casino qui broie machinalement l’activité par ses réflexes de très court terme.


Pour masquer ce véritable hold-up du siècle, trois stabilisateurs sociaux ont été mis en place : le crédit surabondant (d’où la crise actuelle), la baisse des prix (en délocalisant et en détruisant l’activité, d’où le chômage) et la gratuité (la gratuité sur Internet favorise l’accès mais tue les métiers et transfère vers d’autres acteurs la valeur ajoutée  – d’où la crise de l’expertise). Or ces trois stabilisateurs sont parvenus au terme de leur efficience. Et chaque citoyen est désormais tout à fait conscient de cette supercherie mondialisée qui, au mépris de tout principe démocratique, a consisté à l’appauvrir, à l’endetter, à le condamner à l’inemployabilité -  déstructurant le vivre ensemble, hypothéquant gravement l’avenir. Il faut désormais trouver autre chose.   

 Aujourd’hui Jeremy Rifkin présente l’empathie comme la nouvelle valeur montante. En ce mois de novembre, décrété « mois de l’Economie Sociale et Solidaire », les énergies se mobilisent en faveur d’une « économie positive ». Face à la crise, en décembre 2012, le quotidien Libération, en partenariat avec l’ONG Reporters d’Espoir, publiait « Le Libé des Solutions ». Chaque lundi le « Soir 3 » présente une « Chronique du Vivre Ensemble ». La semaine de la Solidarité Internationale se tiendra du 16 au 24 novembre. Le crowdfounding (financement par la foule) se développe, allant jusqu’à préfigurer en partie la banque du futur.

Bref le citoyen revient au centre du jeu. Des initiatives se multiplient, qui visent à remettre l’économie au service de la société. Une mutation de fond qu’exprime parfaitement Edgar Morin : il s’agit de passer du logiciel « ego-compétitif » au logiciel « alter-coopératif ».

Ce sera là le grand chantier des années qui viennent.