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Ange arriéré

Publié le 25 octobre 2013 par Jlhuss

Périple (6)

Ange arriéré

Lundi 30 septembre 2013 Avèze – Navacelles

Dans la traversée du Causse de Blandas-Montdardier le pèlerin peut voir trois séries de pancartes :

-   Attention aux chiens de protection (déjà connue)

-   Vaches et taureaux en liberté (inquiétante)

-   Danger carrière

Sur quelques uns de ces derniers panneaux, une main anonyme a effacé des lettres et on peut lire :

-   ange arriéré

Sur ce causse il y a aussi le château d’Assas espèce de grande bâtisse austère dont quatre tourelles marquent les angles. Je ne sais pas si c’est celui du Chevalier d’Assas mort en criant :  « A moi Assas ! Voilà l’ennemi ! » et dont une illustration de mon livre d’Histoire de Cours Moyen commémorait l’acte héroïque.

Ange arriéré
Mardi 1eroctobre 2013 Navacelles – Les Lavagnes

Pour quitter le cirque de Navacelles (trois cent cinquante mètres d’un dénivelé plutôt vertical) on suit, pendant plusieurs centaines de mètres un canal d’irrigation construit à flanc de falaises et de pierriers. L’ouvrage est impressionnant. Résurgence d’une rivière souterraine, l’eau est parfaitement transparente. On le quitte pour descendre au Mas du Pont où un potier du XIX° siècle utilisait la force de la rivière pour tourner des toupins, des jattes et des pots dont il reste, paraît-il, des exemplaires dans les fermes de la région. Puis c’est la montée. A force de lacets on finit par atteindre le causse et c’est un soulagement, une fois sorti des gorges, que de pouvoir laisser son regard courir jusqu’à l’horizon.

Entre le petit bourg de Saint Maurice de Navacelles et le hameau du Coulet, la route est bordée de bornes censées empêcher les chutes dans le ravin qui la longe. Je me demande quel petit poucet inconnu a posé un caillou sur chacune d’entre elles.

Ange arriéré
Mercredi 2 octobre Les Lavagnes – Saint Guilhem du Désert

Avant d’arriver aux Lavagnes, on passe sur une ligne de crête. De là, on voit, très loin vers le sud, une ligne bleue parfaitement rectiligne. C’est le moment ou jamais de lever son bâton vers le ciel et de crier « Thalassa ! »

Pour qui arrive par le chemin du nord, Saint Guihem ne se laisse découvrir qu’au dernier moment. Après le Cap de Ginestet, on a longé un ermitage, vu le premier cyprès, et senti, buis, thym, laurier et romarin mélés, tous les parfums de la garrigue. Il y a eu aussi de grosses touffes de bruyères roses, des fleurs mauves inconnues, une croix plantée dans les rochers et  à contre jour sur un piton, les ruines du château de Verdu.

Soudain le bourg apparait, petit troupeau de toits roses qui se pressent autour du clocher de l’abbaye. Au dessus des bois, des falaises et des éboulis du cirque de l’Infernet, un oiseau de proie plane dans un ciel d’un bleu rêvé. On descend encore, on traverse le village et on pousse la porte de l’abbatiale. Dans le chœur, des moniales chantent les psaumes du milieu du jour.

Fin

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