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Hollande: ce que le Président des entreprises n'a pas vu.

Publié le 25 octobre 2013 par Juan
Est-ce une mauvaise image ? N'est-ce qu'une image véhiculée par des critiques toujours virulentes ?
1. D'aucuns diraient que non. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) est encore dans toutes les mémoires. La France est suffisamment crispée pour s'écharper sur la moindre mesure jugée favorable aux entreprises. La France est trop crispée pour se rendre capable d'un débat sur l'activité économique. On n'évite plus la confusion entre les sociétés et leurs actionnaires, le grand et le petit patron. Revenons au CICE: certains l'ont déjà enterré, alors que les fameux 20 milliards d'euros qu'il devait coûter sont loin d'être dépensés. On évoque 2,5 milliards d'euros cette année, 10 en 2014; 16 en 2015 et jusqu'à 19 milliards en 2017. Pour rappel, le CICE réduit l'impôt sur les sociétés des entreprises en fonction de leur masse salariale versée en dessous de 2,5 fois le SMIC. Il monte en charge, 4% des rémunérations entre 1 fois et 2,5 fois le SMIC cette année; 6% l'an prochain.
2. Mardi 22 octobre, le président de l'Association des Entreprises Privées (AFEP), qui réunit les 100 plus grands groupes français, s'est agacé de la trajectoire économique suivi par le gouvernement. Car Pierre Pringuet, c'est son nom, ne croit plus à la perspective de redressement des comptes publics d'ici la fin du quinquennat. Si l'exercice n'était qu'intellectuel, on pourrait s'interroger. Mais il était aussi intéressé: "Aujourd’hui, il faut à nouveau envoyer un signal très fort au pays, en lançant un programme global de réforme, concerté, permettant de diminuer les dépenses publiques de 20 milliards d’euros chaque année." Car, précise-t-il, il faudrait "Ramener le niveau d’imposition des sociétés à la moyenne européenne. Il est aujourd’hui beaucoup trop élevé".Voilà, la chose est dite. Pringuet est heureux du CICE, soulagé par l'ANi devenu loi, mais cela ne suffit pas.
3. Voici donc que l'exécutif, c'est-à-dire François Hollande ou, mieux, son conseiller ès économics, le jeune Macron, bosseraient à de nouvelles incitations à la compétitivité. On jugera sur pièce. Pour l'heure, il est surprenant de constater le mauvais coup politique de cette pré-annonce. Car quel bénéfice en retenir ? Il est nul, inexistant, absurde. Pour l'heure, les idées avancées en une des Echos, mercredi 23 octobre sont un remplacement du CICE par une autre forme de baisse de charges. La "réflexion" serait prévue pour le printemps prochain, et la mise en application l'année suivante. "L'idée est en l'air" aurait confié un ministre, anonyme.
4. Dans les faits, le gouvernement agit également en faveur des PME. Nul besoin d'évoquer les polémiques "pigeonnesques". Ni l'échauffement intervenu en septembre - avant de brutalement retombé une fois la loi effectivement connue, concernant les auto-entrepreneurs. Pour les PME, l'équipe au pouvoir cherche à leur réserver un accès plus grand aux marchés publics. Selon les Echos, les PME sont présentent dans 60 % des marchés publics, mais pour 28 % de leur valeur (80 milliards d'euros par an). L'Etat est d'ailleurs le moins accueillant: 47% des appels d'offre remportés (contre 63% pour les collectivités territoriales), et 18% des montants. Une proportion sous-estimée car les sous-traitants des grandes entreprises ne sont pas pris en compte. La direction des achats de l'Etat envisage donc de simplifier les formulaires d'appel d'offre, et de mieux accepter "l'innovation".
François Hollande n'a pas su concilier une politique économique pourtant cohérente avec ses convictions et son parcours passé, et un contexte politique clivé, violent et enragé contre le monde de l'entreprise. Il n'a pas vu combien l'image des entreprises était dégradée, même chez leurs plus fidèles soutiens - les cadres. Il n'a pas saisi combien la multiplication des mauvaises nouvelles (plans sociaux, suicides au travail, délocalisations), la publicité faite sur des abus évidents, l'impression générale que le capitalisme tout fou ne sera jamais régulé s'il n'est pas "cassé", le sentiment de sans-gêne irresponsable et antisocial que donnent quelques grands groupes (évasion fiscale, etc), avaient abimé le pays. Bref, il fallait - il faut encore - remplacer cet effroyable "socialisme de l'offre" par un patriotisme économique - national et européen - qu'Arnaud Montebourg incarnait.
Ce 23 octobre, alors que nos dirigeants européens allaient pour se retrouver, on apprenait que Barclays imaginait comment contourner les plafonds réglementaires de bonus bancaires.
Un exemple de plus, qui prolonge le dégât.


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