Chez RockNfooL nous sommes des conquises de la première heure, avant même de savoir qui se cachait derrière l’avatar Yodelice nous étions tombées en amour avec le personnage, sa guitare tête de mort, son univers, et surtout son très beau folk-rock. Pour rappel, Maxim Nucci fut d’abord connu pour ses « méfaits » au côté des L5, sa relation avec Jenifer, ses superbes prestations dans le film Alive par exemple… De part notre côté fillasse (on l’est toute un peu quand-même) on ne pouvait totalement le détester à l’époque, pour une simple raison: le garçon est beau. Oui, nous assumons, nous sommes parfois de faibles femelles.
Après ce début de CV très commercial, il disparut des yeux du public, à la fin de sa relation avec Jenifer, et ne réapparut pas vraiment, car on peut difficilement reconnaitre le bellâtre people de l’époque dans le guitariste génial qu’est ce curieux barbu de Yodelice. Le premier album Tree of Life nous laissa KO. Le garçon s’est merveilleusement bien entouré, Guillaume Canet à la réalisation du clip de « Sunday with a flu », premier opus qui attira l’attention et la curiosité de tous, -M- comme bonne fée marraine… Tout cela était très mis en scène, un véritable univers, du maquillage à la Cry Baby, des chapeaux, une espèce d’histoire de clown triste autour du personnage Yodelice, on adhère ou pas, certes. Mais on ne peut en tout cas renier le fait qu’en live, Yodelice est un grand showman, un superbe maître d’un orchestre ultra-compétent, car c’est vraiment un groupe que l’on vient entendre et pas seulement Maxim Belle Gueule. Toutes les occasions de le voir en concert vous retournaient comme des chaussettes, les titres les plus punchys de ses albums devenaient de véritables hymnes de stade, les plus folk arrachaient forcément des larmes. Personnellement, la première fois que j’ai entendu « Talk to Me » en décembre 2009, simplement annoncé comme un titre écrit pour un futur film de son ami Canet, le torrent de larmes et la vague de chair de poule furent totalement incontrôlables ! Ce jour, je tombais simplement amoureuse de Yodelice… Je lui pardonnais même la présence de Marion Cotillard sur son deuxième album Cardioid, (devenue tellement une américaine racoleuse), tant leur magnifique duo ne pouvait que rabattre mon caquet. Les mauvaises langues diront que l’amour est aveugle, étais-je donc déjà mal-voyante, ou en l’occurrence mal-entendante à l’époque me direz-vous ?
Sa prestation musicale dans « Les Petits Mouchoirs » seul derrière sa guitare fut très émouvante. Son interprétation en tant qu’acteur… Hum… avec le recul, ressemblait déjà à ce nouvel album Square Eyes: too much et décevante. Oui, le titre de ce billet est « Ne plus aimer Yodelice » et donc il fallait bien en arriver à la rupture. Déjà lorsque le nouveau titre tant attendu »Fade Away » passa pour la première fois sur les ondes, un gros « What the fuck ? » s’imprima sur mon visage… Mais que t’est-il arrivé Maxim ? C’est quoi ces synthés qui font un pseudo son électro des années 80 genre son de navette spatiale de série B ? Ta si jolie voix est totalement surjouée, reproche qui se répètera ensuite sur plusieurs titres de l’album, sans parler du rajout des chœurs féminins cheap et inutiles sur « Happy Crowd ». Il y a beaucoup de références appuyées à d’autres groupes, d’autres genres, trop de morceaux sonnent comme du déjà entendu. Un titre sort du lot »Another Second », il commence très bien, jolie mélodie, il rappelle le beau folk des précédents albums puis on tend l’oreille et le gimmick de la guitare finit par rappeler fortement du Elliott Smith, du Beatles ou du je ne sais plus. Et donc cette sensation de déjà vu à répétition finit par rendre le tout agaçant et finalement assez quelconque, c’est trop arrangé et pas assez naturel. Tout le contraire de ce qui avait suscité l’amour de Yodelice à l’origine…
La campagne de promo a fait de l’univers Yodelice jusque là singulier, une entreprise promotionnelle bien rôdée. J’en veux pour preuve la multitude de photos instagrammées, les poses trop beau gosse, la barbe trop longue et donc trop hipster, le chapeau melon devenu chasseur ou je ne sais quoi et donc trop cliché, les fringues à la Kooples… J’en suis malade de l’écrire mais l’humilité des débuts aurait-elle laissé place à une certaine suffisance ? La bonne nouvelle, c’est qu’à l’image de nombreux autres avant lui, nos adorés Black Keys par exemple, Yodelice a quitté l’univers indé pour le commercial. Et les jeunes filles, cibles dépensières et acheteuses de produits dérivés, vont lui assurer une belle retraite. C’est sûrement moi qui ait tort, cet album d’autres le trouveront moins mélancolique que les précédents et donc forcément plus réussi, parce que le folk c’est pour les dépressifs snobs. Qu’importe, je suis déçue mais je m’en remettrai, c’est pas non plus le drame de l’année ! De toute façon je ne te quitte pas fâchée cher barbu, je retournerai avec nostalgie vers Cardioid et Tree of Life de temps en temps et puis sur le plutôt joli titre « Familiar Fire » tu le dis, « falling in love again », alors je me laisserai peut-être surprendre en live, qui sait ? Allez, sans rancune !
Familiar Fire