(Record Makers)
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Fini Raël, fini les Pépito Bleus. Un peu plus d’un an après My God is Blue et son ambiance orgiaque, Tellier a décidé de revenir à ses premiers amours, ceux d’avant Sexuality et la célébrité d’un personnage barré dont il ne maitrisait pas toujours les contours sur les plateaux télé. La vox populi a vite fait passer le barbu pour un illuminé de foire certes attachant mais totalement loufoque, mettant ainsi un voile opaque sur ce qu’il est avant tout: un formidable artiste.
Et maintenant que son nom a pris de l’épaisseur, Seb’ a l’envie d’offrir un retour dans le passé pas si lointain, époque des deux premiers disques et La Ritournelle, classique parmi les classiques du bonhomme.
C’est la bave aux lèvres et la larme à l’oeil que l’on découvre le premier extrait de Confections, joliment intitulé L’Amour Naissant. Le légendaire Tony Allen a repris ses fonctions derrière la batterie avec la même équipe de musiciens en accompagnement. La voix ténébreuse et lourde de Tellier fait le reste, dans un franglais absolu, et nous transporte loin, très loin. C’est beau.
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Sébastien Tellier – L’Amour Naissant
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Et tout le disque est parfaitement beau, orchestré savamment par des élans de cordes, de piano et tutti quanti. C’est l’amour, l’amitié, la bonté, le velours, la caresse auditive, et tout un tas de très bons sentiments que l’on ressent en parcourant les quatorze morceaux que comporte l’opus. On est loin de l’ambiance hyper sexualisé des deux derniers disques, et si sexe il y a, c’est sans le côté bestial de la chose mais avec une certaine douceur voire candeur.
Quiconque a un cœur sera touché par un Adieu d’introduction (quelle drôle d’idée de lancer son album par un adieu d’ailleurs), par la guitare de Delta Romantica, par le piano chialeur de Curiosa.
A la fin du disque, on serait pas loin de tout pardonner à Georges W. Bush ou à Patrice Evra tel un Jésus Christ laveur de pêché.
Néanmoins, et c’est le détail qui tue tout comme une verrue en plein milieu du nez d’un canon, la beauté de la bestiole n’a d’égal que son vide intérieur. Lorsque Gonzales sort un Piano Solo, on comprend tout à fait que le musicien ne veuille se faire entendre que par son doigté et non par sa voix, pour un Sébastien Tellier, la donne est différente. En effet, il n’y que le sus-nommé single L’Amour Naissant qui comprend une partie vocale du représentant français à l’Eurovision 2008! Pour un chanteur-compositeur, c’est emmerdant.
Alors il est très bon musicien, pas de problème là dessus, mais se passer d’une de ses principales forces (écriture + interprétation) est assez incompréhensible.
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Sébastien Tellier – Adieu
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Surtout lorsqu’on se rend compte, au fur et à mesure, du remplissage de l’objet. L’Amour Naissant connaît deux suites, une sans batterie et l’une plus digitale mais s’inscrivant dans l’exacte même mélodie, Adieu est suivi d’Adieu mes amours et d’Adieu comme un jeu, Curiosa a sa « part two » également. Ce qui fait donc la moitié de l’album qui joue la carte de la continuité et donc ne se renouvelle pas. Et sur 35 minutes, on peut dire que c’est quelque peu gênant…
L’absence de chant fait perdre de l’intensité au fil du disque. On l’écoute, parce que c’est joli, mais ça reste assez lointain, en fond sonore pour être dans un mood au cœur léger et à la nostalgie palpable. Sauf que concrètement, on est jamais vraiment dedans, jamais happé par l’ambiance qui se dégage. On voyage, oui, mais aussi parce qu’on se déconnecte de l’objet pour n’en capter qu’une substance et non l’essence même. L’emballage est plaisant, le cadeau, lui, est décevant.
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Sébastien Tellier – Waltz
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Difficile de comprendre l’objectif de cet opus, difficile de lui trouver un intérêt. Comment Tellier va pouvoir le défendre sur scène déjà ? Alors il s’appuiera sans doute sur sa discographie opulente pour apporter une base mais les titres de ce disque seront-ils condamnés à un simple rôle d’interlude – si on excepte L’Amour Naissant ? Compliqué de se faire une idée.
Tout aussi compliqué aussi de capter le fil rouge qui lie toutes les tracks entre elles. On comprendrait plus l’utilité si ce Confections était la bande sonore de quelque chose, d’un film, d’un court-métrage, d’une idée visuelle mais ce n’est à l’heure actuelle visiblement pas le cas.
Peut être après tout qu’il n’y a rien à y comprendre et que Sébastien Tellier voulait seulement nous donner un peu d’amour. Ce ne serait pas non plus étonnant de la part du bonhomme.
Le paradoxe est entier quoiqu’il en soit. On en pense pas forcément du bien mais on a pas envie de le saquer pour autant, parce que c’est beau. Ça n’a aucun intérêt dans l’absolu et on prend pourtant plaisir à l’entendre (plus que l’écouter).
Confections c’est cette personne au physique parfait, gentille comme tout mais qui ne dégage aucun charisme et n’a pas plus de conversation qu’une mouette. On l’apprécie, on a pas envie d’être méchant avec mais ça ne va pas plus loin.
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Tracklist: 1. Adieu 2:51
2. Coco 2:51
3. L'Amour Naissant 3:55
4. Adieu mes amours 1:47
5. Hypnose 4:00
6. Waltz 2:21
7. Adieu comme un jeu 1:07
8. Delta Romantica 2:17
9. Curiosa 1:15
10. L'Amour Naissant II 1:23
11. Coco et le Labyrinthe 2:52
12. L'Amour Naissant III 4:34
13. Curiosa II 1:05
14. Le Delta des Amours 2:16
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