On a frôlé la catastrophe en ce 23 Octobre, au Rocher de Palmer. Une salle injustement désertée pour la première partie, mais rapidement remplie dès les premières notes des américains de !!! (Chk Chk Chk).
Y’en a c’est les paroles belles à en pleurer, moi c’est la basse. Ceux qui me connaissent savent à quel point une petite ligne de basse peut faire chavirer mon petit coeur grenadine. On ne choisit pas ces choses-là. Mais alors, pourquoi cet écart de nombrilisme ? Tout simplement pour expliquer le coup de foudre que j’ai eu un jour, en écoutant la radio (toujours la même, celle qui s’appelle comme les yaourts mais j’en ai marre de leur faire de la pub) sur le chemin de l’école. Un slapping divin, joué en boucle pendant 7 ou 8 minutes, qui s’accroche à toi comme ce chewing gum qui est encore collé sous ta chaussure droite. Un faux saxo. Un chanteur qui devient fou. Un degré de funk proche de 10 000. «Hello, Is This Thing On?» qu’il a dit le monsieur. Nom du groupe : incompréhensible. Qu’importe, le soir même, check ton google, le Graal est enfin mis au jour. !!!. Eh ouais, !!!. Tu parles d’un nom de groupe. Mais en ayant sorti une chanson pareille, j’aurais pu tout leur pardonner. Puis tu découvres «Yadnus», «All My Heroes Are Weirdos» et tout le reste, et tu te dis que tu as une bonne étoile (coucou les LinkUp).
Chk Chk Chk est un groupe qui s’est formé sur scène, au milieu des années 90, grâce à la réunion lors d’une tournée commune des membres de Black Liquorice et Popesmashers (#merciWiki). La scène, c’est leur élément, ça coule dans le creux de leurs veines. Il est donc tout naturel que leur musique soit appréciable avant tout sur scène.
Mais ça, le bordelais ne l’a pas compris, puisque c’est d’abord devant une salle presque vide que les Belges de The Van Jets ouvriront le bal. La faute aux vacances et à une forte concurrence dans le reste de Bordeaux. Résultat triste et rageant pour un groupe qui ne le méritait pas vraiment. Leur musique, très bien produite et un set calibré pour le live, n’ont pas ou peu trouvé de public. Un rock aux accents délicieusement pop, la griffe belge dans les mélodies (ça, va falloir qu’on m’explique. Comment ça se fait qu’au bout de quelques notes, tu saches que tel groupe est Belge ou pas ? «Un truc de ouf ouf»), gage de qualité (décrire la musique), une réelle énergie, des riffs accrocheurs, tout y était. Les musiciens et le chanteur y ont mis tout leur coeur, ce qui est tout à leur honneur et les personnes présentes dans la fosse semblaient réellement apprécier le spectacle. La bonne élève que je suis aura reconnu les très bonnes «Broken Bones» et «Danger Zone» issues de leur dernier album en date, Halo (qui s’avère être plutôt bien sympa), mais aussi «The Future». Un groupe que l’on vous conseille donc vivement d’aller voir s’ils pointent le bout de leurs nez par chez vous.
Vingt minutes plus tard, le monde commence à se masser vers les barrières (la moyenne d’âge se situant bizarrement autour des 35 ans). Puis arrivent sur scène les membres de Chk Chk Chk. Ils font partie de ces groupes dont le talent inné est celui d’enflammer une salle, voire un festival. Remarque, ça fait trois ans qu’ils font ça non stop, surtout en 2013. Ils sont rodés. Leurs hymnes «dance-punk», puisque c’est dans cette case qu’ils sont casés, impliquent obligatoirement un public remuant. Et heureusement, vu à quel point le chanteur calbuté, Nic Offer, se démène à coups d’aller-retours sur la scène (et dans la foule, sessions twerk à plusieurs reprises), déhanchements et autres essorage de cerveau. De plus, les musiciens sont d’une qualité rare, et on a le choix : entre les claviers calibrés au millimètre, la section rythmique lourde et funky, mais surtout, surtout, mon héros du soir (ou tout court), le guitariste. Je crois que plus funky que son jeu, tu meurs.T’aimes la cocotte ? Madame est servie. Armé de sa telecaster, insolent de maîtrise, tant dans les jeux de jambes que dans les solos endiablés comme lors du génial «Except Death».
Le rythme te saisit tout entier(e), ça commence par un balancement d’avant en arrière de ta tête et ça se finit inévitablement en pas de danse. Parce que c’est un fait : lors d’un concert de Chk Chk Chk, tes pieds se mettent à bouger frénétiquement sans que tu puisses y faire quoi que ce soit et, quand tu t’en rends compte, c’est trop tard.
Côté set, seules Yadnus, All My Heroes Are Weirdos, Must Be The Moon et une autre morceau extrait de l’avant dernier venaient enrichir une setlist presque essentiellement basée sur le dernier album, Thr!!!er (comme lors de leur passage à Rock En Seine cet été). Le concert se «termine» sur un «Slyd» toujours aussi jouissif (rien qu’en écoutant la version studio, on arrive à deviner ce qui peut bien se passer en live). Mais Ô joie, ils reviennent pour un rappel (en même temps, vu la ferveur des applaudissement, ils ne pouvaient pas faire autrement). Une petite chanson plus tard et c’était bel et bien fini. Mon unique regret ? Ils n’ont toujours pas joué «Hello, Is This Thing On?». Jamais deux sans trois.
En guise de conclusion, on peut dire que The Van Jets fut la bonne surprise du soir, constituant une première partie presque parfaite pour les excités de !!! (Chk Chk Chk), qui nous ont encore une fois prouvé que dans le genre «j’te fais bouger, et t’y peux rien», ce sont eux les meilleurs.
(Setlist de Chk Chk Chk : Jamie, My Intentions Are Bass // All My Heroes Are Weirdos // Californiyeah // ?? // Except Death // One Girl/One Boy // Careful // Get That Rhythm Right // Must Be The Moon // Even When The Water Is Cold // Yadnus // Slyd // (Rappel) Heart Of Hearts)