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L'Académie française choisit de plonger avec Christophe Ono-dit-Biot

Par Pmalgachie @pmalgachie
L'Académie française choisit de plonger avec Christophe Ono-dit-Biot Premier grand prix littéraire de la saison, le bien nommé Grand Prix du roman de l'Académie française vient de choisir son lauréat 2013: Christophe Ono-dit-Biot, pour Plonger, son cinquième roman. Christophe Ono-dit-Biot n’est pas allé chercher très loin le modèle de César, le narrateur de Plonger : semblable à lui, son personnage est journaliste culturel dans un magazine d’importance, il connaît tout le monde et tout le monde le connaît, il court les vernissages et les grandes manifestations comme d’autres vont au bistrot du coin – son bistrot du coin, à lui, c’est le Lutetia. Cela pourrait être la partie la plus faible du roman si la pédanterie du journaliste soucieux de tout expliquer, de tout remettre dans son contexte, n’était un des ressorts fondamentaux de sa relation avec Paz, une photographe dont il est tombé amoureux fou. Que fait un journaliste culturel pour draguer une femme qui expose ? Il oublie tout ce que la déontologie lui interdit et écrit un article destiné à susciter, au minimum, un peu d’intérêt pour sa personne. Il sait si bien qu’il ne devrait pas faire cela qu’il se justifie : « dans le domaine de l’art, on aime toujours pour des motivations privées. Parce que les œuvres, qu’elles soient filmiques ou graphiques, remuent des choses en vous. » Les plages que Paz privilégie comme sujets deviennent sous sa plume « des plages de vie ». Paz est lancée… et furieuse : pourquoi César s’est-il cru autorisé à interpréter une démarche qui, en fait, n’est pas du tout celle-là ? Paz est une femme de caractère, elle préfère l’authenticité à la gloire. Il doit néanmoins y avoir quelque chose d’authentique chez César puisque Paz l’accepte dans sa vie. Jusqu’à un certain point : contrairement à lui, elle ne veut pas d’enfant – elle en a déjà un, explique-t-elle, puisqu’elle a adopté un… requin – et, surtout, leurs regards sur l’art sont si divergents qu’ils finissent par s’opposer. Paz est de plus en plus fuyante, même leur petit Hector, né à la suite d’un coup pitoyable de César qui, à Venise, a fait disparaître la plaquette de pilules contraceptives, ne parvient pas à la retenir. Venise, sa Biennale, c’est donc le moment de la conception de l’enfant. Et le début de la fin. César raconte tout cela dans un long récit destiné à son fils, afin qu’il sache un jour comment fut la vie de ses parents, commune et séparée, avec en italiques quelques détails qui seront expurgés du texte, détails qu’Hector n’a pas besoin de connaître.
Au fond, Paz, qu’il faut enfin tenter de comprendre vraiment, puisqu’elle est morte et que César est en route vers une plage lointaine pour reconnaître son corps, est restée une énigme, une sorcière porteuse de secrets non dévoilés. Ils ne seront percés qu’en plongeant, physiquement, dans la proximité des requins que Paz aimait tant. Plonger est, bien sûr, un titre à sens multiples. Et le roman d’une passion déchirante, déchirée, hors normes, hors d’atteinte.

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