Tomates, produits agroalimentaires ou pétrole: la question des importations occupe une place primordiale dans l'économie française mais également dans les décisions politiques des gouvernants.
Chaque Français importe en moyenne entre 5 et 6 tonnes par an de produits de toute nature. Parmi ces produits, venus du monde entier, le made in Germany est le plus demandé. Les importations françaises en provenance de l’Allemagne dépassent les 80 milliards d’euros chaque année.
La Chine arrive derrière avec l’équivalent de 42,1 milliards d’euros de marchandises envoyées sur le marché français. Elle est devenue, depuis plusieurs années, le principal fournisseur de la France hors Union européenne, dépassant ainsi les États-Unis.
Commerce intense et échanges nombreux sont choses normales dans une économie moderne et mondialisée. Par ses importations, la France participe à cette économie internationale. Mais le poids des importations peut devenir difficile à supporter quand il n’est pas compensé par les exportations. Le taux de couverture, qui mesure la différence entre les exportations et les importations d’un pays, révèle des disparités importantes dans l’économie française.
Le secteur énergétique français affiche un taux de couverture relativement inquiétant, les exportations compensant mal les importations. Pétrole, charbon, gaz naturel et fuel représentent 40% des importations françaises. Concernant le gaz, la France importe 99% de sa consommation. Son principal fournisseur reste la Norvège et ses gisements de Troll, en mer du Nord. Le gaz qui y est extrait arrive ensuite à Dunkerque par un gazoduc de 840 kilomètres, un des plus longs du monde.
La France se retrouve dans une situation de dépendance énergétique d’autant plus que sa production nationale est très réduite. Le gisement de gaz de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, est le plus important du pays et il devrait s’éteindre très prochainement. Le pays doit donc faire face à une facture énergétique qui dépasse les 60 milliards d’euros, selon l’INSEE, et qui est responsable de 90% du déficit commercial français.
La balance commerciale française peut néanmoins compter sur les autres secteurs de l’économie pour atténuer ce déséquilibre. Le matériel militaire et l’automobile apportent à la France un excédent relativement constant. Mais là où les exportations compensent largement les importations, c’est dans le secteur agroalimentaire. Dans ce domaine, la France connaît un solde positif de près de 8 milliards d’euros depuis le début des années 2000.
La situation des services permet elle aussi à l’économie française de relever la tête. Traditionnellement excédentaire, la balance des services jouit des retombées du secteur touristique. Avec une moyenne de 82 millions de visiteurs par an, la France est le pays le plus touristique du monde. Cette position contribue largement à faire d’elle le 4e exportateur de services au monde derrière les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les départements de l’Outre-Mer français importent près de 80% de l’alimentation consommée par leurs habitants. La Guadeloupe, la Martinique et la Réunion connaissent des échanges très déséquilibrés. A elles trois, elles ont importé pour 6,3 milliards d’euros en 2011alors que le montant de leurs exportations n’a pas dépassé 0,5 milliards d’euros.
Par ailleurs, les retombées économiques du tourisme compensent mal ces déséquilibres. Les départements d’Outre-Mer ne drainent que 5% des touristes fréquentant la Caraïbe. De plus, le coût des prestations offertes et de la main d’œuvre dans le secteur du tourisme sont peu favorables à ces départements. 67 milliards d’euros de déficit. C’est ce qu’affiche la balance commerciale française pour l’année 2012. Mais au-delà des simples chiffres, le poids des importations non couvertes par les exportations pose plusieurs problèmes à l’économie française.
En important la majeure partie de sa consommation de pétrole et de gaz, la France est dans une situation de vulnérabilité et de dépendance qui peut entraîner des difficultés. Elle devient en effet très sensible à la situation politique et économique des pays qui lui fournissent son énergie. Ainsi en 1979, lors du second choc pétrolier, la révolution iranienne et la guerre entre l’Irak et l’Iran entraînent une multiplication par 2,7 du prix du pétrole. La facture énergétique française s’alourdit et une dégradation de la balance commerciale se fait sentir.
La structure des importations a également des conséquences sur les choix politiques des dirigeants français. Face à des importations nombreuses, les gouvernements seront plus hésitants à mettre en place une politique de relance. En effet, l’aide financière qui serait alors apportée aux ménages français pour consommer risque d’être principalement dépensée dans des produits importés. Dans ces conditions, une politique de relance bénéficierait à d’autres pays plus qu’à l’économie française. En 1981, le gouvernement Mauroy fait les frais d’une économie fortement marquée par les importations. Ayant mis en place une politique de relance, il assiste à une fuite importante de capitaux et les répercussions positives sur les produits français sont faibles.